La CDPA-BT demande à la masse de la population de ne pas se laisser tromper une fois de plus par des hommes qui se jouent d’elle en exploitant sa pauvreté et sa misère. Elle réaffirme une fois encore que la lutte pour la démocratie est une lutte collective où chacun a quelque chose à faire, ensemble avec les autres, pour un Togo démocratique où il fait bon vivre. C’est ensemble que l’on gagne la liberté sur l’oppression.
 
Le bruit de la campagne électorale a commencé à se faire entendre depuis quelques mois déjà. Il accentue la grande confusion dans laquelle le pays est plus que jamais entretenu. Dans le cas précis de la campagne pour les élections législatives, la fonction politique de cette confusion est, rappelons-le, de permettre à chacun des aspirants à un siège de député ou autres postes, de faire ce qu’il veut ou ce qu’il peut, de dire n’importe quoi, de tromper. De mentir tant aux autres qu’à soi-même. “C’est ça la politique”, dit-on.
 
Gilchrist Olympio a fait un meeting à Mango le week-end du 15-18 mars 2012. Dans ce contexte de la campagne pour les législatives, les sénatoriales et le local en vue, personne ne peut évidemment se tromper sur les motivations réelles de ce déplacement massif et de cette réunion. El Hadj Brim Bouraïma Diabacte est le premier vice-président de l’UFC revue et corrigée depuis août 2010. El Hadj Brim Bouraïma Diabacte est originaire de Mango.
 
Après avoir fait un éloge débordant de ce digne fils du cru, Gilchrist Olympio poursuit, en disant aux participants du meeting, que ce n’est pas seulement par simple envie de les rencontrer qu’il vient à Mango. C’est parce que, dit-il, à chaque fois qu’il pense à cette ville, “c’est l’histoire du Togo qui lui revient à l’idée”. Et d’expliquer : “Je venais ici depuis 50 ans quand j’accompagnais mon père feu Sylvanus Olympio dans cette grande ville commerciale”. Et voilà la couleur annoncée.
 
L’UFC avait été créée en 1992 sur un mythe, le mythe de Sylvanus Olympio. À la veille de chaque élection depuis 1998, les dirigeants de ce parti agitaient déjà ce mythe pour pouvoir ratisser large. Ceux qui avaient créé et organisé l’UFC pour Gilchrist Olympio sur la base de ce mythe n’aimaient pas entendre dire cette vérité. Devenus aujourd’hui les dirigeants de l’ANC, peut-être réagiront-ils cette fois-ci différemment à cette remarque.
 
Gilchrist et ses AGO sont rentrés dans le gouvernement de Faure Gnassingbe depuis 2010, sous prétexte que “le combat pour l’avènement de la démocratie et de l’Etat de droit […] n’a pas atteint les résultats escomptés” ; et qu’il vaut mieux donc aller partager le pouvoir avec le RPT, c’est-à-dire aller collaborer avec un régime politique que le peuple veut voir disparaitre. Ils collaborent ainsi depuis près de deux ans. Mais rien n’a bougé dans le sens du changement démocratique auquel aspire toujours la grande masse de la population.
 
Les nationalistes togolais, avec à leur tête le grand Sylvanus Olympio, avaient conquis l’indépendance de haute lutte, à l’issue d’un combat mené pendant des années avec constance, ténacité et suite dans les idées. Ils n’avaient jamais dit qu’il faut aller partager le pouvoir avec le PTP (Parti Togolais pour le Progrès, le parti pro-français conduit par Nicolas Grunitzky) parce que la lutte pour l’indépendance n’a pas atteint les résultats escomptés. Un proverbe ewe dit : “Quand un grand arbre est déraciné, c’est un papayer qui pousse à sa place”.
On ne crée pas un parti politique sur un homme ou sur un mythe, mais sur une idée forte. Car, un homme finit toujours par mourir, de même qu’un mythe. Mais une idée forte reste. Et elle se nourrit tous les jours de la force organisée de tous ceux qui se retrouvent en elle et y croient.
 
