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Jour J moins 4. Les Togolais sont appelés à se rendre aux urnes le jeudi 25 juillet prochain pour renouveler l’Assemblée nationale. En attendant, c’est la campagne électorale, une période au cours de laquelle les différents candidats vantent leurs projets. Mais généralement, pour le pouvoir en place, il s’agit beaucoup plus de défendre son bilan de la gestion des affaires. Et dans ce cadre, une question devrait s’inviter dans la campagne : l’affaire des incendies. Nommément la problématique de l’identité des vrais pyromanes et de leurs commanditaires, après la libération de tous les leaders du Collectif « Sauvons le Togo » embarqués dans cette affaire. Et elle doit intéresser beaucoup plus les victimes.
 
Les opposants arrêtés à tour de bras…
 
A croire que le pouvoir s’attendait à une telle occasion pour mettre le grappin sur les leaders du Collectif « Sauvons le Togo ». C’est tout un scénario qui fut mis en place, avec des jeunes gens instrumentalisés pour neutraliser les leaders du Cst.
 
A peine les dernières braises avaient-elles fini d’être maitrisées à Lomé que les premières arrestations d’opposants commencèrent. Le tout premier à passer à la trappe fut le 1er Vice-président de l’Organisation pour bâtir dans l’union un Togo solidaire (Obuts), Gérard Adja. Il fut appréhendé le dimanche 13 janvier alors qu’il revenait de la messe. Accusé d’être l’un des commanditaires des incendies criminels qui ont ravagé les grands marchés de Kara et de Lomé, et particulièrement d’avoir procédé au recrutement des exécutants. Il sera rejoint 72 heures plus tard par son président, l’ancien Premier ministre Agbéyomé Kodjo, mis aux arrêts après une levée mécanique de son immunité par les députés à l’Assemblée nationale. Lui, accusé d’être le bras financier des incendies.
 
Entre-temps, Jean Eklou, Alphonse Kpogo, Madame Suzanne Nukaku, le député Ouro-Akpo Tchagnao, feu Etienne Yakanou vont aussi passer à la trappe. Ils seront rejoints début février par le Trésorier du Pacte socialiste pour le renouveau (Psr) Bodé Tchakoura, et le Pr Napo Tchein, responsable Frac-Anc à Kara, et bien d’autres militants dont le chauffeur de Jean-Pierre Fabre, Athiley Yaovi Anani Appolinaire.
 
Au même moment, les autres leaders non appréhendés sont aussi l’objet d’acharnement. Ils sont convoqués au Service de recherche et d’investigation (Sri), puis inculpés par le Juge d’instruction, avec interdiction d’aller au fond du dossier. Mes Zeus Ajavon, Jil-Benoît Afangbédji, Raphaël Kpandé-Adzaré, Jean-Pierre Fabre, Abass Kaboua l’ont tous été.
 
…puis libérés
 
L’opinion aussi bien nationale qu’internationale a compris qu’il s’agit d’une simple croisade contre les opposants, pour les neutraliser. Et les appels à leur libération n’ont pas tardé à se multiplier. On notera surtout ceux du Parti socialiste et du Front de Gauche français. Et ils n’ont pas tardé à porter leurs fruits.
 
Tout comme ils ont été arrêtés à la pelle, c’est de la même façon que les leaders et militants des partis membres du Cst seront libérés, et les restrictions levées concernant les non détenus. Le premier à ouvrir le bal fut Agbéyomé Kodjo, élargi le 25 février après six semaines de détention qui furent un enfer pour lui. Suivront Napo Tchein et Mme Nukafu le 29 mars. Puis une bonne dizaine des détenus dont Bodé Tchakoura, le député Ouro-Akpo Tchagnao, Athiley Yaovi Appolinaire, le 18 juin. Au même moment, les restrictions qui pesaient sur les autres sont levées.
 
Les tout derniers à recouvrer leur liberté sont Jean Eklou, Alphonse Kpogo et Gérard Adja. C’était le lundi 8 juillet dernier. A l’exception d’Abass Kaboua, arrêté le 29 mai 2013 pour avoir, lui reproche-t-on, violé l’obligation de réserve, et peut-être du principal accusateur, Mohamed Loum alias Toussaint Tomety, presque tous les leaders et militants du Cst arrêtés et détenus dans cette affaire des incendies sont élargis. On notera tout de même le décès en détention le 10 mai 2013 d’Etienne Yakanou, responsable de la section Avé Maria de l’Anc.
 
Et les vrais pyromanes et commanditaires ?
 
C’est tout un scénario qui fut monté pour inculper ces opposants. De jeunes gens étaient instrumentalisés à coups de promesses de billets de banque et autres biens matériels, et des perquisitions organisées au siège de l’Alliance nationale pour le changement (Anc). On se rappelle surtout la mise en scène de Yark Damehame le 25 janvier où il avait cru présenter le corps du délit et expliquer le mode opératoire. On vous épargne de ce tour de « GBADAGOGuerie ». Tout cela était destiné à donner une vraisemblance à l’accusation portée sur le Collectif « Sauvons le Togo » et ses leaders. Mais voilà qu’aujourd’hui, une bonne partie des ces coupables tout trouvés sont libérés.
 
Même s’il s’agit d’une simple liberté provisoire, c’est une constance au Togo qu’elle est synonyme de définitive. Et puis, connaissant le pouvoir en place, si l’inculpation des leaders et militants du Cst était vraiment fondée, ils n’allaient pas bénéficier de si tôt de liberté, quel qu’en soit le motif. Surtout que ce regroupement trouble le sommeil de Faure Gnassingbé depuis sa création qui remonte juste à avril 2012 et que le pouvoir cherchait depuis bien longtemps à le neutraliser. Ces libérations reposent alors la problématique des vrais auteurs et commanditaires de ces incendies criminels. Une chose est certaine, les incendies sont bien réels, de même que les pertes subies par les commerçantes – elles sont estimées à une demi-dizaine de milliards de FCFA pour les deux marchés, et ce sont des miettes seulement qui ont été données aux victimes en guise de dédommagement. Si ces leaders et militants du Cst qu’on présentait pour les auteurs et commanditaires sont libérés, c’est parce que les vrais pyromanes et leurs mandants sont ailleurs. Et les pistes n’en manquent pas. Les victimes de ces incendies doivent demander des explications aux candidats du pouvoir, au cours de cette campagne électorale.
 
Tino Kossi
 
Liberté Togo
 
 

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