Che Alphonse Lawson-Hellu

Le titre de cet article ne vient pas de nous. Il est le titre d’un ouvrage qu’un intellectuel togolais de renommé, très proche du dictateur Eyadema, se proposerait de publier sur ce dernier mais seulement à titre posthume. Cette anecdote met en relief le climat délétère de la production intellectuelle et cinématographique au Togo au sujet du personnage historique et controversé d’Eyadema
Depuis la mort du Général Eyadema, on remarque un silence de production intellectuelle drastique sur le personnage et son parcours légendaire et tumultueux. Pas de bouquin, ni de film, ni de documentaire. C’est un désert intellectuel honteux. La majorité des intellectuels togolais n’ont pas le courage de leur génie. Ils sont tous tétanisés par la peur, la psychose du règne féodal du fils .Certains sont plutôt tentés par la collaboration, préférant le gain facile et la sécurité au courage de leurs idées. D’autres, poltrons, se cachent derrière la culture traditionnelle du respect de la mémoire des défunts. Pour le reste, c’est la résignation tout simplement.
Le professeur Messan Gnininvi a défini l’intellectuel comme celui qui est capable de consentir des sacrifices pour ses idées. N’avons donc pas d’intellectuel au Togo?
Le personnage du dictateur défunt devrait normalement inspirer des romans, des nouvelles, des ouvrages de sciences politiques, des livres d’histoire, des biographies, et des pans entiers de l’Histoire du Togo. On n’écrira pas sur Eyadema pour écrire sur lui car sa personne en elle –même n’est nullement intéressante, parce qu’elle évoque meurtre, torture, fourberie, souffrance, misère, dictature, autocratie, phallocratie, mensonge, division, gaspillage, vols, culte de la personnalité…..On n’écrira sur lui parce que sa vie est intimement liée à l’Histoire du Togo depuis le coup d’État de 1963 jusqu’à sa mort apparemment mystérieuse en février 2005. On écrira sur lui pour entretenir la mémoire des Togolais présents et des générations futures en vue d’éviter de tomber dans la l’amnésie collective de notre Histoire tumultueuse et calamiteuse ; surtout éviter que la « catastrophe nationale » ne se reproduise, plus jamais. Éviter enfin qu’une personne aussi hideuse et immonde ne vienne plus pourrir et détruite la vie de tout un peuple en un temps de règne aussi long. Encore que sa longévité au pourvoir reste un sujet entier à décortiquer. Au cours de sa vie, Eyadema s’est employé à grand investissement à falsifier l’Histoire du Togo. À sa mort, son fils perpétue la tradition à travers toute sorte de subterfuge notamment la commission bidon de l’hypocrite charlatan Birregah, paré dans son rôle d’endormeur des consciences de ses concitoyens. Eyadema a tué des Togolais et détruit le Togo, Faure Gnassingbé et Birregah veulent tuer la mémoire et rendre les Togolais amnésiques de leur Histoire et polir la mémoire de son géniteur, pourtant assassin, qui se voit auréolé, comble de ridicule, du vocable du « père de la nation ». Un double meurtre à l’endroit du Peuple togolais : meurtre physique par Eyadema et son fils Faure, meurtre de la mémoire par Faure et Birrégah.
Sans être exhaustif, nous aimerions cependant saluer le travail remarquable et courageux de certains éminents auteurs qui ont osé publier sur Éyadéma de son vivant et les rares qui osent publier sur le personnage à sa mort sans tomber ni céder à la grande escroquerie de la mémoire collective.
Nous saluons l’œuvre historiquement courageuse de Nutepé Andoch Bonin notamment « Le Togo du sergent au général ». Aussi voulons-nous saluer le travail acharné et courageux de Claude Ameganvi , son extraordinaire contribution à l’Histoire politique du Togo et ses récentes publications : « 47 années de dictature sanguinaire du régime en place sous feu Etienne Gnassingbé Eyadema et son fils Faure Gnassingbé »;Togo : 27 avril 1958/1960 30 biographies des artisans de l’indépendance nationale « ablodé ! » volume 1. Nous ne saurons passer sous silence le travail remarquable et monumental du doyen Têtêvi Godwin Godwin Tété-Adjalogo notamment « Histoire du Togo, La longue nuit de terreur (1963-2003), Volume 1 et Histoire du Togo, La palpitante quête de l’Ablodé (1940-1960).
Enfin nous rendons hommage à la mémoire de l’universitaire, journaliste, politologue et historien Atsutsè AGBOBLI, cet intellectuel atypique et hors pairs qui est allé jusqu’au sacrifice suprême pour ses idées sous le règne de Faure Gnassingbé, le fils d’Eyadema. Nous soulignons particulièrement son ouvrage dont il a eu le courage de le présenter à Eyadema et de lui lire des extraits : « Sylvanus Olympio, le père de l’indépendance togolaise». Notons que les vingt milles exemplaires commandés n’ont jamais été distribués au Togo par les éditions NEA-Togo sur instruction formelle d’Eyadema, le chantre de l’obscurantisme.
Dans cette période actuelle de grande confusion intellectuelle, morale, politique et identitaire, nous invitons les Togolais et plus essentiellement la jeunesse en quête de repère, de modèle et de sens à donner l’action politique à se procurer ses ouvrages et les lire. Nous aurons ainsi contribué à préserver la mémoire collective et à ouvrer pour mettre fin définitivement à « la catastrophe nationale» qui perdure.
Et comme le dit si bien, André Frossard « La maladie la plus répandue chez les hommes politiques est l’amnésie. » .Le Peuple togolais peut pardonner mais n’oubliera jamais.
Unis pour la même cause, la lutte continue !
Che Alphonse Lawson-Hellu
Canada
lawsalf@yahoo.fr
www.mtn-togo.org

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