Le Collectif « Sauvons le Togo » (CST) et la Coalition « Arc-en-ciel » ont claqué vendredi dernier, la porte du dialogue politique initié par le Premier ministre togolais Kwesi Séléagodji Ahoomey-Zunu pour exiger l’élargissement des discussions sur d’autres points autre que le processus électoral. Ces deux regroupements exigent aussi la mise en place d’un « comité préparatoire » et le désignation d’un médiateur. Pour sa rubrique « TROIS QUESTIONS A… », l’Agence Savoir News a approché l’une des grandes figures de l’opposition togolaise Me Yawovi Agboyibo, ancien Premier ministre et président d’honneur du Comité d’Action pour le Renouveau (CAR). Selon lui, les délégations du CST et de la Coalition « Arc-en-ciel », « avaient raison de se retirer (…) ».
 
Savoir News : Quel est votre appréciation du dernier dialogue, celui du vendredi 16 novembre 2012 ?
 
Me Yawovi Agboyibo : Ce qui s’est passé le vendredi 16 novembre 2012 ne correspond pas à mon avis au dialogue auquel les Togolais s’attendaient et dont la nécessité a été soulignée par l’Union Européenne lors de la réunion de la « Commission-Afrique » du 7 novembre dernier. D’après ce qui m’a été rapporté, le Premier Ministre Ahoomey-Zunu ne s’est même pas donné la peine, après son mot d’introduction, de mettre en place un bureau de séance pour les discussions. Il n’y a donc pas eu ni président ni rapporteur des travaux comme ce fut le cas lors des précédents dialogues. Le communiqué lu à l’issue de la rencontre après le retrait du Collectif Sauvons le Togo et la Coalition « Arc-en-ciel » a été signé au nom du gouvernement à la place des participants demeurés dans la salle. On dirait qu’il s’était plutôt agi d’une réunion d’information.
 
Savoir News : D’aucuns reprochent au CST et à l’Arc-en-ciel d’avoir quitté la salle. Qu’en pensez-vous ?
 
Me Yawovi Agboyibo : A partir du moment où les deux organisations se sont rendus compte que toutes les propositions qu’elles ont émises pour l’ouverture d’un véritable dialogue ont été rejetées et qu’il s’agissait plutôt d’une réunion d’information, je pense qu’elles avaient raison de se retirer pour ne pas donner l’impression d’être tombées dans un piège.
 
Savoir News : Quel jugement portez-vous sur les concessions figurant dans le communiqué sanctionnant la rencontre ?
 
Me Yawovi Agboyibo : A l’examen du communiqué, je constate que si le gouvernement a tenu à organiser la rencontre du vendredi dernier, c’était particulièrement pour calmer le tollé qu’il a soulevé en attribuant à l’Union des Forces de Changement (UFC), parti membre de la coalition gouvernementale, trois des cinq sièges de l’opposition parlementaire à la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI). Le gouvernement a cru y être parvenu en créant au profit des députés dits non-inscrits (entendons l’ANC) deux sièges dans la CENI et un siège dans chaque CELI.
 
Cette mesure, loin de remédier aux anomalies que comporte la composition de la CENI est bien au contraire de nature à les aggraver. Au regard des textes régissant le Parlement togolais, il n’existe pas, tout comme partout ailleurs, une catégorie de députés qui puissent prétendre n’appartenir à aucun des deux bords institutionnels que sont la majorité parlementaire et l’opposition parlementaire. Un député qu’il soit élu sur la liste d’un parti ou en indépendant, qu’il soit inscrit ou non dans un groupe parlementaire est nécessairement soit de la majorité parlementaire, soit de l’opposition parlementaire. Tout dépend, à l’instant considéré, de la réponse du député à la question de savoir s’il soutient ou non le gouvernement.
 
La nouvelle mesure visant à déloger de l’opposition parlementaire des élus dits non inscrits qui ne soutiennent pas le gouvernement pour en faire une catégorie « neutre » est tout aussi étrange que celle qui a consisté à attribuer trois sièges de l’opposition parlementaire à un parti membre de la coalition gouvernementale. FIN
 
Propos recueillis par Junior AUREL
 

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