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Les péripéties qui confortent la thèse de la dissolution en perspective du CST et ses partis membres


Les citoyens qui ont tous leurs sens fonctionnels ont vu très tôt en l’orientation unidimensionnelle des pseudos enquêtes dans l’affaire d’incendies, les arrestations à la pelle des responsables et militants des partis membres du Collectif « Sauvons le Togo » et les convocations tous azimuts d’autres leaders, une croisade en règle du pouvoir contre un regroupement qui trouble le sommeil du Prince, visant à le décapiter et à casser la dynamique contestataire. Ils ne croyaient pas si bien dire. Plus sérieusement, ces actions participeraient d’un plan obscur savamment orchestré et devant aboutir sous peu à la dissolution des partis phare de l’opposition membres du Front républicain pour l’alternance et le changement (Frac), membres de fait du Cst, mais aussi à l’interdiction de ce Collectif. Ce dessein secret vient d’être porté sur la place publique par le leader de Sursaut-Togo, Kofi Yamgnane. Et les différentes péripéties dans ce dossier d’incendies concourent fort bien à la confirmation de cette thèse.

Les révélations de Kofi Yamgnane



« Le consortium RPT/UFC/UNIR a programmé la mort de tous les partis susceptibles de le contester dans les urnes », a révélé Kofi Yamgnane. Et avec l’affaire des incendies, « il est en passe de trouver des raisons de dissoudre le CST et tous les partis membres: ANC, OBUTS, ADDI, PSR, etc. ». « Son objectif final est d’accepter quelques formations-croupions sans réelle prise sur la société togolaise, de leur attribuer quelques postes à l’Assemblée nationale afin de donner au monde le change sur l’image d’un parlement pluraliste factice. En réalité, il se sera donné les moyens de revenir au système de parti unique, parti-état dont il n’a jamais réussi à s’affranchir », ajoute par ailleurs le patron de Sursaut-Togo.


Les observateurs avisés voyaient certes derrière l’acharnement contre le Cst dans cette affaire d’incendies, des manœuvres pour casser l’élan de la contestation. Mais ces révélations venant d’un certain homme dont les relations avec le sommet du pouvoir français sont un secret de Polchinelle, d’une « grande oreille » donc comme on le dit, il urge d’accorder à ces propos tout leur mérite. Le commun des Togolais ignorait l’existence d’un tel dessein secret dans les arcanes du pouvoir pour faire disparaitre la réelle opposition ; mais drôlement, les différentes péripéties dans ce dossier des incendies tendent à conforter cette thèse. Comme par hasard, tous les partis politiques membres ou sympathisants du Front républicain pour l’alternance et le changement (Frac) ou du Collectif « Sauvons le Togo » ont été embarqués d’une manière ou d’une autre dans cette affaire. Si les premiers responsables de ces formations ne sont pas simplement appréhendés et gardés à vue, ils sont convoqués et des charges retenues contre eux…

Tous embarqués !



Les cas les plus frais sont sans doute ceux de Jean-Pierre Fabre et d’Abass Kaboua, respectivement président de l’Alliance nationale pour le changement (Anc) et du Frac, et du Mouvement des républicains centristes (Mrc). Ils faisaient partie des rares leaders membres du Collectif à n’avoir pas été inquiétés depuis l’ouverture des enquêtes (sic) sur les incendies. Mais l’exception a été rompue ce mardi 12 mars 2013. Les deux leaders étaient en effet convoqués ce jour à la Gendarmerie par le Service de recherche et d’investigation (Sri) pour être entendus. Ils y ont passé toute la journée, et même une partie de la nuit. Entre-temps des perquisitions ont été opérées au siège de l’Anc et au domicile de Jean-Pierre Fabre. Mais rien n’a été trouvé comme preuve d’incendie, pas même une bouteille cassée ou un capuchon. Présentés dans la soirée au doyen des juges d’instruction, ils ont été finalement libérés tard dans la nuit, inculpés de complicité de destruction de biens publics et regroupement de malfaiteurs. Ils sont également placés sous « contrôle judiciaire », et « interdits de voyage et ne doivent pas se prononcer sur le fond du dossier d’incendie en cours de traitement ».


Quelques jours plus tôt, c’étaient les premiers leaders du Cst, Mes Zeus Ajavon, Raphaël Kpandé-Adzaré et Jil-Benoît Afangbédji qui étaient convoqués. Pas du tout inquiétés depuis l’ouverture des enquêtes, ils le furent au lendemain de leurs révélations à une marche à la plage sur les auteurs des incendies. A la suite des auditions, les trois avocats furent inculpés pour groupement de malfaiteurs.


Le mercredi 20 février 2013, le responsable du Frac dans la Kozah, Napo Tchin a été arrêté au niveau de Bafilo, venant ainsi s’ajouter à la liste des militants de ce parti appréhendés dans cette affaire. Tout de suite, il fut accusé d’avoir ordonné à de pseudos militaires proches de Pascal Bodjona de mettre le feu au marché de Kara. Mais les charges retenues contre lui évolueront selon les humeurs de ses détracteurs.


Trois jours plus tard, c’est au tour du Pacte socialiste pour le renouveau (Psr), jusque là non inquiété, d’être touché par la vague d’arrestation. L’un de ses responsables, par ailleurs Trésorier général du Cst, Bodé Tchakoura, fut appréhendé et accusé de financer les pyromanes. Tout comme Napo Tchin, il est toujours gardé en détention.


Avec Bodé Tchakoura, ce sont tous les partis membres ou sympathisants du Frac et du Cst, ceux-là mêmes qui animent régulièrement la contestation du régime Faure Gnassingbé qui sont touchés par la vague d’interpellations dans cette affaire d’incendies. L’Organisation pour bâtir dans l’union un Togo solidaire (Obuts) est la toute première formation politique à passer à la trappe avec son 1er Vice-président, Gérard Adja interpellé déjà au lendemain de l’incendie du marché d’Adawlato, et plus tard son Président, Agbéyomé Kodjo – finalement libéré le 25 février dernier sous les pressions. L’Alliance des démocrates pour le développement intégral (Addi) y est aussi embarquée, avec son Secrétaire général Alphonse Kpogo. L’Anc compte le plus gros contingent (sic) – c’est le contraire qui aurait étonné -, avec le Secrétaire chargé de la Jeunesse, Jean Eklou, la responsable de la section Nukafu, Mme Suzanne Nukafu, les députés Ouro-Akpo Tchagnao et Manti et plein d’autres militants.


C’est manifeste, tous les partis qui incarnent aujourd’hui la contestation du régime Faure Gnassingbé, à savoir l’Anc, l’Obuts, l’Addi, le Psr, le Parti des travailleurs – son Secrétaire général, Claude Ameganvi a été aussi auditionné dans le dossier des incendies – sont embarqués dans cette affaire d’incendies. Voilà qui offrirait un argument massue au pouvoir pour dissoudre très prochainement ces partis, et aussi de facto le Cst ou carrément l’interdire. C’est une sorte de préparation donc du terrain qui se fait. S’ils ne sont tout simplement interdits de créer d’autres partis politiques, les leaders de ces formations n’auront pas la tâche facile s’ils en ont envie. Et en face, il n’y aura RIEN, car Kofi Yamgnane révèle que le pouvoir « trouvera des raisons de dissoudre l’ARC-EN-CIEL et tous les partis membres: CAR, CDPA, NET, etc. Et enfin, il empêchera la création de tout parti politique pouvant naître de SURSAUT TOGO ». Le couple Rpt/Unir-Ufc sera ainsi seul à bord. Une sorte de retour donc au parti unique.


Tino Kossi


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