Que reproche la Gendarmerie à M. Hervé Kpatimbi Tyr, enseignant à l’Université de Kara ? Difficile de le dire. Toujours est-il que les témoins racontent que le 10 novembre dernier, ce professeur aurait reçu la visite d’un groupe de gendarmes à son domicile, des hommes qui n’ont pas hésité à l’enlever et à le déposer à la prison civile de Kara malgré qu’ils ne soient pas porteurs d’un mandat d’amener établi dans les règles de l’art.
Selon les informations en notre possession, le nommé Kpatimbi Tyr, professeur à l’Université de Kara (UK), localité située à 400 km au nord de Lomé, serait accusé par la Gendarmerie d’être un soutien matériel et intellectuel pour un groupe d’étudiants proche de l’Union nationale des élèves et étudiants du Togo (Uneet) qui projetait de tenir sur le campus de Kara, une Assemblée générale (AG) pour cette rentrée universitaire.
En effet, le 7 novembre dernier, les sieurs Egbaré, Nabédé et Laré, tous étudiants à l’Université de Kara (UK) se faisaient enlever (arrêtés sans mandat d’un juge) par la Gendarmerie de Kara. Ces derniers sont accusés d’un délit qui n’existe pas dans le droit togolais : « Tentative d’organisation d’Assemblée générale (AG)» sur la campus de Kara. D’après nos recoupements, ce serait l’un de ces étudiants qui aurait avoué aux agents de la Gendarmerie que c’est Hervé Kpatimbi Tyr qui serait leur soutien pour la tenue de cette Assemblée générale qui reste jusqu’alors à l’étape de l’imagination.
Ce serait donc la raison pour laquelle dans la soirée du 10 novembre dernier, le professeur a reçu à son domicile, la visite d’un groupe de gendarmes. Certains étaient à moto, d’autres à voiture. Sans aucun mandat ni de perquisition, ni d’amener, ceux-ci auraient perquisitionné la maison. Devant l’insistance des agents de la Gendarmerie qui lui demandaient de les suivre, le professeur aurait exigé à prendre connaissance du mandat qui les autorise à l’arrêter. D’après les témoignages, ces Officiers de police judiciaire (les gendarmes ont le statut d’OPJ) lui auraient répondu que leur tenue, c’est-à-dire leur treillis faisait office de mandat de perquisition et d’amener.
Il faut rappeler que c’est la seconde fois en moins de deux semaines que des personnes fréquentant l’Université de Kara sont appréhendées dans des conditions qui s’apparentent à un kidnapping. A la seule différence notoire que ce kidnapping est effectué par une structure de l’Etat, en l’occurrence la Gendarmerie.
En matière de perquisition ou d’arrestation de citoyens togolais, que prévoit le Code de procédure pénal ? Les Officiers de police judiciaire peuvent le mieux répondre à cette question, et s’ils doivent tenir de tels propos, il y a de quoi à être inquiet car c’est toute la République qui serait en danger. A ce qu’on sache, le treillis d’un gendarme ne peut pas faire office de mandat, un acte qui relève du pouvoir discrétionnaire d’un juge.
« Qu’est-ce que cela coûte aux gendarmes de se faire établir au préalable, un mandat de perquisition ou d’amener? Cette attitude prouve à suffisance le mépris que ces institutions parajudiciaires éprouvent à l’égard de la Justice togolaise », a déploré un collègue du professeur incriminé.
En effet, la démarche des gendarmes constitue un véritable sujet d’inquiétude pour les Togolais, du moins ceux épris de justice. Se procurer un treillis et des rangers au Togo n’est plus chose difficile. Si donc le treillis et les galons devaient faire office de mandat, il est à craindre que des bandits de grands chemins n’utilisent ce moyen afin de s’attaquer aux honnêtes citoyens qui se feront facilement avoir avant de s’en rendre compte.
Au demeurant, il est à redouter que dans sa tentative d’étouffer les mouvements d’humeur à l’Université de Kara, le Président Komi Tchakpélé ne se mue en despote effrayant prêt à écraser tout sur son passage pour préserver son gagne-pain.
A l’heure où l’on dénonce la torture et les traitements inhumains et dégradants, on peut se demander comment les gendarmes sont parvenus à arracher aux étudiants arrêtés dans les situations qu’on connaît, l’aveu qui a conduit à l’interpellation de leur professeur. That’s the question.
Olivier A.
source : groupe liberté hebdo togo

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