Ceux qui avaient créé et organisé l’UFC depuis 1992 sont partis dans les conditions que l’on sait. Mais la pratique politique désastreuse qu’ils ont traînée avec eux pendant des années est restée. Gilchrist Olympio et ses AGO ne l’ont pas oubliée. Ils sont bel et bien allés agiter le mythe de Sylvanus Olympio à Mango dans le but évident de ratisser des voix pour les prochaines consultations électorales.
 
Gilchrist Olympio a beau proclamer dans son discours de Mango : “En venant ici, ce n’est pas pour faire de la politique politicienne, pour demander à ce qu’on vote pour Gilchrist… ”, personne n’est prêt à le croire. Car, il dit le contraire de ce qu’il pense. Il ment aux participants du meeting de Mango et à la population dans son ensemble.
 
Mais Gilchrist Olympio sait bien que le mythe sur lequel l’UFC est fondée meurt sans cesse, par suite de l’obscurantisme dans lequel le régime despotique d’Eyadema a entretenu le pays depuis des dizaines d’années, et au fil du renouvellement des générations. C’est pourquoi il a pris le soin d’accrocher des promesses fallacieuses à son arc.
 
Il caresse ainsi devant l’auditoire l’idée de la mécanisation de la riziculture irriguée dans les plaines inondables de Mango pour les groupements paysans. Motopompes, tracteurs, petits barrages… ; cinq tonnes de riz à l’hectare au lieu de deux ! Comme si l’idée de développement sur la base de la mécanisation de l’agriculture n’avaient pas été suffisamment galvaudée par le discours de “la Révolution verte” et autres “Plans de développement économique et social” depuis 1965 !
 
Cependant, Gilchrist Olympio reste prudent. Il s’engage “personnellement au nom de l’UFC à aider les paysans…”, mais il prend le soin de le faire indirectement : “… À notre retour à Lomé, nous irons voir le premier ministre […], nous allons envoyer d’urgence une note au ministre de l’Agriculture pour qu’il fasse quelque chose…”. Oui, “quelque chose” ! Et si rien n’est fait, ce ne sera donc pas la faute de Gilchrist Olympio et de son UFC, mais celle de Houngbo et de son Ministre de l’Agriculture !
 
Le bouquet, c’est cette histoire de “culture de la canne à sucre” et d’implantation “d’une usine de sucreries”. Gilchrist Olympio en aurait mûri l’idée “ensemble avec les filles et les fils de Mango…”. Dans son discours, le chef de l’UFC a rondement annoncé les chiffres : 40 000 tonnes de sucre, 3 000 ouvriers et 100 employés de bureau. La peau de l’ours… ! Il s’est donc bien gardé d’annoncer le montant des investissements requis et, comme on dit, les « bailleurs de fonds » prêts à apporter le financement !
 
Au total, un discours typiquement électoral. Ce n’est tout de même pas la première fois que Gilchrist Olympio découvre les petits paysans riziculteurs de la plaine de l’Oti, des cultivateurs sans semences, sans tracteurs, sans motopompes… Et puis, a-t-il vraiment besoin d’aller faire un discours là-bas, dans le vide, avant d’avoir vu le Premier ministre et d’envoyer une note au Ministre de l’Agriculture… ?
 
Gilghrist Olympio et ses AGO partagent le pouvoir avec le régime depuis près de deux ans maintenant. Ils auraient pu faire la démarche inverse vis-à-vis des paysans riziculteurs de Mango : aller d’abord voir le Premier ministre et envoyer une note au Ministre de l’Agriculture pour que “quelque chose” soit fait en faveur de ces paysans, avant de prendre la route pour Mango !
 
Et au demeurant, il n’a pas besoin d’aller proclamer à Mango ce qui aura été fait dans ce cas. Car, si le pouvoir qu’il partage avec le régime était démocratique, ce qui aura été fait l’aura été dans le cadre d’une politique nationale de développement économique et social, au profit de tous les citoyens togolais, sans esprit régionaliste ou clientéliste.
 
