Avocats et défenseurs des droits de l’homme désavouent l’extradition éclaire de l’ancien ministre de la défense de Laurent Gbagbo, qui est réfugié à Lomé après la crise post électorale en Côte d’Ivoire. Un acte qui fait perdre au Dr Alassane Ouattara, la forte sympathie dont il bénéficiait au sein de l’opinion au Togo.
 
Lors de la crise armée ouverte après l’élection présidentielle en Côte d’Ivoire, de nombreux observateurs togolais sont montés au créneau pour fustiger le comportement du Président Laurent Gbagbo. Une tendance qui s’est renversée au lendemain de l’extradition de l’ancien ministre de la défense et responsable du FPI, Lida Kouassi, de Lomé où il s’est refugié, vers Abidjan, en violation des instruments internationaux en la matière.
 
Ce qui a d’abord choqué les voisins de celui qui est présenté comme étant un faucon du FPI, c’est l’armada déployée pour son arrestation le mercredi dernier, en marge du Sommet de l’UEMOA à laquelle prenait également part le Président Alassane Ouattara. « Il a été arrêté par un puissant commando armé, certains dans deux véhicules 4X4 et d’autres sur des motos. Ils ont perquisitionné pendant une heure chez lui et ils l’ont amené dans les locaux de la gendarmerie », a relaté l’ancien Premier ministre et avocat de Laurent Gbagbo dans le procès à la CPI, Me Joseph Kokou Koffigoh.
 
Le fait que cette opération soit menée par le Col Massina Yotrofaï, accusé de pratiquer des actes de tortures sur des détenus à l’Agence Nationale de Renseignement (ANR) dont il est le Directeur Général, a provoqué une révolte au sein de l’opinion. « Je ne veux pas me prononcer sur le fond. Mais sur la forme, cette extradition viole la Convention de Genève sur la protection des réfugiés politiques ainsi que le Protocole de la CEDEAO sur l’extradition signé en 1994 entre les Etats », fustige Me Raphaêl Kpanté-Adzaré, président de la Ligue Togolaise des Droits de l’Homme (LTDH).
 
Même son de cloche chez Me Kokou Koffigog qui se demande comment le président en exercice de la CEDEAO, peut participer à la violation d’un instrument de la communauté destiné à protéger les droits de l’homme. « Il ne s’agit pas d’une arrestation. Ce qui s’est passé, s’apparente à un enlèvement. Pas de mandat arrêt. Le mandat délivré par un juge étranger ne peur être exécuté que sous le contrôle de la justice togolaise et la personne visée doit bénéficier de toutes les garantie, notamment le libre accès à un avocat », explique l’ancien Batonnier de l’ordre des avocats de Lomé qui déplore que le domicile de Lida Kouassi a aussi été perquisitionné sans mandat de perquisition. 3J’ai fais des démarche au plus haut niveau, mais c’est avec surprise que j’ai appris le soir que Lida Kouassi a été embarqué dans l’avion pour Abidjan », a-t-il confié.
 
« Faure Gnassingbé a naturellement des prédispositions à la violation des lois. Mais comment un banquier de la trempe de Alassane Ouattara, peut il aussi tomber aussi bas dans la négation de l’Etat de droit », se demande un journaliste togolais. « Quand on a amené Lida Kouassi à la gendarmerie, chose curieuse, il s’est retrouvé nez à nez avec deux agents de police de Côte d’Ivoire qui l’attendaient et à qui ses objets saisis (ordinateur et portables) ont été remis », rapporte en outre Me Koffigoh qui ajoute que l’ancien ministre d’Etat qui vivait de la charité de ses amis à Lomé, a bel et bien introduit une demande de statut de refugié politique.
 
De son côté, le ministre togolais de la Sécurité, le Col. Dokissim Gnama-Latta a indiqué que Lida Kouassi a plusieurs fois rompu son obligation de réserve en s’exprimant dans la presse. Faux, rétorque le président de « Journaliste pour les droits de l’homme », Zeus Aziadouvo qui indique qu’il n’y a la moindre trace de déclarations de l’ancien fidèle de Laurent Gbagbo, dans la presse togolaise. Dans l’opinion, on dénonce un deal entre le Dr Alassane Ouattara et Faure Gnassingbé au détriment de l’Etat de droit et la démocratie dans les deux pays. « Faure Gnassingbé recherche ainsi le soutien du président en exercice de la CEDEAO dans sa tentative de passage en force électoral ». « Sous Laurent Gbagbo, le compatriote Kassiki a été extradé d’Abidjan vers Lomé dans l’affaire de Kpatcha Gnassingbé, sans un mandat en son nom », tempère un responsable d’association.
 
Au sein de la communauté des réfugiés ivoiriens au Togo, c’est la panique générale. « Aucun de mes amis, anciens proches de Laurent Gbagbo n’est accessible au téléphone depuis », commente un autre journaliste.
 
koaci.com

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