Évidemment nous avons eu à nous questionner sur la fierté qu’un dirigeant africain peut éprouver en allant gaiement demander à un pays en guerre, les céréales et les intrants pour tout un continent qui n’abrite pas des animaux, mais aussi des hommes et femmes, tout autant dotés des mêmes facultés que les russes et les ukrainiens…
Mais il y’a pire à vrai dire, et je ne sais pas si vous l’avez perçu. Le Président de l’Union africaine, juste après son séjour de Sotchi, s’est retrouvé aussitôt à Accra pour le sommet consacré au Mali, au Burkina Faso et à la Guinée. Personne, à l’occasion, ne l’a entendu faire un compte rendu public de sa mission chez Poutine. Ni lui, ni son accompagnateur Moussa Faki Mahamat, président de la commission de l’Union Africaine.
Mais curieusement, juste deux jours après Accra, le président Macky Sall se retrouve à Paris où, tenez-vous bien, de média en média, il subit littéralement une inquisition sur cette mission de Sotchi.
Les journalistes français le poussent jusqu’à son dernier retranchement au point où l’on perçoit dans ses propos, de flagrantes contradictions malgré ses efforts considérables de prudence, de mesure et de retenue.Alors question : Pour qui le président en exercice de l’UA a-t-il fait sa mission en Russie, pour les européens ou pour l’Afrique ?
L’ on dira peut-être qu’il n’existe pas de créneaux fiables sur le continent pour ces genres de comptes rendus à l’ensemble des peuples d’Afrique. Et c’est précisément là, une faiblesse incroyable, sinon inadmissible. Comment donc expliquer qu’un continent entier n’aie pas pu comprendre que les médias sont un réel pouvoir de mobilisation et de conquête des consciences sur les valeurs que les dirigeants souhaitent implémenter au sein de la masse?
Pendant donc six décennies de pseudo libération, nos dirigeants n’ont pas songé à mettre en place des médias forts d’information et ils se voient contraints, par la force des choses, de faire le voyage de Paris pour bénéficier de l’aura des médias occidentaux, même quand ils veulent engager une campagne politique dans leur propre pays. N’est -ce pas un vrai drame?
Voilà pourquoi je reste profondément convaincu que la maladie de notre continent tient principalement de ses propres dirigeants qui passent toujours à côté des fondamentaux déterminant la construction effective des nations et États forts.
L’information est une puissante denrée intellectuelle qu’aucun dirigeant visionnaire ne saurait négliger. Ne pas créer des créneaux fiables et viables d’information du peuple, c’est naturellement œuvrer littéralement pour sa faillite, et nous y sommes de plain-pied en Afrique.
Luc Abaki