Togolaises, Togolais,
Mes chers compatriotes,
 
Dans quelques heures seulement, l’année 2010 appartiendra à l’histoire et l’horloge du temps qui s’égrène inexorablement, nous fera entrer dans le cycle d’une nouvelle année.
Je voudrais au seuil de l’année 2011, adresser à chacun de vous et à la nation tout entière, mes meilleurs vœux de santé, de bonheur et de prospérité, dans la paix des cœurs et la concorde des esprits.
Notre pays a vécu au cours de l’année écoulée, des événements exceptionnels et émouvants. Nous avons enregistré ensemble dans la félicité, des victoires qui nous ont remplis de joie et de fierté, mais nous avons connu aussi des moments de tristesse collective.
 
Au moment où nous nous apprêtons à tourner la page de l’année 2010, comment ne pas avoir une pensée pour tous ceux qui nous ont quittés et en particulier, les victimes des inondations mais aussi nos deux compatriotes qui sont tombés en début d’année à Cabinda, sous les balles d’une bande puissamment armée, alors qu’ils se rendaient en terre angolaise pour prendre part à la Coupe d’Afrique des Nations. Cette tragédie continue de susciter en nous un sentiment de profonde révolte et une peine immense pour les vies perdues, les traumatismes, les carrières et les rêves brisés.
Je tiens à réitérer ce soir notre solidarité et toute notre compassion aux familles endeuillées, qui vivent sous le poids du vide immense laissé par nos martyrs. Je voudrais aussi exprimer ma sympathie à tous ceux qui subissent dans la peine et la douleur, les séquelles que cette épreuve a laissées dans leurs vies.
Notre compatriote Alex Ahonado, enlevé au Niger et retenu en otage depuis trois mois, avec ses compagnons d’infortune, est également ce soir au cœur de nos pensées et nos prières.
 
Mes chers compatriotes,
Les drames que nous avons vécus en 2010, nous ont certes durement éprouvés mais ils nous ont aussi soudés davantage en tant que nation. Dans les épreuves, les élans de solidarité des uns et des autres ont ravivé la flamme patriotique et raffermi le sentiment de partage d’une destinée commune.
Je voudrais à cet égard réaffirmer, en cette aube d’une année nouvelle, ma foi inébranlable en un Togo nouveau, plus uni et plus solidaire et vous inviter à resserrer vos rangs pour que nous puissions écrire cette nouvelle page de notre histoire commune qui s’ouvre à nous.
Depuis quelques années, le Togo est le théâtre de mutations profondes. Cet élan vers le renouveau a pris un relief particulier en 2010, à la faveur de l’élection présidentielle organisée au mois de mars et qui a été couronnée par un succès reconnu.
 
Je tiens à vous exprimer à nouveau ma profonde gratitude pour la confiance que vous m’avez renouvelée, en m’accordant la majorité vos suffrages afin que nous poursuivions ensemble les efforts que nous avons engagés pour remettre notre pays sur la voie du progrès.
 
Les hautes charges que vous m’avez confiées me font le devoir de vous réitérer une fois de plus, mon appel pressant à vous mobiliser pour fructifier nos acquis et faire de 2011 une année de succès.
Avec l’élection présidentielle de 2010 dont l’organisation a été unanimement saluée, nous avons franchi un point de non-retour. Les avancées de la démocratie et du pluralisme politique sont réelles et irréversibles au Togo.
Rien n’arrêtera le Togo sur cette lancée, car c’est ensemble que nous avons pu tourner le dos à deux décennies de heurts, de soubresauts et de crispations.
 
Le Togo revient de loin, mais les fondements de la réconciliation sont enfin mis en place.
J’en veux pour preuve la dynamique de l’ouverture à toutes les forces vives de la nation qui a permis à l’Union des Forces du Changement (UFC) et à bien d’autres d’entrer au Gouvernement et d’apporter ainsi leur contribution aux efforts de reconstruction nationale.
 
Mes chers compatriotes,
Nous ne devons cependant pas nous arrêter en si bon chemin.
Le processus de réconciliation nationale n’est pas un long fleuve tranquille. Il ne pourra véritablement aboutir que si nous nous donnons également les moyens d’exorciser définitivement, les démons de la division qui ont longtemps hanté nos vies.
 
