Il était, malgré lui, la grande vedette de la cérémonie de prestation de serment de Faure Gnassingbé. Dimanche dernier, dans son discours de circonstance, le Président de la Cour Constitutionnelle, Aboudou Assouma, du haut de son titre de Président de la Haute Cour du Togo, s’est appliqué à décortiquer le bilan des quinze années passées par Faure Gnassingbé à la tête du pays. Mais entre loyauté et objectivité, l’exercice vraisemblablement louangeur du Juge Assouma suscite, depuis lors, polémiques et débats au sein de l’opinion.

En effet, la sortie du Président de la Cour Constitutionnelle a été d’une grande surprise, voire stupéfaction pour nombre de personnes et observateurs. En premier, nombre de personnalités présentes à la cérémonie, au point de cacher, à un moment donné, leur gêne dans un sourire complexé. Ceci, sous les regards visiblement attristés du Chef de l’Etat qui assistait au discours aux allures laudateurs et louangeurs fait à son endroit par le Président de la Haute Cour. Si l’on pourrait mettre cette piètre prestation du premier responsable de l’institution supposée incarner neutralité et équité sous le dos de l’émotion, l’on en vient à se demander si, ce faisant, le Juge Assouma était réellement dans ses prérogatives.

C’est donc en plantant le décor, expliquant la raison de la délocalisation de la cérémonie en ces lieux, dans un contexte exceptionnel, que le Président de la Cour Constitutionnelle porte la première estocade. « Ici, ce n’est pas une église. C’est la Cour Constitutionnelle. Ce n’est pas l’église de Kpodzro où il intronise le Président gondwanais, d’une République gondwanaise, c’est-à-dire qui n’existe pas. Elle n’existe que dans l’imaginaire », lance le Juge Assouma, en guise de pique au candidat de la Dynamique Kpdzro, Agbéyomé Kodjo et son promoteur, Mgr. Kpodzro qui continuent de contester les résultats du scrutin présidentiel. Et de poursuivre : « Ce fameux gagnant et ses ouailles devraient apporter un adminicule, c’est-à-dire un commencement de preuve, mais rien. Il faut vociférer seulement et ça marche. Non ! Non ! ». Puis, en guise d’avertissement, le Juge Assouma fait savoir que « …la loi est égale à tous. On ne peut pas se cacher derrière son âge pour défier l’autorité de la loi, son auteur doit répondre de son acte devant la Justice ».

De cette prestation, se constate, de toute analyse faite,une pique aux adversaires politiques de Faure Gnassingbé qui, rappelons-le, s’inscrivent toujours dans la dynamique de contestation de la réélection de ce dernier. Un fait qui apporte de l’eau au moulin de nombre d’observateurs et analystes qui n’ont de cesse critiqué cette institution et ses membres d’être à la solde du Pouvoir et le Chef de l’Etat pris pour leur bienfaiteur.

Par cette prestation si particulière, le Président de la Cour Constitutionnelle douche malheureusement ses multiples efforts entrepris ces dernières années dans le but de redorer, tant soi peu, l’image quelque peut ternie que la majorité des Togolais ont de ladite Cour. Autrement, l’émotion et la loyauté auront, aux yeux des critiques, finalement mis à nu, le militantisme voilé de l’homme qui, après sa pique à la Dynamique Kpodzro, aura achevé son si long exercice laudateur par le bilan des 15 ans de gestion du pays par Faure Gnassingbé. Rôle loin d’être dévolu à un Président de la Cour Constitutionnelle. Qui plus encore, est au cours d’une cérémonie de prestation de serment du Président de la République. Tout un symbole. C’est dire donc qu’Aboudou Assouma, pour une rare fois, est sorti de son cadre. Sinon, complètement !

 Jaurès KINVI / Flambeau des démocrates

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