cvu_500x290


Citoyennes et citoyens du Togo,

Les adversités tant politiques qu’humaines voire naturelles qui assaillent de toutes parts depuis plus de deux décennies le Peuple togolais nous appellent à un engagement déterminé pour sortir le Togo de sa longue crise qui est avant tout une mutation profonde, spirituelle, politique, culturelle, sociale et sociétale.

L’ampleur de la méfiance légitime des citoyens du Togo vis-à-vis des institutions de la République et de ceux qui la représentent au lendemain de l’odieux hold-up électoral du 04 mars 2010 consacrant la contre vérité des urnes, a conduit au lancement le 19 mars 2010 du Collectif pour la Vérité des Urnes (CVU).

Après trois ans d’inlassable lutte ardue au chevet des intérêts citoyens, le CVU rappelle au lendemain de la crise du feu à relent terroriste l’impérieuse nécessité de demeurer alerte afin de débusquer les entourloupes en cours pour la perpétuation du régime du désastre. Le CVU pour ses trois ans réitère son engament résolu aux côtés du peuple pour l’avènement d’un Togo libéré du mensonge d’Etat, de la dilapidation des deniers publics, de la contre-vérité des urnes et des comptes publics afin que renaisse l’espérance porteuse d’un lendemain meilleur pour toutes les filles et tous les fils du Togo tout entier.

Le chemin de la libération du pays du joug des obscurantistes de tout acabit ayant vendu leurs âmes au diable semble tortueux. Toutefois, le CVU reste convaincu de l’heureux dénouement qui attend les braves filles et fils de la Nation qui restent fermement attachés aux valeurs républicaines malgré les affres de la persécution qu’ils n’ont de cesse de subir.

Citoyennes et citoyens du Togo,

L’année 2013 s’est ouverte sur de douloureux évènements qui ont ébranlé le Peuple togolais déjà meurtri. Au fil du temps, les incendies criminels des marchés de Kara et de Lomé avec leur cortège d’arrestations politiques sur fond de calculs politiciens se déclinent comme étant une entreprise de sabotage savamment orchestrée par les ennemis de la République afin de prolonger le cours de leur calamiteux règne.
Malgré tout, le peuple davantage paupérisé et isolé mais fort de son bon droit constitue à lui seul la majorité. Car les actes barbares à répétition sapent inexorablement le fondement-même de la légitimité du pouvoir. Le contexte de crise permanente que traverse le Togo, avec l’inflation des revendications au sein de la fonction publique, la grogne fort justifiée des journalistes consécutivement à l’adoption anticonstitutionnelle de la loi organique renforçant les pouvoirs de la Haute Autorité de l’Audiovisuelle et de la Communication, ne fait qu’exacerber les clivages politiques en hâtant gravement le délitement du tissu social.
La répression aveugle et barbare comme seule réponse à ces manifestations, preuve de la tension et de la crise de confiance entre le pouvoir et le peuple, fait craindre un risque majeur de dérapage à tout moment et interpelle sans faux fuyant tous les acteurs sociopolitiques. Afin de sortir définitivement des cycles de violences qui ne font qu’entamer la paix sociale alors que les défis majeurs de développement sont relégués au second plan, aucune posture responsable ne peut éluder au tournant actuel la nécessité d’un dialogue pour insuffler, dans un esprit de bonne foi de part et d’autre, un nouvel élan à l’enracinement des pratiques républicaines.

Citoyennes et citoyens du Togo,

Face aux pesanteurs variées qui rendent non abouties nos diverses stratégies de lutte et à l’étroitesse de la marge de manœuvre dont dispose la classe politique tout entière, il convient à ce tournant particulier de notre histoire commune d’éviter de faire le lit de toute vaine et stérile confrontation meurtrière dont rien ne saurait présager l’issue.

L’amour de la Patrie nous commande que la meilleure des options afin de prévenir la Terre de nos Aïeux d’un lendemain incertain où désolation et désenchantement prendront le relai de la désespérance actuelle, reste et demeure un dialogue à cœur ouvert. Plus que jamais, la cause du Togo doit être plus haute que quelque intérêt partisan !

Nous devons autant que faire se peut sortir d’une perspective réactionnaire pour faire de la vision anticipatrice le fil conducteur de notre exaltante et commune lutte citoyenne. Il est donc venu le temps d’écarter définitivement du Togo le spectre de l’extension de la carte des conflits en Afrique de l’ouest, afin de ne privilégier que la mise en place des rouages fondateurs d’une société de paix, de justice et de prospérité partagée pour tous. Ce n’est seulement et uniquement qu’à cette condition que le Togo sortira de l’ornière sans dégâts ni fracas.

Maintenant plus que jamais, l’essentiel doit nous rassembler car l’essentiel nous dépasse et est plus fort que toutes les rancœurs et frustrations cristallisées. Nous devons donc nous dépasser pour croiser courageusement et sincèrement avec humilité et position basse nos regards sur les alternatives de sortie de crise et de relance de la Mère Patrie.

Pour le CVU, le dialogue à venir s’entend comme le rendez-vous du courage et de la vérité pour acter consensuellement les dispositions pertinentes à même de parer au déficit d’éthique républicaine et de mettre en perspective une vision politique partagée à la hauteur de la mutation profonde, spirituelle, politique, culturelle, sociale et sociétale que connaît la Terre de nos Aïeux.

Ce dialogue ne peut se faire sans l’adoption de mesures d’apaisement de bon sens, et d’ancrage dans le champ politique d’une culture de la moralité publique à même de ramener la confiance dans le pays.