Je voudrais saluer à cet égard, l’immense travail abattu depuis 2009, par la Commission Vérité Justice et Réconciliation en vue de faire la lumière sur les actes de violences à caractère politique, commis entre 1958 et 2005, et de proposer les modalités d’apaisement des victimes.
Je voudrais encourager les membres de la CVJR à garder le cap, afin que notre pays puisse dans un avenir que je souhaite proche, se libérer définitivement des pesanteurs du passé. C’est seulement à cette condition que nous pourrons baliser la voie vers le vrai pardon.
 
Togolaises, Togolais, mes chers compatriotes,
A l’heure où nous nous apprêtons à entrer dans une nouvelle année, je me réjouis de constater qu’après près de deux décennies d’isolement sur la scène internationale, nous avons réussi à retrouver le grand espace de solidarité et de partage entre nations qu’est la coopération internationale. Dans ce domaine, le Togo a également effectué un saut qualitatif en 2010.
Le Togo se reconstruit désormais en symbiose avec les autres nations du monde dont l’expérience, le niveau de développement et le savoir-faire peuvent nous inspirer dans la recherche de la voie qui nous conduira vers les rivages de la prospérité.
Grâce au soutien de nos partenaires qui sont tous de retour, nous avons ainsi pu engager ces dernières années des actions concrètes dans les domaines qui nous tiennent à cœur : la santé, l’éducation, l’agriculture, l’eau, l’assainissement, les infrastructures, etc.
 
Nous avons en effet démarré effectivement plusieurs projets, notamment dans le cadre de la réhabilitation des infrastructures routières et des services électriques aussi bien à Lomé qu’à l’intérieur du pays.
Comme vous avez pu le constater, notre capitale est en train de devenir progressivement un vaste chantier. Les travaux engagés ici et là sont la promesse que Lomé, retrouvera sous peu, tout son charme et sa beauté d’antan, contribuant ainsi à accroître le sentiment de bien-être dans cette cité, si généreuse et si hospitalière.
Pour y parvenir, il nous faudra aussi renouer avec le comportement citoyen, les habitudes et les gestes quotidiens qui ont fait jadis de Lomé une ville à la propreté légendaire.
Les villes de l’intérieur ne sont pas oubliées.
 
Le projet d’aménagement urbain au Togo a déjà démarré et doit permettre à terme, de redonner aux autres villes du pays leur attrait naturel et mettre ainsi en valeur les richesses de notre terroir.
Au cours de l’année qui s’achève, le développement du milieu rural a occupé une place de premier plan dans l’échelle de nos priorités.
 
Le Gouvernement s’est engagé dans un important programme de relance de la production qui a permis de dégager des excédents et de confirmer la capacité du Togo à aller au-delà de la sécurité alimentaire.
C’est dans ce cadre qu’un programme d’investissement agricole et de sécurité alimentaire de grande envergure sera lancé dès 2011 pour apporter des réponses durables aux préoccupations des producteurs et à leurs organisations. Ce programme permettra de les accompagner dans les activités de commercialisation, de transformation des produits agricoles, avec un volet important d’infrastructures rurales. L’objectif visé est d’améliorer les revenus du paysan et de réduire la pauvreté en zone rurale.
S’il y a un domaine où nous devons également poursuivre nos efforts pour consolider les acquis, c’est bien celui des infrastructures de transport.
Le Port autonome de Lomé étant l’une des plus belles ouvertures du Togo sur le monde, nous avons entrepris depuis quelques années d’en réhabiliter les infrastructures afin de le rendre plus performant et plus compétitif.
Nous poursuivrons l’extension et la modernisation de nos infrastructures portuaires, en démarrant en 2011 les travaux de construction du 3e quai.
 
