Les agressions le 15 septembre des manifestants de l’opposition par des miliciens armés à Adéwui, suivies de la scandaleuse sortie médiatique du ministre Gilbert Bawara, a provoqué une vive indignation et des inquiétudes tous azimuts. En tirant visiblement leçons, l’opposition opte pour la sagesse tout en maintenant une mobilisation dissuasive.
 
Pendant trois jours, les 25, 26 et 27 septembre, le Collectif « Sauvons le Togo » et la Coalition Arc-en-ciel ont prouvé aux yeux du monde, la profondeur de l’aspiration des Togolais à l’alternance et à des élections transparentes et crédibles. Sous la canicule les deux premiers jours, comme sous la pluie le dernier, ils étaient des centaines de milliers à participer aux marches à travers les rues de Lomé. De Bè-Chapeau à l’esplanade du Palais des Congrès, c’est dans une ambiance surchauffée que les militants déambulent aux côtés des leaders, renforcés en cela par le rapprochement entre les deux principaux regroupements de l’opposition.
 
De plus en plus, le mot d’ordre se résume au départ du pouvoir de Faure Gnassingbé. Le CST ainsi que la Coalition Arc-en-ciel, se disent disposés à en discuter avec les partisans du pouvoir. Nuance cependant ; si le regroupement des partis politiques et organisations de défense des droits de l’homme, présidés par Me Zeus Ajavon exigent le départ immédiat de Faure Gnassingbé, son allié de la Coalition Arc-en-ciel se dit disposé à attendre le terme de son mandat présidentiel qui finit en 2015. Coordonnée par Me Dodji Apévon, dans le cadre d’une présidence tournante, la Coalition exhorte toutes les forces de l’opposition à une alliance électoraliste pour battre le parti au pouvoir, aux prochaines élections législatives et se contenterait d’une annonce de la limitation du mandat présidentiel avec effet immédiat, ainsi que du retour au scrutin uninominal à deux tours pour les législatives et présidentielles.
Echaudé par le rapprochement des deux courants au sein de l’opposition au moment où il manœuvrait pour les diviser davantage, le pouvoir qui visiblement n’a pas encore abandonné son projet d’un passage en force électorale, peaufine sa stratégie, usant de la violence comme élément dissuasif pour les populations en manque d’alternance. Une stratégie de la terreur qui a toujours marché par le passé, mais qui échoue désormais sur une détermination populaire, que très peu d’observateurs pouvaient prédire. C’est ainsi que le choix du refus d’un dialogue sincère affiché par Faure Gnassingbé à travers la composition d’un Gouvernement dominé par les caciques et autres adeptes de la frauduleuse électorale, se trouve enrhumé par l’unanime position des partis de l’opposition, s’abritant derrière des préalables pour bouder le dialogue proposé par le Premier ministre Arthème Ahoomey-Zunu.
 
Avec les trois jours de manifestations pacifiques sans heurts, l’opposition gagne du terrain dans sa quête du respect de la liberté de manifestation, que redoute tant le pouvoir. Même les manifestations organisées en guise de riposte, à coup de millions, semblent loin de décider les stratèges électoraux d’avancer dans leur projet de frauduleuses électorales. En face, dopée par le succès de la série des trois jours, l’opposition compte maintenir des manifestations rapprochées. A cela s’ajoutent pour le pouvoir, les multiples mouvements d’humeur annoncés au plan social, dans les secteurs de l’enseignement primaire, secondaire et supérieur, culturel, et contre le phénomène de la vie chère.
 
« C’est un succès total. Ces manifestations ont l’avantage de prouver la détermination des populations. C’est le moyen pour faire entendre raison au pouvoir », analyse Jean-Pierre Fabre, ce jeudi à la fin du troisième jour. Il ne reste qu’à attendre le programme des prochaines manifestations qui devraient également s’étendre aux villes de l’intérieur du pays. Mais le pouvoir lui, multiple les initiatives confirmant la tenue des élections qui de toute évidence, ne pourraient cependant se tenir dans l’agenda républicain. Ce qui impose davantage, un consensus à la fin de la législature actuelle projetée entre le 10 octobre et le 10 novembre dans un avis émis au Gouvernement par la Cour Constitutionnelle.
 
koaci
 

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