Du mépris  manifeste de Faure Gnassingbé pour le peuple togolais

 
Pascal Bodjona a proposé, les députés Rpt-Ufc ont disposé. Vendredi les représentants du parti tout aussi suranné que l’ex  leader de l’opposition ont accompli l’acte ultime, en votant à l’unanimité – c’est le contraire qui aurait étonné – le projet de loi portant, officiellement réglementation de l’exercice des libertés de manifestation  et de réunion publiques, mais officieusement restriction de ces libertés. Avec la dynamique de révolutions dans le monde arabe, il faut fermer les vannes et limiter les dégâts. Cette 6e séance plénière de la 1ere session ordinaire de l’année a vu les cinquante et un (51) députés présents faire passer le projet « humanisé » comme par bluetooth, les élus du Comité d’action pour le renouveau (Car) et de l’Alliance nationale pour le changement (Anc) ayant boycotté la rencontre. C’est la fin d’un long feuilleton qui a commencé début mars.
 
Bien évidemment, c’est la joie chez l’« inventeur » du projet de loi, le ministre « grand format ». Pascal Bodjona était même présent lors du vote. Cette sortie devrait sans doute lui permettre de retrouver un petit moment le sourire, quand on sait qu’il traverse une zone de turbulences et qu’il a plus de problèmes que Muammar Kadhafi et son fils réunis. Et on ne sait jamais, peut-être que son « sniper » pourrait lui lâcher les basques. Les « humaniseurs » du projet, entendez le « Zorro » Jean Dégli et son confrère Zeus Ajavon doivent aussi se dire « yes ! » et bomber le torse d’avoir fait du bon boulot (sic). Le premier peut même commencer à rêver d’une « récompense » pour service rendu, surtout qu’un remaniement ministériel est dans l’air. Sinon, il peut mieux faire que le diplômé de la Fondation Konrad Adenauer au moins. Une place au gouvernement pourrait bien lui permettre de se refaire un nom et une santé financière vu que son séjour au Barreau de Paris a fait pschitt. Bon, au-delà de ces états d’âme, ce vote est la énième confirmation du manque de considération de la  part  du « Leader nouveau » pour le peuple togolais.
 
En effet dans son discours du 26 avril dernier, Faure Gnassingbé s’est permis de parler de consensus autour du projet de loi, pour le simple fait qu’il ait été retouché. Et par qui d’ailleurs ?  Une volonté manifeste d’occulter la levée de boucliers suscitée par cette initiative de son (ex) homme de main. Tout a commencé avec l’adoption en conseil des ministres début mars de l’ancêtre du projet, l’original et les sorties fracassantes du ministre « grand format » pour se donner bonne conscience. Tour à tour, partis politiques, associations et autres personnalités qui ont été associés à la petite kermesse organisée quelques semaines plus tôt par Pascal Bodjona visant à donner un habillage consensuel au projet mijoté, sont montés au créneau pour le désavouer. L’ Anc, le Car puis la Ligue togolaise des droits de l’Homme (Ltdh)  ont restitué leur participation à cette rencontre préparatoire et unanimement dénoncé le traquenard. Tant sur les médias (conscients) qu’au sein de la population, c’est la réprobation générale. Des manifestations de protestation ont été même organisées. Levée de boucliers qui a obligé les décideurs à soumettre le texte à une retouche.
 
Le marché (sic) fut offert par Pascal Bodjona à son « frère » Jean Dégli, et c’est ainsi que le « Zorro » prit le devant des choses. Le patron du Front-Sage a alors embarqué dans son business quelques têtes dont Me Ajavon Zeus et, quelques jours plus tard, la version « peaufinée » a été rendue. Malgré tout, le texte n’a pas convaincu, et des voix s’étaient à nouveau élevées pour dénoncer la manoeuvre. On se rappelle même que le très calculateur Professeur Léopold Gnininvi, le chantre de l’usage de la langue de bois au Togo qui se fait toujours violence pour éviter de prendre position, s’était fendu d’un communiqué pour appeler, au nom  de son parti, les initiateurs à requérir le maximum de consensus autour du projet.
 
Mais comme dans un conte de fées, c’est ce texte que Faure Gnassingbé dira avoir recueilli le consensus, pour avoir été travaillé par Jean Yaovi Dégli, qui ne représente que lui-même. Même après cette sortie de l’ « Esprit nouveau », l’Anc qui, qu’on le veuille ou non,  incarne le mieux les aspirations du peuple togolais à l’alternance – ils sont nombreux, les partis et personnages à parler au nom du peuple, même Jean Dégli -, a protesté contre cette politique de l’autruche. Bon, on concède que l’« Esprit nouveau » multiplie cette position par zéro sous prétexte qu’elle vient d’un parti concurrent, et donc suscitée par des calculs politiciens. Mais voilà, ce projet n’a non plus reçu l’aval de la Ltdh, l’organisation de défense des droits de l’Homme par excellence au Togo. Faure Gnassingbé aurait encore une petite considération pour le peuple togolais qu’il aurait pu se donner du temps pour requérir davantage de consensus autour du projet avant de l’envoyer à l’Assemblée nationale pour adoption. Mais il l’a fait malgré les protestations des uns et des autres. Assez symbolique du très peu de respect qu’il a pour le peuple.
 
« Ce n’est pas trop étonnant. Ce pouvoir n’a aucun respect pour les Togolais, sinon il y a des choses qu’il ne ferait pas. Regardez ce qui s’est passé au moment fort de la vie chère. Pendant que des gouvernements sur le continent prenaient des mesures sociales pour amoindrir le choc à leurs gouvernés, chez nous on n’a eu aucune peine à enfoncer le clou en augmentant les prix du ciment, du pétrole et autres. Comment cela peut-il en être autrement, lorsque les dirigeants se savent ne pas détenir leur légitimité du peuple, mais de la force et de la fraude électorale ? », peste un compatriote, avant d’anticiper même sur l’échéance électorale de 2015. « Normalement ce mandat est le tout dernier de Faure Gnassingbé, mais à l’allure où vont les choses, j’ai bien peur qu’il ne chie sur la volonté du peuple qui voudrait bien voir autre chose et joue les prolongations », pressent-il.
 
Tino Kossi
 
source: liberté hebdo togo

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