Nos aéroports bénéficieront également d’investissements importants en 2011.
Dans la même perspective, nous accorderons une place prépondérante à l’aboutissement rapide des grands projets structurants que sont les contournements d’Alédjo et de Défalé ainsi que le grand contournement qui va du port au Terminal du Sahel.
La mise en service de ces nouvelles infrastructures ouvrira de nouvelles perspectives pour les entreprises, les commerces et mêmes les particuliers qui attendent en toute légitimité, des infrastructures routières de qualité à l’horizon du Togo nouveau.
Naguère poumon économique du Togo, la filière des phosphates reprend de la vigueur, après des années de crise marquées par une baisse drastique de la production.
Les investissements ont repris dans ce secteur qui est vital pour notre économie et nous en verrons bientôt les effets. En tout état de cause, des dispositions sont prises pour la revalorisation de la filière des phosphates qui mise beaucoup sur l’exploitation et le développement de la couche carbonatée de la production et la construction prochaine d’usines d’acide phosphorique et de production d’engrais.
Comme vous avez pu le constater vous-mêmes, la lutte pour la relance de l’économie togolaise est loin d’être un combat perdu d’avance.
Bien au contraire, les premiers résultats enregistrés démontrent bien que nous pouvons bâtir un avenir meilleur pour notre pays.
Je voudrais dans cette perspective, me féliciter de l’atteinte en cette fin d’année 2010, du point d’achèvement de l’initiative Pays pauvres très endettés.
L’atteinte du point d’achèvement de l’initiative PPTE est le couronnement des durs efforts que nous avons déployés depuis 2006 pour instaurer une plus grande discipline et une rigueur accrue dans la gestion de nos ressources et dans les choix en matière de politiques économiques. Nous devons cependant éviter de dormir sur nos lauriers. Pour cela, il faudra poursuivre avec une plus grande détermination, les réformes que nous avons engagées en vue de moderniser notre administration, instaurer la culture d’une gestion citoyenne des ressources publiques et créer un meilleur cadre incitatif pour l’éclosion de notre secteur privé.
 
C’est le lieu de lancer un appel à toutes et à tous, pour le renouvellement de notre engagement en faveur d’une meilleure gouvernance au Togo. Il est de notre responsabilité à tous d’œuvrer au succès de la lutte contre la corruption et les crimes économiques qui sapent nos perspectives de développement et gangrènent notre tissu social.
C’est en persévérant dans cette voie que nous pourrons jouir durablement des fruits du succès que constitue l’atteinte du point d’achèvement de l’initiative PPTE.
 
La retombée immédiate de cette évolution positive est la remise d’une part substantielle de notre dette extérieure, ce qui augmente notre capacité de financement des investissements productifs.
Nous avons désormais une marge de manœuvre plus grande pour faire face avec une efficacité accrue aux priorités que nous nous sommes fixées en vue de continuer à améliorer les conditions de vie des Togolais.
Je voudrais réaffirmer à cet égard que le social demeure un des défis les plus préoccupants pour le Gouvernement.
Nous avons réussi à restaurer la confiance des investisseurs et des partenaires en développement, nos performances économiques s’améliorent d’années en années, mais la situation sociale demeure préoccupante. Nos concitoyens et en particulier ceux des couches sociales les plus défavorisées ont encore du mal à toucher du doigt la réalité des progrès économiques que nous avons enregistrés ces dernières années.
 
En dehors de la crise économique et financière internationale qui a éclaté il y a deux ans et dont les effets résiduels continuent à être ressentis un peu partout, les conséquences de la longue crise politique que notre pays a connue continuent de frapper de plein fouet les franges les plus vulnérables de nos sociétés, aussi bien dans les villes que les campagnes.
 
Grâce à mes contacts réguliers avec les populations du pays profond, j’ai pu mesurer l’étendue des besoins et des attentes.
Togolaises, Togolais
Le Gouvernement prend toute la mesure des défis sociaux auxquels notre pays est confronté. En 2011, nous mettrons un accent tout particulier sur l’amélioration du quotidien des Togolais et le renforcement de la solidarité nationale.
Pour atteindre cet objectif qui nous tient à cœur, nous avons décidé dans le budget 2011, d’affecter d’importantes ressources à l’amélioration des revenus des fonctionnaires. Les revenus les plus faibles seront bien entendu privilégiés. Notre objectif est de rehausser le pouvoir d’achat des travailleurs pour leur permettre d’accéder à une meilleure qualité de vie et de faire face à leurs besoins et à leurs responsabilités familiales, notamment en matière de santé et d’éducation.
 
Il m’a été en effet donné de constater que dans les milieux à revenus modestes, les dépenses de santé pèsent lourdement sur les budgets familiaux. Elles constituent une source permanente d’inquiétude dans les foyers, surtout en fin de mois et fragilisent ainsi l’équilibre familial et partant, le tissu social.
C’est pourquoi j’ai décidé d’instaurer un régime d’assurance maladie en faveur des agents de l’Etat. Notre but est d’alléger le fardeau des dépenses de santé pour les familles. Le budget 2011 prévoit à cet effet une dotation substantielle pour le régime d’assurance maladie. Cette mesure constituera la première étape vers l’extension d’une protection sociale pour tous au Togo. Un Institut National de l’Assurance Maladie sera mis en place et veillera à la mise en œuvre effective du plan de protection sociale dans notre pays.
 
