Décidément, la tranquillité du gouvernement, après avoir réglé début 2012, les crises majeures des universités du Togo et des enseignants, n’aura été que de très courte durée. Cette fois-ci, c’est l’ex-aile marchante du parti unique, la CNTT ( Confédération Nationale des Travailleurs du Togo) qui agite la menace d’une grève, certes à demi-mot. A l’origine de cette crise des nerfs, des engagements que le gouvernement n’a pas tenus. Voilà qui annonce les couleurs de l’année 2012 au Togo, sur le front social.
Le gouvernement Houngbo II sera encore probablement mis à rude épreuve. Après avoir brillé par des promesses fallacieuses à l’endroit des travailleurs du secteur public, il risque fort de payer l’addition. Une addition d’autant plus salée que la CNTT qui dit avoir de tout temps privilégié le dialogue, la concertation, se rend à l’évidence que cette démarche à l’arrivée, est inefficace et prend des allures d’un vaste marché de dupes avec pour chef d’orchestre, Houngbo II.
En effet, à la Conférence de presse qu’elle a organisée mercredi dernier, elle dit avoir été flouée. Selon les décisions issues du dernier Conseil national du dialogue social, le gouvernement s’engageait à augmenter de 10 à 12%, les traitements des fonctionnaires et à relever légèrement la valeur indiciaire. Mais les fonctionnaires qui ont déjà perçu leurs dus à la fin du mois de janvier ont sans doute pu s’en apercevoir. Seuls 5% ont été appliqués. Une situation devenue d’autant plus inquiétante que « les 5% appliqués ont entraîné des diminutions de salaires, surtout avec le retrait des 5000 F d’indemnité de transport et l’application sur les 5% de l’IRPP (Impôt sur les Revenus des Personnes Physiques) et la cotisation pour l’assurance maladie », regrette Mme Nadou Lawson, Secrétaire générale de la Fédération nationale des syndicats du secteur public. Elle fulmine en outre, dénonçant la mauvaise foi du gouvernement : « Le gouvernement lui-même nous a promis une revalorisation de la grille salariale et de la valeur indiciaire. Nous avons attendu, nous avons patienté depuis 2006. Mais il n’y a rien de tout cela ».
Quant à M. Agui Palanga, SG de la CNTT, il assène en dressant un constat sans complaisance de la manière douce qu’ils privilégient dans le cadre des revendications sociales des travailleurs : « Aujourd’hui, il est devenu clair pour tout le monde que ce ne sont pas les moyens qui manquent réellement, mais que c’est un manque de volonté du gouvernement qui ne satisfait que ceux qui descendent dans la rue. La CNTT considère que son choix du dialogue s’échoue sur la réalité du terrain et appelle les agents de la Fédération Nationale des Syndicats du Secteur Public (FENASSEP) à une assemblée générale ce vendredi pour déterminer la marche à suivre pour l’obtention de l’amélioration de leur rémunération qui a abouti à un 5% au lieu des 10 à 12%. Cette AG à laquelle est invitée toute la base se tient aujourd’hui. L’idée étant de déterminer, comme le martèle le SG de la CNTT, la démarche à suivre, après l’échec cuisant de la méthode de dialogue.
De là à penser que la CNTT pourrait décider d’abandonner le dialogue dont l’efficacité reste douteuse, pour s’inscrire dans la démarche de ceux qui « s’agitent ou descendent dans la rue » mais que curieusement, le pouvoir écoute, il n’y a qu’un pas que beaucoup d’analystes n’hésitent pas à franchir. Voilà qui devrait donner dans les jours à venir, le coup d’envoi d’un bras de fer entre l’ex-aile marchante du RPT et le gouvernement Houngbo II et paralyser les activités dans le secteur public. S’achemine-t-on vers un remake de la Grève Générale Illimitée ? Le ministre en charge de la Fonction publique, Solitoki Esso pourra-t-il désamorcer la menace de cette crise qui couve déjà ? Ou les vieilles méthodes à savoir les intimidations et menaces de renvoi seront encore brandies ? Pour rappel, il n’était pas inhabituel de voir des fiches de contrôle de présence circuler dans les divers services et administrations publics en ces occasions, le tout étant fait pour décourager l’élan des frondeurs. Pour rappel également, la CNTT avait par le passé, brillé par ses appels au boycott par les fonctionnaires, des mots d’ordre de grève lancés par ses pairs. Serait-elle aujourd’hui victime de ses propres turpitudes ? Comme le dirait l’autre, la roue de l’Histoire tourne et chacun a son tour chez le coiffeur.
Magnanus FREEMAN
liberte-togo.com

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