C’est depuis le début de l’année 2010 que la ville de Kpalimé, localité située à une centaine de kilomètres à l’Ouest de Lomé connaît des remous sans cesse liés à la gestion de ses marchés. Une telle situation, les autorités locales tentent tant bien que mal de la dissimuler. Au centre de la discorde, le nouveau marché de la ville offert aux populations par Faure Gnassingbé en février dernier au plus fort de la période de pré-campagne pour l’élection présidentielle du 04 mars 2010 où il fallait faire les yeux doux aux populations, afin de conquérir leur cœur ou plutôt, leurs voix.
 
Selon les informations recueillies auprès des revendeuses, c’est depuis très longtemps qu’il y a un projet de rénovation de l’ancien marché. Pour ce faire, le président de la délégation spéciale de la localité et la présidente des femmes revendeuses ont demandé à tous les commerçants, en l’occurrence les femmes, de mettre la main à la poche pour les travaux. Une collecte de 11.000 Fcfa par personne a été décidée de commun accord. « Ils nous ont dit qu’il faudrait que nous cotisions pour les travaux et qu’il y avait des aides étrangères qui vont arriver, racontent-t-elles. Mais avant l’arrivée de ces aides, il fallait que nous-mêmes nous ayons un fonds. Nous avions débuté cette collecte et elle était en cours quand une rumeur a circulé, faisant état de ce que Faure a financé la construction d’un nouveau marché dans notre ville ». Et sans surprise, le nouveau marché promis sort de terre et est inauguré le 10 février dernier par le candidat du Rassemblement du peuple togolais (Rpt) accompagné pour l’occasion de tout son attirail de campagne. A la fin de la cérémonie de remise lors de la visite des hangars par Faure, celui-ci se serait montré très surpris de la piètre qualité des travaux.
 
En effet, malgré les centaines de millions de francs Cfa injectés dans le projet, ce sont des espèces de « cages d’oiseaux », n’excédant pas trois mètres carrés (3 m2) qui sont livrés comme hangars. Les commerçants ne cachent pas leur amertume quant à l’idée de s’installer dans ces sortes d’enclos. Pour ces derniers, dont la plupart sont habitués aux grandes espaces, pas question d’endurer ce calvaire en allant au nouveau marché. Ils pointent du doigt l’absence sur les lieux d’entrepôts devant abriter leurs marchandises, de gare routière (le marché étant situé en périphérie de la ville), de poste de police ou de gendarmerie pour la sécurité des lieux et une batterie d’autres négligences. « Nous avons saisi les autorités de notre ville pour leur faire part de nos doléances », nous confient-ils.
 
Aujourd’hui, les ponts d’un dialogue constructif semblent rompus entre les populations et les autorités de la localité qui ont opté pour la solution des biceps dans la gestion de cette affaire. Les  commerçants de l’ancien marché se plaignent continuellement des menaces qui leur sont envoyées par les représentants du pouvoir central dans le but de les contraindre à rejoindre les nouvelles installations. La présidente des revendeuses, Mme Koutowogbé Adjoa, dite Agouvi est soupçonnée par ses consoeurs d’être de connivence avec le président de la Délégation Spéciale de la ville, M. Samtou Victor dans l’orchestration de ces méchancetés à leur endroit. Plusieurs ultimatums leur ont été déjà envoyés dont le dernier est libellé comme suit : « Le président de la Délégation Spéciale de la commune de Kpalimé a le plaisir d’informer toute la population de Kpalimé et de ses environs en général, les commerçantes et commerçants en particulier que la date butoir pour l’intégration du nouveau marché du Château, joyau offert par le Chef de l’Etat, est impérativement fixé au 30 octobre 2010 ». « Doit-on obliger les gens à accepter des cadeaux ? Kpalimé est assez grande pour accueillir deux marchés comme plusieurs autres localités de notre pays », soutiennent les femmes de l’ancien marché qui étaient hier dans les rues pour exprimer de vive voix, leur  protestation au préfet de la localité, M. Alagbé Kokou Bayédjê.
 
Si une partie des commerçants accepte de rejoindre les nouvelles installations, une autre se montre par contre très réticente à l’idée d’aller occuper ces drôles de hangars. Cette dernière soutient que deux marchés peuvent fonctionner  sans problème dans la localité.
 
Autre problème relevé par les femmes, l’immixtion du préfet Bayédjê dans cette affaire. En effet, la semaine dernière, nous rapporte-on, ce dernier a fait arrêter et enfermer une revendeuse et un caméraman de la localité qui réalisait un film dans lequel les femmes donnaient leurs opinions sur l’initiative des autorités de les déloger, une chose qui n’a pas du tout plu au préfet qui a non seulement saisi le matériel de travail du caméraman, mais a fait enfermer  les deux personnes à l’origine de l’initiative durant plusieurs heures au commissariat de Kpalimé. Le matériel de travail du cameraman se trouve toujours entre les mains de la police. « Est-ce qu’un préfet a le droit de se mêler des affaires relatives aux marchés ? », s’interrogent les habitants.
 
D’après certaines sources qui ont requis l’anonymat, si le préfet et le président de la Délégation Spéciale de la ville se démènent tant pour envoyer les commerçants vers le nouveau marché, c’est parce qu’il y a un projet de vente des anciennes installations à des opérateurs économiques chinois. Vérité ou canular ? Affaire à suivre.
 
Olivier Adja
 

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