Citoyennes et citoyens du Togo,

Après maints rendez vous politiques manqués, l’esquisse consensuelle des jalons pour répondre à la mutation profonde, spirituelle, politique, culturelle, sociale et sociétale que connaît le Togo est à présent plus qu’une nécessité. Cela exige un travail de structuration aboutie, décliné à travers un agenda diachronique articulé autour de 3 axes :

- le court terme, le dialogue et les élections à venir cette année 2013 ;
- le moyen terme, la mise en place des institutions issues des élections et garantes de l’éthique républicaine ;
- le long terme, la prospérité partagée pour tous à travers un plan de relance stratégique du Togo.

A ce tournant particulier de notre histoire commune où les positions tranchées de part et d’autre ont fait la preuve de leurs limites, rien n’autorise l’emmurement encore moins la condescendance voire quelque provocation !

L’expérience nous montre sans cesse que le passé s’évapore à jamais sous nos pieds emportant nos chimères, alors que de belles perspectives d’un radieux avenir pendent à nos nez comme un nouveau monde qui ne demande qu’à éclore.

Cela justifie d’autant la posture de l’écoute et du dépassement à opérer de part et d’autre pour qu’ensemble, dans un esprit de conciliation, nous donnions une chance au retour de la confiance afin de préserver notre peuple d’autres lendemains douloureux que rien ne peut justifier.

C’est dans ce souci que, fidèle à la culture politique de la reconnaissance, le CVU demande instamment au pouvoir d’épouser avant qu’il ne soit trop tard les légitimes et pressantes aspirations de changement du Peuple togolais. Cela suppose l’adoption de mesures d’apaisement du climat sociopolitique, et l’ouverture rapide d’un dialogue franc et inclusif appelé de tous leurs vœux par les forces de l’alternance et du progrès de même que la communauté internationale.

Les mesures d’apaisement politiques

- Procéder à libération sans condition des personnes arbitrairement interpelées et détenues dans le cadre de l’enquête sur les incendies des marchés de Kara et de Lomé ;

- Procéder à la levée des mesures judiciaires contraignantes prises contre les leaders politiques, notamment l’interdiction de mouvoir sur toute l’étendue du territoire national et à l’étranger ;
- Procéder au retrait de la loi organique anticonstitutionnelle renforçant les pouvoirs de la HAAC ;
- Rendre public le rapport des experts français dépêchés à Lomé dans le cadre de l’enquête sur les incendies des marchés de Lomé et Kara.

Les mesures d’apaisement social

- Apporter la juste et humaine réponse à la détresse des naufragés de la crise du feu ;
- Prévenir la résurgence des tensions en milieu estudiantin ;
- Aplanir les divergences avec la Synergie des Travailleurs du Togo (STT) afin de circonscrire définitivement les problèmes liés à l’adoption du statut des fonctionnaires visant l’amélioration des conditions de vie et de travail des agents de l’Etat ;
- Prêter une oreille attentive aux revendications du Syndicat des banques et assurances du Togo (SYNBANK) afin d’y apporter une solution rapide et efficace ;
- Mettre fin aux répressions et voies de fait, de même qu’aux interpellations arbitraires et illégales des forces de sécurité lors des manifestations pacifiques.

Ces quelques mesures de bon sens feront la preuve de la bonne foi du pouvoir à œuvrer véritablement à une sortie de crise. Ce qui aura l’avantage de créer les conditions favorables pour un dialogue franc, sincère et fructueux dont l’agenda peut se décliner en deux volets.

Premier volet : mesures pour des élections consensuelles et inclusives

- le mode de scrutin pour les élections présidentielle, législatives et locales ;
- le découpage électoral ;
- la CENI et ses démembrements ;
- la gestion des élections et des contentieux électoraux ;
- les conditions de mise en œuvre et de suivi des décisions du dialogue. Deuxième volet : perspectives pour une refondation démocratique de la République
- discussion sur la limitation du mandat du Président de la République et ses conditions d’éligibilité ;
- discussion sur le régime politique et les prérogatives du Premier ministre ;
- discussion sur la question du recensement, du droit de vote et de la reconnaissance de la diaspora comme 6e région du Togo afin d’en faire un principe à valeur constitutionnelle ;
- discussion sur la réforme de la Cour constitutionnelle, de la HAAC, et de la Cour des comptes ;
- discussion sur le financement des partis politiques et des candidats.

Citoyennes et citoyens du Togo,

Les défis à relever sont immenses, et seule la culture de la position basse et du dépassement peut ouvrir le chemin d’une sortie d’impasse au Togo. Cela passe nécessairement par l’expérience inépuisable du pardon reçu et donné car tant de rancœurs et de haine minent le champ politique, et empêchent l’ouverture à l’autre pour une vision partagée du développement du Togo.

L’heure d’une véritable métanoïa a sonné pour toute la classe politique que le CVU invite à sortir du seul souci des intérêts partisans pour épouser les légitimes intérêts citoyens de toutes les filles et tous les fils du Togo tout entier.

Tel semble être pour le CVU le déchirant prix le moins coûteux à payer dans les semaines à venir pour assumer dignement et avec audace la profonde mutation de la société togolaise ! Dieu veille sur le Togo et chacun de ses enfants !

Agbéyomé KODJO
Coordinateur national provisoire
Dr Edem Atsou KWASI
Coordinateur International provisoire
Sylvestre APEDO
Secrétaire International provisoire

LAISSER UNE RÉPONSE

Please enter your comment!
Please enter your name here