Jusqu’ici réservés depuis l’éclatement de cette affaire clairement obscure dans laquelle est cité et incarcéré l’homme d’affaires togolais, afin de, disent-ils, laisser l’instruction suivre son cours, les avocats de la défense ont finalement rompu le silence. Mes Adama Do-Bruce, Gabriel Ahlin Komlan, tous deux anciens bâtonniers, Euloge Talboussouma, et Yawo Dusi représentant le cabinet Me Attoh-Mensah, étaient en conférence de presse hier, à l’Hôtel Eda-Oba, pour faire l’état du dossier, après la confrontation entre Sow Bertin Agba incarcéré depuis quatre (04) mois et l’Emirati Abass Al Youssef devant le juge d’instruction. Une confrontation qui aura duré, tenez-vous bien, plus de treize heures d’horloge, de 10 h à 23 h 15 mn. Les avocats ont été formels : le dossier est vide, l’Emirati n’a apporté aucune preuve de l’inculpation du Directeur général d’OPS Sécurité. « Le dossier est monté de toute pièce ; en fait d’escroquerie, il n’en est rien », a déclaré Me Adama Do-Bruce, le président du Collectif des avocats de Bertin Agba, qui a lu la déclaration liminaire (ci-dessous reproduite) faisant l’état du dossier.
Selon le quatuor d’avocats, l’homme d’affaires « ne reconnaît pas avoir escroqué Abass Al Youssef » et aurait également disculpé Jean-Pierre Gbikpi-Benissan et Pascal Bodjona cités dans cette affaire. Devant cette inexistence de preuves de la part de l’Emirati, la défense a tout simplement requis, à défaut d’un non lieu pur et simple dans l’immédiat, la liberté provisoire pour M. Agba. Les avocats ont fait le parallèle avec l’affaire DSK, dans laquelle l’ancien Directeur général du Fonds monétaire international (Fmi) a tout simplement bénéficié d’une liberté provisoire, lorsque des éléments à charge contre la présumée victime de viol, Nafissatou Diallo, ont été trouvés, fragilisant énormément l’accusation.
Dans les débats, la question de l’immixtion de l’Agence nationale de renseignement (Anr) et des allégations de tortures a été abordée. « L’Anr n’a pas de prérogative de police judiciaire », fustige le conseil, qui déplore l’ingérence de cette institution à polémique et l’ostracisme de ses autorités. On apprend que Me Ahlin Komlan, qui tentait d’ y accéder pour rencontrer leur client, a été refoulé aux portes du « Guantanamo » togolais. « Notre client se plaint de sévices dont il a été victime pendant les dix jours de sa détention » dans ces lieux, ont relevé les avocats, comme pour confirmer les allégations de tortures qui éclaboussent Yotroféi Massina et son institution. Des faits que le président de l’Acat-Togo, Me Afangbedji, présent à la rencontre, a confirmés dans son intervention. Mais, comme dans un conte de fées, les avocats ont révélé que l’Anr a déposé une plainte contre le sieur Agba pour accusation de tortures.
Il nous revient par ailleurs que le ministre Pascal Bodjona devra être aussi entendu dans les tout prochains jours par le juge d’instruction. La défense s’est réservée de faire d’autres révélations, pour ne pas trahir le secret de l’instruction. Dossier à suivre de très près.
Tino Kossi
source: liberté hebdo togo