Affaire menaces de mort et marche de SOS Journaliste en danger
 
L’arrogance, les mensonges en live, la diversion et les pitreries de Gnama-Latta
 
Col Yotroféi Massina, c’est le mis en cause principal dans cette affaire de menaces de mort contre les journalistes qui ont refusé de vendre leur conscience contre des pécunes, dans une corporation où presque tous ont succombé au chant des sirènes. Mais avec la marche organisée par SOS Journaliste en Danger samedi dernier, il s’est vu ravir la vedette, dans la négativité bien sûr, par le très décevant ministre de la Sécurité et de la Protection civile, le Col Dokissime Gnama Latta.
 
La suffisance et la condescendance du ministre
 
C’est depuis le lundi 25 juillet que SOS Journaliste en Danger a ébruité le complot contre les journalistes ciblés, au travers d’une conférence de presse. Une manifestation publique donc, qui suffisait à interpeller le préposé à la Sécurité et à la Protection civile. En plus de cela, un courrier en bonne et due forme lui a été envoyé, afin qu’il prenne ses responsabilités. Mais le Col Gnama Latta n’a pas daigné y donner suite et rencontrer les journalistes menacés, ou du moins les responsables de SOS Journaliste en Danger. Il est resté dans sa tour d’ivoire.
 
Le ministre avait eu tout le temps de prendre langue avec les concernés. Malheureusement il ne l’a pas fait. Il a plutôt préféré rencontrer un groupe de « bitosards » et de « marchandeurs d’événements », accusant au passage les journalistes concernés de montage. Mais le voilà qui se pointe devant les manifestants samedi dernier, pour discuter avec eux, dans la rue. Même si certains organisateurs de la marche se sont donné la peine d’échanger avec lui, il s’est vu cracher à la figure quelques « Tu veux maintenant discuter avec ceux qui ont monté de toute pièce le complot ? », « Si tu es vraiment résolu à nous écouter, rendez-vous au Palais des congrès » de la foule qui l’a multiplié par zéro – à la hauteur de sa condescendance – et a continué son chemin, comme s’il n’y avait personne devant.
 
Nous avons résolument opté pour la non violence, vous-même vous voyez qu’il n’y a pas eu de violence de la part des forces de l’ordre, se vantait le Col Gnama-Latta sur les écrans avec insistance, tout satisfait, ses traditionnelles mimiques à l’appui. Il ne manquait juste que sa demi douzaine de portables sur la table pour planter un décor complet. Il brandissait cette non violence comme une victoire. A croire que la répression des forces de l’ordre c’est la norme au Togo, et la non violence l’exception !
 
Les contrevérités de Gnama-Latta
 
En aucun moment je n’ai été saisi par SOS Journaliste en Danger ; si je l’avais été, j’aurai pu les rencontrer et discuter avec eux, jurait le ministre de la Sécurité sur les plateaux de télévision. Ce qui se révèle un pur mensonge, puisque Ferdinand Ayité et les siens ont bel et bien saisi son ministère et la présidence de la République par courriers, au lendemain de la conférence de presse de SOS Journaliste en Danger. Et on précise que la correspondance a été bel et bien réceptionnée par l’agent du ministre en charge des courriers, qui a au passage fait du dilatoire et importuné le transmetteur du courrier avec des questions farfelues. Le ministre a juste voulu jeter l’anathème sur ce collectif et passer pour un saint.
 
Par ailleurs, Gnama Latta a laissé entendre dans ses shows improvisés que les forces de l’ordre avaient plutôt encadré la marche et que leur présence servait juste à dissuader les marcheurs de chuter au Palais. Cela ne peut que surprendre les manifestants qui étaient dans les rues de Lomé samedi. Puisque les corps habillés ont tenté au moins une demi douzaine de fois de stopper la foule. Tout d’abord au point de départ de la marche au niveau du Collège Saint Joseph. Le cortège ayant bravé les intimidations et s’étant ébranlé, les véhicules des forces de l’ordre ont forcé le passage et traversé la foule pour aller organiser un cordon sur le pavé de Déckon. La foule ayant foncé à ce niveau, les corps habillés se sont repliés sur la Fontaine Lumineuse où le très suffisant ministre de la Sécurité se pointa. Descendus de leurs véhicules, ils étaient tout excités avec leurs matraques en main. Certains ont même tenté de frapper des manifestants qui ont contourné le cordon et un des supérieurs hiérarchiques proférait vertement des menaces. Les forces de l’ordre iront ensuite attendre le cortège au niveau de la Direction de Togo Cellulaire, puis de la boutique SGGG, et de la Sûreté et de l’Ambassade de France. Est-ce cela encadrer une marche, Monsieur le ministre ?
 
Par ailleurs, Gnama-Latta a laissé entendre que seule une manifestante a été arrêtée en train de jeter des pierres aux forces de l’ordre. Mais la jeune fille en question est venue démentir le ministre sur une radio de la place.
 
Les pitreries, l’amalgame et la diversion
 
Comment un voleur peut-il écrire à sa victime qu’il viendra la voler ? C’est l’image, mieux, le proverbe que le Col Gnama-Latta a eu à la bouche lors de ses petits numéros sur les écrans. Il l’a servi d’abord sur Rfi, ensuite sur la Télévision Togolaise, puis sur LCF. Certainement qu’il l’aurait aussi fait dans d’autres cadres. Mais malheureusement son proverbe ne sied aucunement à la situation.
 
Pour la propre gouverne du ministre, celui qui a mis la puce à l’oreille des journalistes ciblés, on n’a jamais dit qu’il s’appelle Yotroféi Massina. Le sauveur (sic) s’est présenté comme un agent de la Gendarmerie travaillant à l’Agence nationale de renseignement (Anr). Le ministre fait donc de l’amalgame. C’est ce qui peut arriver quand il refuse de rencontrer les journalistes menacés.
 
Le Col Gnama Latta est reconnu pour ses talents de pilote ; mais pourquoi diantre s’essayer aux proverbes, la chasse gardée de Zarifou Ayéva ? On lui souhaite tout simplement d’aller à l’école du patron du Parti pour la démocratie et le renouveau (Pdr) rentré en hibernation.
 
A travers cette marche pacifique, les journalistes menacés et les manifestants réclament, en vue de rassurer les journalistes dans leur sécurité et leur garantir un climat favorable au libre exercice de leur profession : l’ouverture d’une enquête sérieuse sur les allégations de menaces de l’Anr à l’encontre des journalistes, la démission du Col. Yotroféi Massina de la tête de l’Anr dans les 72 heures à compter du lundi 8 août 2011, la réouverture sans conditions, des radios privées fermées illégalement par l’ART&P et la démission de son Directeur Palouki Massina et la recomposition de l’institution. Mais pour toute réponse à ces exigences, Gnama Latta n’a trouvé que de leur proposer des gardes rapprochées. Je suis prêt à offrir de la protection à ces citoyens qui sont menacés, pourvu qu’ils le demandent, a-t-il ânonné sur les écrans. Pure diversion pour distraire le monde.
 
Tino Kossi
 
source : liberté hebdo togo

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