Et puis, après Mango, Gilchrist Olympio ira-t-il ensuite dans la basse vallée du Zio, puis dans la basse vallée du Haho ou du Mono, puis ailleurs encore promettre aux groupements paysans riziculteurs qu’il ira voir le Premier Ministre et fera envoyer d’urgence une note au Ministre de l’Agriculture afin que ce dernier “fasse quelque chose” ? Car, après cinquante ans d’indépendance, les paysans de ces régions aussi n’ont ni motopompes, ni tracteurs, ni semences… ! Et eux aussi ne travaillent toujours pas dans “de bonnes conditions”, comme il l’affirme lui-même !
 
Une dernière question. Pourquoi Gilchrist Olympio et son parti n’ont-ils pas “mûri ensemble avec les fils et les filles” de ces milieux propices eux-aussi à la culture de la canne à sucre, un projet d’implantation de sucreries. Vont-ils le faire ? Et comment pourront-ils réaliser leurs promesses électoralistes, quand ils se contentent de jouer les figurants dans un régime où le contrôle du pouvoir d’État et tout le pouvoir de décision leur échappent totalement ?
 
Quand on pose le problème crucial de l’alternative politique en termes de démocratie pour le développement, il y a des comportements politiques qu’on n’adopte pas, ou qu’on n’adopte plus :
 
1- On n’exploite pas, où on n’exploite plus l’analphabétisme politique de la
population pour lui faire, à la veille de consultations électorales, des promesses que l’on sait n’être pas en mesure de tenir. Au contraire, on respecte le citoyen électeur en lui disant la vérité. “Faire la politique” n’est pas forcément en contradiction avec le respect des valeurs morales, des comportements éthiques, bref des valeurs humaines.
 
2- On ne va pas clientéliser des fractions de la population en leur faisant des promesses contre leurs votes, même si à tout hasard on est en mesure de tenir ces promesses. Faire cela, c’est tenter de les acheter d’une façon ou d’une autre. Ce n’est pas démocratique. Parce que c’est mensonger. Le régime politique que veut le Togo de demain ne saurait s’accommoder du mensonge. Et il ne doit plus être un régime ploutocratique où la minorité fortunée confisque le pouvoir d’Etat aux détriments de la masse des citoyens.
 
3- On n’exploite pas la misère populaire pour atteindre ses objectifs politiques. Quand Faure Gnassingbe distribue ou vend moins cher ses sacs de riz (le Faurevi) contre des voix, en sachant bien que la précarité et la “vie chère” pousseront inexorablement la masse de la population démunie à se ruer sur ces sacs et à courir après aux urnes, il exploite la misère populaire pour atteindre ses objectifs électoraux.
 
C’est inacceptable, ne serait-ce que pour des raisons morales. Même si c’est sous une forme différente, Gilchrist et ses AGO font la même chose en allant promettre monts et merveilles aux gens de Mango pour avoir des voix. On ne fait pas une politique de développement –celle qui doit faire progresser les conditions de vie–, quand on fait de la pauvreté et de la misère populaires des conditions de la conservation du pouvoir, ou un marigot où l’on va pêcher des voix à la veille des élections.
 
La CDPA-BT appelle donc la masse de la population à la vigilance. Elle lui demande de ne pas se laisser tromper, une fois de plus, par des hommes qui se jouent d’elle en exploitant sa pauvreté et sa misère. Elle réaffirme une fois de plus que la lutte pour la démocratie est une lutte collective où chacun a quelque chose à faire, ensemble avec les autres, pour un Togo démocratique où il fait bon vivre. C’est ensemble que l’on gagne la liberté sur l’oppression.
 
La CDPA-BT considère qu’aujourd’hui plus que jamais, le cadre le plus propice pour faire ensemble quelque chose pour avancer la lutte pour la conquête d’un régime politique démocratique, c’est le MFAO : un cadre de réflexion, d’organisation et d’action ; un cadre non ficelé d’avance, et par conséquent perfectible, ouvert à tout apport tendant à améliorer ; un cadre dont les principes de base sont la suite dans les idées, la cohérence des propos et des pratiques politiques, la constance dans le cap sur une alternative politique pour le Togo.
 
Fait à Lomé, le 2 avril 2012
Pour la CDPA-BT
Son Premier Secrétaire
E. GU-KONU
 

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