Serti entre l’ex Gold Coast (Ghana ), à l’Ouest, le Bénin à l’Est,le Burkina au Nord avec une façade maritime  au Sud, ce qui reste du Togo tel qu’il est connu, fut une entité géographique d’abord convoitée par l’Allemagne, avant d’être placée sous le condominium franco-britannique. La réunification au sein d’un seul Etat des Togo britannique  et français fut intense dans les années 50. Le premier sera rattaché au Gold Coast plus tard Ghana et  la victoire en avril 1958 des nationalistes du Togo français lors d’une élection supervisée par les Nations Unies, mit fin à ce projet d’union.

Le camp des vainqueurs, les nationalistes sur les progressistes se donna deux ans afin de mieux préparer  et célébrer dans l’allégresse l’accession du pays à la souveraineté internationale.  Elle fut ainsi chose faite le 27 avril 1960 et célébrée de manière inoubliable et populaire un peu partout sur l’étendue du territoire national.

« L’histoire n’est pas une automobile qu’on peut envoyer au garage ». Elle est  à la fois une relation, une succession d’événements  passés et marquants d’une vie, d’une époque, d’un règne voire d’un peuple. Plus qu’un legs, elle n’est pas à traficoter mais à restituer de génération en génération.

Bien connu à Lomé, l’hôtel Le Bénin doté de cent chambres fut ainsi construit pour y héberger les invités de marque de la jeune nation. Bien de filles et fils du Togo ne le savent pas ! Le retour de la mémorable date du 27 avril est plus qu’une aubaine pour mieux nous outiller sur certains pans de l’histoire nationale.

De valeureux aînés connus ou non s’étaient investis sans tambours, ni trompettes pour la gestation du Togo, « un pays à la forme d’une baguette » en partage par plus d’une quarantaine d’ethnies. Un peu d’histoire pour dire que la Commission consultative pour l’étude des projets d’emblèmes et hymne nationaux du Togo présidée à l’époque par feu Dr Rudolph Comlan Trénou, attribua le prix de l’emblème national au célèbre peintre -artiste Paul Ahyi et au nommé Johnson Jean. Redécouvrons le symbolisme de notre emblème national

Le drapeau national du Togo est composé de cinq bandes horizontales égales : trois vertes en haut, au centre et en bas. Les deux jaunes intercalés et d’une étoile blanche dans un canton jaune. Conçu et dessiné par Paul Ahyi, il est sans nul doute inspiré du drapeau libérien.

Les trois couleurs ; jaune, rouge et vert sont celles du panafricanisme. Les bandes jaune représentent à la fois les ressources du sous-sol et marquent aussi notre maturité à faire face à un destin commun. Les vertes constituent la forêt et l’agriculture qui est l’élément propulseur de notre économie, mais aussi l’espérance. Le rouge évoque le sang versé par les martyrs de l’indépendance et tous les compatriotes morts pour la démocratie et l’Etat de droit alors que l’étoile blanche est comme un peu partout sur le continent africain le symbole de la paix, la lumière et l’intelligence. Ces sentiments, ces idéaux se trouvent exaltés dans l’hymne national « Terre de nos aïeux » et résumés dans la devise « Travail-Liberté- Patrie ».

Les paroles de « Terre de nos Aïeux », l’hymne national du Togo, sont l’œuvre de feu l’évêque Robert Casimir Messan Dosseh-Anyron (1925-2014). Son frère et aîné, feu Estri Alex Casimir Dosseh -Anyron (1923-2007), musicien et enseignant de renom est l’auteur de la mélodie dudit hymne. Selon les témoignages de l’historien Godwin Tété  Adjalogo, Alex Dosseh s’était inspiré d’une musique du tam-tam du terroir togolais mise en solfège par les Allemands  pour composer la suave et pénétrante mélodie de  » Terre de nos Aïeux ».

Les deux frères et le nommé F. Gonyuie, reçurent respectivement une prime de 50000 francs CFA. Il est utile à préciser que Robert Dosseh, à l’époque Vicaire général  de l’Archidiocèse de Lomé, est aussi le compositeur de la chanson patriotique bien connue en langue Mina : Fofo si nusè lé (C’est en Dieu qu’est la Force).

Il y a lieu d’évoquer l’édification du Monument de l’indépendance. Il est réalisé par l’architecte français Georges Coustère avec l’efficace contribution du peintre Paul Ahyi (1930-2009), le père du drapeau togolais  et de Pierre Monsila Djato, céramiste  et ancien député juventiste, originaire de Nawakou (Guérin-Kouka) en pays Bassar. Le parcours et les actes de ces valeureux fils du Togo, méritent d’être enseignés à la jeune génération.

Plus de cinq décennies après l’accession du Togo à la souveraineté internationale, les Togolais de toutes conditions se cherchent toujours. Ils se sont parlé depuis lors sans jamais s’écouter. Le pays doit-on dire, peine à trouver la route de l’Orient.  Et pourtant, le pays est un legs laissé en héritage à la génération actuelle. Cette dernière a l’impérieux devoir de le restituer convenablement  à son tour.

Cinquante-neuf ans après, comment va le Togo? Plus que jamais, le pays se cherche. La classe politique se plait toujours dans d’interminables querelles. La dignité des populations togolaises ne doit pas s’éteindre. Alors, hâtons tous et vite nos pas pour aider le pays nôtre à tutoyer les cimes du progrès.
 
© Ekoué SATCHIVI
 
source : Liberté
 

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