Pius_Agbetomey


Ils étaient nombreux à dénoncer, lors de la formation du gouvernement Sélom Komi Klassou, la suppression du portefeuille des droits de l’Homme. Une suppression qui coïncidait avec la fermeture de la représentation du Haut commissariat des Nations Unies aux droits de l’Homme (Hcdh). Mais le Conseil des ministres de mercredi a décidé de le ramener et rattacher au ministère de la Justice. Avec ce retour, le Garde des Sceaux, ministre de la Justice, des Relations avec les institutions de la République et de la Promotion et la Protection des droits de l’Homme, Pius Agbétomey, saura-t-il convaincre ?
 
« Le troisième décret adopté ce jour par le Conseil des ministres fixe les attributions du ministre de la Justice et des Relations avec les institutions de la République et porte organisation et fonctionnement dudit ministère. Au terme du présent décret, le ministre assure la garde des Sceaux, la Justice, les Relations avec les institutions de la République ainsi que la Promotion et la Protection des droits de l’Homme », pouvait-on lire dans le communiqué sanctionnant le Conseil des ministres tenu le mercredi 28 octobre 2015. La décision de l’exécutif togolais mérite un bref rappel de l’environnement sociopolitique du pays, notamment en ce qui concerne les droits de l’Homme.
 
A l’instar de l’insécurité qui va grandissante dans le pays, il n’y a pas un seul jour où les violations des droits de l’Homme dont se rend responsable le pouvoir ne soient signalées. Le nouveau chantier attribué au ministre de la Justice ne devrait pas lui laisser de répit si tant est que le gouvernement s’engage réellement sur le chantier du respect des droits de l’Homme. En attendant de juger l’homme par rapport à ce qu’il aura accompli durant son passage à ce ministère, l’actualité voudrait qu’on revienne sur certains dossiers qui entachent depuis des années déjà l’image du pays.
 
L’Etat togolais refuse toujours de remettre en liberté certains acteurs politiques du régime Rpt/Unir aujourd’hui tombés en disgrâce. Les plus en vue, ce sont les anciens ministres de l’Administration territoriale, de la Décentralisation et des Collectivités locales, Pascal Akoussoulèlou Bodjona, et Kpatcha Gnassingbé de la Défense et des Anciens combattants.
 
Si la justice togolaise peine à se prononcer en faveur du droit dans ces affaires qui ont toutes des allures de règlements de comptes politiques, les décisions tant au niveau régional qu’international militent en faveur de l’élargissement des détenus. La Cour de justice de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) a rendu des décisions déclarant la détention de ces anciens cadres du parti au pouvoir arbitraire. L’Ong Amnesty International a, dans une récente déclaration, estimé que « les lenteurs notées dans la mise en œuvre d’une décision de justice de la Cédéao donnent l’apparence que le Togo n’est pas prêt à se conformer à ses engagements vis-à-vis des instances régionales et que la détention continue de Pascal Bodjona pourrait être liée à ses opinions politiques réelles ou perçues si le pays ne montre aucun gage en vue de son jugement ou de sa libération, mais aussi de la réparation dont il a droit ».
 
En novembre 2014, le Groupe de travail des Nations Unies sur la détention arbitraire basée à Genève a déclaré que Kpatcha Gnassingbé, demi-frère du chef de l’Etat, était en détention arbitraire. Près d’une année plus tard, aucune décision n’a été prise en vue de sa libération. Le statu quo est de mise.
 
Depuis quelques semaines, les intimidations et autres tentatives de musèlement des journalistes jugés critiques à l’endroit du régime se sont intensifiées. De la Haute autorité de l’audiovisuelle et de la Communication (Haac) au Tribunal de Première Instance en passant par la Direction centrale de la police judiciaire (Dcpj), les convocations à comparaître ont augmenté de manière exponentielle. A ce jour, trois (03) journalistes, à savoir Zeus Aziadouvo, Abi Alfa et Carlos Kétohou sont inculpés pour « diffusion de fausses informations et diffamation » à l’endroit des ministres de l’Economie et des finances, Adji Otèth Ayassor et Ninsao Gnofam des Infrastructures et des Transports.
 
Le maintien en détention des personnes considérées comme complices dans l’affaire des incendies alors que les présumés auteurs sont en liberté constitue une autre violation des droits de l’Homme. Leur libération provisoire a été à maintes reprises rejetée.
 
Sans être exhaustif, il y a de nombreux chantiers dans le cadre des violations des droits de l’Homme et qui doivent être évacués par Pius Agbétomey. Sera-t-il à la hauteur de la tâche ? Wait and see.
 
Géraud Afangnowou
 
source : Liberté Togo
 
cari_agbetomey

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