Mes chers compatriotes,
Vous conviendrez avec moi que tous nos efforts sont vains s’ils ne concourent pas à offrir de meilleures perspectives à la jeunesse de notre pays. Miser sur une bonne éducation demeure le meilleur pari que l’on puisse prendre pour l’avenir.
Aussi le Gouvernement a-t-il pris les mesures nécessaires pour assurer dès début 2011, le lancement du Projet Education et Renforcement Institutionnel. Ce projet reprend à son compte les principes directeurs du programme éducation pour tous. Mais il comporte également une série de mesures novatrices qui permettront des percées significatives en matière de formation des enseignants, de construction de salles de classes, de disponibilité du matériel didactique et d’amélioration des conditions de travail.
Cependant pour porter leurs fruits avec plénitude, les efforts en faveur de l’éducation doivent être prolongés par une prise en compte effective des besoins de la jeunesse. Nous devons favoriser l’accès des jeunes à l’autonomie, en les aidant à cultiver l’esprit d’initiative, les valeurs de solidarité et le sens des responsabilités. Pour ce faire, le Gouvernement organisera en 2011, le premier Forum National de la Jeunesse Togolaise pour permettre aux jeunes de toutes les préfectures d’échanger sur des thématiques essentielles telles que : la participation citoyenne, l’emploi et la création d’entreprise.
 
Somme toute, le principal enjeu au cours de l’année qui s’annonce sera, de redoubler d’efforts pour accroître nos chances d’améliorer les conditions socio-économiques dans les meilleurs délais possibles, en tenant dûment compte de nos engagements internationaux.
 
Togolaises, Togolais,
Pendant la campagne électorale, j’avais fait part de ma volonté de situer mon action sous le double signe de la réconciliation nationale et de la relance économique.
Je voudrais vous exhorter à persévérer dans la dynamique nouvelle que nous avons su imprimer à notre pays, en accélérant le rythme de nos progrès dans tous les domaines à commencer par le chantier de la relance économique.
Nous devons toutefois rester vigilants pour combattre ensemble l’immobilisme, en perfectionnant sans relâche les outils institutionnels qui nous permettront de poursuivre notre marche en avant, dans la voie du développement de notre pays et de son rayonnement international.
S’il y a une tâche à laquelle nous devons nous atteler avec ardeur, pour consolider nos acquis, c’est bien celle des réformes institutionnelles.
 
Les institutions naissent et sont appelées à évoluer au gré des besoins de la société. Un des moyens sûrs de les pérenniser dans leur efficacité, c’est de rester attentif aux changements qui marquent la vie de la nation.
Depuis plus de deux décennies, notre pays s’est doté d’un cadre institutionnel en vue de canaliser ses efforts et sa marche vers la démocratie et l’Etat de droit.
Certaines institutions ont résisté à l’épreuve du temps. Certains mécanismes ont pu révéler leur efficacité mais d’autres n’ont pas encore donné, les résultats escomptés.
Il est donc temps de faire la part des choses afin de garder ce qui mérite d’être gardé et d’abandonner ce qui doit l’être pour mieux avancer.
Nous devons sans tarder accélérer le processus de décentralisation, ouvrir le chantier de la réforme institutionnelle et faire preuve d’audace pour surmonter les conservatismes qui entravent notre quête d’un vrai renouveau au Togo.
Des réflexions assez avancées sont menées sur les pistes des mutations qui doivent être opérées afin de donner un nouveau souffle à notre appareil institutionnel. Je m’en félicite.
Mais je voudrais aussi vous dire que le renouveau institutionnel doit être l’affaire de tous. Le débat doit être inclusif ; il doit concerner toute la classe politique et l’ensemble des forces vives, car c’est l’avenir de notre nation qui est en jeu.
 
Sur ce, je vous invite à être attentif aux aspirations qui s’expriment autour de vous, car c’est dans le pluralisme, la diversité et le dépassement de soi que nous trouverons la voie qui mène au Togo nouveau que nous appelons de tous nos vœux. Un Togo uni et prospère, un Togo où grâce à notre travail et à notre amour pour la patrie nous pourrons dire avec fierté et conviction que nous sommes l’or de l’humanité.
Vive le Togo, bonne et heureuse année 2011.
 

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