La diaspora royalement  écartée lors des élections, mais associée au processus de réconciliation made by Faure

 
La semaine dernière la Commission Vérité, Justice et Réconciliation bouclait deux ans d’activités, pour une mission censée durer dix-huit mois. Après plusieurs mois de léthargie, la Commission était devant la presse pour un bilan partiel de ses activités. On retiendra pour l’essentiel que c’est au total 20 011 dépositions qui ont été enregistrées. C’était aussi l’occasion pour Mgr Nicodème Barrigah d’annoncer l’ouverture de la phase des investigations, pour vérifier la véracité des allégations contenues dans les dépositions. Si jusqu’ici les activités menées n’ont concerné que les Togolais vivant au pays, la CVJR a décidé de consulter les compatriotes de la diaspora aussi.
 
La Commission  a entamé du 31 mai et ce jusqu’au  26 juin une « mission de sensibilisation et d’échanges » avec les compatriotes de la diaspora. Elle se rendra  en France, en Belgique, en Allemagne, au Canada et aux Etats-Unis, au Bénin, au Ghana et au Burkina Faso. L’objectif est de recueillir aussi leurs dépositions. Pour les besoins de la cause, Mgr Barrigah leur a adressé un message. « A vous, frères et sœurs de la Diaspora », les a-t-il apostrophés, en bon prélat. « Avec dévouement, patience et espérance, la Commission Vérité, Justice et Réconciliation poursuit la délicate mission qui lui a été confiée il y a deux ans au service de la réconciliation dans notre Pays. Après la phase des dépositions qui nous ont permis d’enregistrer au total 20.011 dossiers, nous venons de lancer celle des investigations afin de vérifier les allégations contenues dans les plaintes reçues. Dans les prochaines semaines, si Dieu le veut, nous organiserons les audiences publiques, «in camera» et en privé au cours desquelles les victimes, témoins et auteurs présumés pourront nous livrer le récit de certains pans de notre histoire douloureuse, émaillée de violences et de violations multiformes  », leur a-t-il dit, comme pour faire l’état du boulot qui a été abattu et les tenir informés des prochaines opérations, avant de leur annoncer : « Pour bannir à jamais de telles atrocités, il est nécessaire que nous prenions ensemble la décision de «changer d’attitude». C’est pour nous mettre à votre écoute, recueillir vos «contributions» et réfléchir avec vous sur le processus de réconciliation en cours que nous avons jugé opportun d’organiser ce voyage ». Et pour les mobiliser davantage, le président de la Commission a essayé de les toucher dans leurs fibres sentimentales. « Nous connaissons tout votre attachement à notre Pays et savons que votre plus beau rêve est de le voir plus uni, plus juste et plus prospère. C’est également notre vœu le plus cher, notre prière et la raison de notre engagement. Nous vous attendons à l’une ou l’autre des étapes de notre mission », dixit le message.
 
Bien belle initiative que celle d’associer les Togolais de la diaspora aussi à ce chantier grandeur nature que la réconciliation des fils et filles du pays. La plupart d’entre eux avaient quitté le Togo au moment des troubles sociopolitiques des années 90 pour échapper à la soldatesque d’Eyadéma. Ils ont certainement beaucoup de récriminations sur le cœur. Il est donc utile de recueillir leurs dépositions aussi, pour une réconciliation totale. « Ouf ! Pour une fois le pouvoir Rpt se souvient des Togolais de la diaspora et les associe à quelque chose. Les rares fois qu’on voie le pouvoir s’acoquiner avec eux, c’est lors des voyages des officiels à l’extérieur où ils regroupent autour d’eux dans une salle une poignée de ces compatriotes, et là aussi pour une récupération politique…On les oublie quand il s’agit des élections, mais comme par enchantement, on se souvient d’eux lorsqu’il s’agit de la réconciliation très chère au pouvoir en place, Dieu soit loué ! », s’est gaussé un concitoyen à l’annonce de cette nouvelle.
 
Cette réaction n’est que trop légitime et est assez représentative de l’opinion générale. Cet intérêt subit pour la diaspora ne peut que surprendre le commun des Togolais, quand on sait que les compatriotes vivant à l’étranger ont toujours été oubliés par les gouvernants togolais, que ce soit sous le père ou sous le fils. La diaspora est écartée surtout lors des élections. C’est devenu une tradition de nos jours, presque tous les pays associent leurs compatriotes vivant à l’extérieur au choix des dirigeants. Même les petits pays qui ne sont pas des références démocratiques, et des plus pauvres du monde organisent le vote de leurs compatriotes de la diaspora. Ces derniers sont ainsi appelés à aller voter dans les représentations diplomatiques de leur pays où sont installés des équipements appropriés. La pratique est adoptée dans nombre de pays d’Afrique : Gabon, Guinée, Côte d’Ivoire etc. Mais au Togo, on choisit de rester en marge de cette civilisation.
 
La diaspora dont le nombre n’est pourtant pas négligeable – on parle de plus d’un million de compatriotes vivant à l’extérieur – n’est jamais associée au choix des dirigeants togolais. Question de moyens, dites-vous ? C’est en tout cas ce qui a toujours été argué, mais ce n’est là qu’un alibi pour dissimuler le vrai mobile. D’ailleurs les gouvernants auraient réellement la bonne volonté de le faire qu’ils trouveront forcément des partenaires prêts à supporter le coût financier. Le problème, c’est que la diaspora a toujours été conçue par le pouvoir Rpt comme acquise à l’opposition, lui permettre de voter c’est donc concéder un million de voies en plus à ses adversaires, voilà la mentalité qui prévaut à cette discrimination observée tant sous le père que sous le fils pourtant dit incarner un « esprit nouveau ». Mais comme le processus Vérité, Justice et Réconciliation c’est celui du pouvoir, Faure Gnassingbé en a grand besoin pour pouvoir gouverner, on a trouvé les moyens d’ associer les Togolais de l’extérieur!
 
Tino Kossi
 
source: liberté hebdo togo

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