Toute dictature se nourrit du sang de ses propres fils, dit-on souvent, et le Togo des Gnassingbé n’échappe pas à cette règle. Après Kpatcha Gnassingbé, Assani Tidjani, Béréna Gnakoudè, Nandja Zakari, voici le temps pour Pascal Akoussoulèlou Bodjona de passer de la lumière à l’obscurité en l’espace d’une journée. Rien de surprenant, puisque nous avions annoncé depuis longtemps le scénario qui consistait pour le plus « Faure » des Gnassingbé, à mettre le grappin sur son ancien ministre avec qui, visiblement, il a plusieurs contentieux. Faure Gnassingbé ne croque jamais sa proie à moitié, et il vient encore de le prouver ce samedi matin avec l’arrestation rocambolesque de son ex-ancien homme à tout faire.
 
Dans le différend qui l’oppose dans l’ombre depuis des années à son serviteur le plus zélé, le temps était devenu un facteur important au point que Faure Gnassingbé s’impatientait de la lenteur de la procédure judiciaire. Une procédure entachée de nombreux vices de forme qui permettait à au ministre « Grand format » de gagner du temps jusqu’à cette semaine où le fameux Emirati a débarqué au Togo et a été reçu à l’aéroport de Lomé par le ministre de la Justice Tchitchao Tchalim en personne et le colonel Yotroféï Massina. Dès qu’il a foulé le sol togolais, il a été reçu le mardi 28 août par Faure Gnassingbé lui-même avec qui il a certainement discuté des voies et moyens permettant de venir à bout de l’ancien ministre.
 
Mais comme d’habitude, Faure Gnassingbé dans sa sournoiserie et son cynisme légendaire a, la semaine dernière, appelé selon nos sources, Pascal Bodjona avec qui il a échangé. « Garde ton calme, sois serein, je ne comprends pas de quoi se mêle le ministre Tchalim », tels étaient les propos rassurants qu’il aurait tenu à son ancien ministre au moment où il projetait de le mettre aux arrêts. Le 13 avril 2009, au lendemain de l’expédition « kadangaise » contre le domicile de Kpatcha, il l’avait aussi appelé pour le rassurer ; mais la suite, nous l’avons tous vécue. Quel qualificatif peut-on trouver à un tel individu ?Si ce n’est un dictateur qui veut tout simplement se débarrasser de tous les obstacles sur son chemin pour pérenniser son règne ?
 
L’erreur de l’ensemble de la classe politique togolaise, y compris du pouvoir est d’avoir sous-estimé Faure Gnassingbé. On se souvient que le seul à avoir décelé très tôt le vrai visage de ce personnage est Jean-Pierre Fabre qui, au lendemain de sa prise sanglante du pouvoir, avait déclaré que ce garçon compliquera plus la vie aux Togolais que son père. Nous y sommes aujourd’hui.
 
Pour revenir à l’affaire proprement dite, la plainte supplémentaire truffée de fautes, d’erreurs de date qui a permis l’interpellation de l’ancien ministre avec un soit-transmis délivré par le 2è substitut du Procureur, Hyacinthe Adzolly pendant que la procédure judiciaire suit son cours, est surréaliste tout comme le comportement de la Gendarmerie qui s’est substituée dans ce dossier au Parquet. Que l’Emirati dans sa plainte déclare être impatient vis-à-vis de la lenteur de la procédure judiciaire et que cela ait suffi pour que les autorités togolaises s’exécutent en foulant au pied la loi, cela sort de l’entendement.
 
Mais une chose est évidente, le sort de Pascal Bodjona était scellé depuis des lustres par son mentor et on ne cherchait que le moyen approprié pour le mettre hors du circuit, et c’est ce qui vient d’être fait. Depuis la neutralisation de Kpatcha Gnassingbé sans que personne ne réagisse, Faure s’est dit qu’il peut disposer du droit de vie et de mort sur les Togolais qu’il considère comme ses sujets. Un tel personnage est très dangereux pour le Togo. Malheureusement, il y en a encore qui sont à son service avec beaucoup de zèle.
 
Ferdi-Nando
 
lalternative-togo.com
 

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