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15 septembre 2012 : Les sympathisants du FRAC/CST avaient été agressés au quartier Adewui, lieu de rassemblement pour leur manifestation de rue, par des individus identifiables. Cependant, depuis la survenue de ce drame, aucune interpellation des auteurs présumés n’a eu lieu. Un crime sans coupables ?
 

Bref rappel historique

 
Il sonnait environ 8h30. A l’appel du FRAC/CST, plusieurs militants et sympathisants affluaient vers le point de rassemblement choisi, avant de s’élancer dans la traditionnelle marche des samedis. Objectif : dénoncer les multiples coups de force qu’opère le régime Faure Gnassingbé dans la perspective des législatives et locales. Ils ne le savaient pas, mais une surprise funeste les attendait. Des jeunes surexcités et visiblement déchainés les prennent à partie et les massacrent, à coups de couteaux, gourdins cloutés, machettes, coupe-coupe et autres armes blanches. Les mains nues et pris au dépourvu, ils n’ont pour la plupart eu d’autre choix que de prendre les jambes à leur cou. Usant d’une violence aveugle, ces individus n’ont épargné ni les journalistes venus faire leur reportage ni les agents des organisations de défense des droits de l’Homme dont les chasubles étaient pourtant bien visibles. Mais qui étaient ces agresseurs ?
 
Selon certains témoins, ils se revendiqueraient des jeunes du quartier Adewui, et haïraient plus que tout au monde, ceux qui défient l’autorité de Faure Gnassingbé, « leur frère ». D’autres qui n’accordent pas foi à de telles déclarations soutiennent que c’étaient des jeunes réunis au sein du Front des Associations des Jeunes (FAJ), aidés par d’autres jeunes manipulés à coup de 2000FCFA, qui auraient accompli cette basse besogne. Des témoins avaient nommément cité Théo Banassim, le responsable de ce soi-disant creuset des associations des jeunes de sinistre réputation au Togo comme ayant participé à cette agression. En 2005, se rappelle-t-on, ces jeunes miliciens auraient, selon les différents rapports d’enquête, participé à la boucherie humaine qui avait permis à Faure Gnassingbé de s’installer au pouvoir. Tout comme à Kara où ils ont eu droit à un accueil réfrigérant et ont été priés « gentiment » de débarrasser le plancher, Faure Gnassingbé ayant, selon les agresseurs de là, déjà sauvé les populations du Nord, ici aussi, ils estimeront que c’est une provocation de la part du CST que de vouloir organiser une marche de protestation contre Faure Gnassingbé à partir du quartier Adewui.
 
Et comme on pouvait s’en douter, des autoproclamés leaders d’opinion mais champions dans l’intox ont fait leur, ce raisonnement qui ne traduit rien de moins qu’une bassesse d’esprit et un manque de culture démocratique et consacre la partition du Togo en des zones interdites d’accès à certains Togolais se réclamant d’un courant politique. D’autres encore apportant leur caution à cet acte diront que « les jeunes du CST n’ont pas le monopole de la violence ». Ou encore s’interrogeront : « Les jeunes d’Adewui hostiles au bruit des bottes des marcheurs du CST »? Mais il y a eu plus grave.
 

Collusion avec les forces de l’ordre …

 
Censées encadrer la manifestation du FRAC/CST, les forces dites de l’ordre ont montré sur le terrain une connivence troublante avec les auteurs des violences. Les images montrant ces dernières en parfaite collusion avec les agresseurs ont fait le buzz sur les réseaux sociaux. Le Capitaine Akakpo, selon plusieurs témoins, aurait d’ailleurs payé à boire à ces délinquants. Mais échaudé, il a tout nié en bloc, dénoncé ce qu’il qualifiait de « campagne de diffamation orchestrée contre sa personne. Et prétendu au contraire avoir entrepris des initiatives pour mettre ces barbares des temps modernes hors d’état de nuire. Sans commentaire !
 

Mutisme coupable de la Justice

 
Depuis que le Col.Yark Damehame, ministre de la Sécurité a annoncé avoir remis les conclusions de son enquête au Procureur de la République qui doit, selon lui, décider de la suite à réserver à ce dossier, pas une seule interpellation n’est enregistrée. Les faits ne seraient-ils pas suffisamment graves pour légitimer des poursuites pénales à l’encontre de leurs auteurs ? Ou bien, l’enquête diligentée par le Col. Yark Damehame n’a-t-elle pas permis d’avoir les noms des auteurs et commanditaires de telles atrocités humaines ? Soutenir cette dernière position serait faire preuve de ménopause intellectuelle, et pour cause. C’était bien à visage découvert que ces individus qui ont la violence dans le sang ont commis leurs forfaits, et ceci, au nez et à la barbe, sinon sous les regards complaisants des forces de l’ordre. Identifiables et identifiés, pourquoi le Procureur de la République n’engage-t-il pas de poursuites pénales à leur encontre ? Pourquoi à ce jour ne sont-ils pas inculpés ?
 

 
Agissant à la solde du plus « Faure » des Togolais, ils bénéficient vraisemblablement d’une « immunité de juridiction » de fait. Essolissam Poyodi qui joue au parangon de la vertu et réfute toute manipulation politique de la procédure en cours contre les responsables du CST dans le dossier des incendies des marchés n’a-t-il pas jusqu’ici trouvé des motifs graves et concordants pour inculper les jeunes réunis au sein du FAJ pour tentative de meurtre ou tout au moins pour violences volontaires exercées sur les sympathisants du FRAC/CST? Il est évident que ce dossier a été juste noyé par Faure Gnassingbé et que cette affaire qui a levé le coin du voile sur la barbarie du régime RPT/UNIR est passée par pertes et profits. C’est bien ce qu’on appelle la Justice des vainqueurs, la Justice à deux vitesses, la Justice taillée à la tête du justiciable. Concernant cette affaire, tout laisse à croire que l’on est dans le cas de figure d’un crime sans coupables. A preuve, non seulement les auteurs présumés ne sont nullement inquiétés jusqu’à ce jour, mais encore ils reçoivent, comme prime à la barbarie une récompense, gage d’une reconnaissance officielle de leur existence. Le crime se nourrit de l’impunité, c’est une constante.
 
Magnanus FREEMAN
 
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