Les inondations sont un phénomène récurrent au Togo. Des populations en connaissent depuis des lustres et en souffrent encore actuellement. La petite saison semble plus abondante et les pluies diluviennes tombées ces derniers temps créent la désolation. Si la basse ville elle, ne résiste pas souvent aux pluies, les quartiers périphériques sont également touchés. Adakpamé, Kagomé, Agoènyivé et autres sont affectés, de même que des localités rurales avoisinantes.
 
A Lomé la plupart des axes routiers sont envahis d’eau, affectant la circulation. Un tour au niveau de l’Hôtel Todman permet de se rendre compte de l’ampleur du drame. Au même moment les enceintes des maisons d’habitation et même les chambres sont inondées, causant des dégâts matériels et délogeant les occupants. Le cas des quartiers de la périphérie Est de Lomé sort du lot. A cause de la situation, la plupart des élèves du coin n’ont pas encore effectué leur rentrée scolaire, et la nature ne leur permet pas d’envisager de le faire de si tôt. Des images de certains villages de la préfecture de Yoto affectés par la montée du fleuve Mono montrent tout le drame vécu. La situation n’est pas près de s’améliorer vu que les pluies continuent de tomber.
 
La grande agitation
 
Ayant du goût au folklore, les gouvernants ont commencé à s’agiter. Pour donner l’impression d’être préoccupé par la situation, le fameux Comité interministériel chargé de la gestion des inondations s’est réuni prestement lundi. Sa mise en place ne date pas d’aujourd’hui, mais il est entré en hibernation durant le temps de son existence, et ses membres ne se sont rappelés qu’il fallait se réunir qu’avec la résurgence des inondations. Cette rencontre présidée par le Technocrate désœuvré Gilbert Houngbo et qui a eu lieu en présence d’une batterie de responsables des Forces Armées Togolaises (FAT), aurait servi à « faire le point de la situation des sites d’accueil des sinistrés des inondations », et de « réfléchir sur les moyens à mettre en œuvre pour rendre opérationnels, dans les meilleurs délais, ces points d’accueil afin de soulager la souffrance des populations », à en croire le journal du pouvoir. Autour de la table, les ministres de l’Action sociale Ibrahima Méimounétou, Komla Mally de la Santé, Kossi Ewovor de l’Agriculture, Atcha Titikpina de la Sécurité et de la Protection civile. Ce dernier était en quelque sorte la star de la rencontre, parlant presque au nom de ses collègues. Il a rappelé que « son département s’est déjà engagé dans le secours des sinistrés avec la mise en activité… de quinze zodiacs », une façon de dire qu’il fait beaucoup pour sauver les populations sinistrées. Selon toujours le ministre, « les responsables des différents départements ministériels impliqués dans la gestion des inondations sont instruits (ndr, certainement par Faure Gnassingbé) de prendre des mesures urgentes afin que les autres centres soient ouverts dans les meilleurs délais ». Tout a été fait en présence des cameras et micros des médias publics, pour montrer que les gouvernants sont préoccupés par le sort des sinistrés.
 
Des palliatifs au lieu des vrais remèdes
 
Le rituel consiste à voir la ministre de l’Action Sociale Ibrahima Méimounétou descendre sur le terrain et consoler les sinistrés avec quelques gadgets constitués de nattes, détergents, eau de javel, savon, sucre, riz et autres. Elle va certainement reprendre à nouveau son bâton de pèlerin lorsque le niveau des eaux va un peu diminuer. Les inondations deviennent récurrentes au Togo, mais que font les gouvernants pour lutter contre le phénomène ?
 
Il est loisible d’entendre les officiels parler de changements atmosphériques, de ciel en dérangement – ça c’est la formule sacrée du Col. Atcha Titikpina- comme causes des inondations récurrentes. L’autre réflexe consiste aussi à charger proprement les habitants de construire dans des zones d’inondables. Certes les inondations sont des conséquences de pluies incessantes, mais il y a un facteur aggravant ou plutôt favorisant le phénomène : le manque d’infrastructures de canalisation des eaux. C’est la grande cause des inondations à Lomé. Et il suffirait d’agir sur ce facteur pour réduire considérablement le fléau. Même si Adakpamé et les quartiers environnants sont situés dans des bas fonds, on pourrait minimiser beaucoup les inondations en les dotant d’égouts et autres points de rétention d’eau. Cela vaudrait également pour Agoènyivé et les autres quartiers souvent inondés. Mais la volonté politique n’y est pas. En lieu et place, on préfère des palliatifs, des calmants. C’est ce qui voit le gouvernement décaisser des fonds et construire des centres d’accueil pour abriter les sinistrés des inondations. On verra bientôt des populations convoyées vers ces centres, qui sont de jolis bâtiments spécialement construits pour les besoins de la cause. Lorsque les eaux vont se retirer de leurs domiciles, les sinistrés les regagneront, et rendez-vous sera pris pour les prochaines inondations. De l’amateurisme ! C’est comme rabaisser les températures avec de l’Efferalgan et croire guérir le paludisme, s’occuper des symptômes d’une maladie et laisser ses causes véritables.
 
Tino Kossi
 
source : libertetg.com

 
 

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