Clément_AGANAÏ


À quelques jours de la fin de la campagne pour l’élection présidentielle togolaise, les candidats se déchirent autour du système informatisé de transmission des résultats mis en place par Clément Aganahi, un expert électoral franco-béninois.
 
Mauvais présage pour l’issue du scrutin du 25 avril au Togo ? Les récriminations de plusieurs candidats dont le leader de l’opposition Jean-Pierre Fabre contre Succes (Système unifié de collecte et de centralisation pour les élections et les statistiques) compromettent les espoirs de résultats acceptés par tous au soir de la présidentielle.
 
Pourtant les choses s’annonçaient bien, après le consensus arraché par les experts de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF) début avril autour du fichier électoral soupçonné par les opposants d’être « conçu et réalisé pour permettre une victoire massive » du président sortant, Faure Gnassingbé.
 
Sécuriser les résultats devant les électeurs
 
Le système unifié de collecte et de centralisation pour les élections et les statistiques est l’œuvre de Clément Aganahi, expert en technologies électorales auprès de l’ONU et de l’UE. Pour les médias proches de l’opposition, l’intéressé ne serait qu’ »un mercenaire à la solde du parti au pouvoir ».
 
Le technicien franco-béninois s’en défend et explique que le dispositif vise principalement à sécuriser les résultats devant les électeurs, en collectant avec un téléphone simple utilisé par deux membres d’un bureau de vote, de tendances politiques opposées, les données électorales avant le transport de l’urne vers la Commission électorale locale indépendante.
 
Selon un ancien observateur des élections au Togo, « la proximité supposée de Clément Aganahi avec Gilbert Bawara, ministre de l’Administration territoriale, pose problème à certains, qui oublient de rappeler que l’expert a également de solides amitiés au sein même de l’opposition dite radicale ».
 
Surnommé « expert en fraudes électorales » par une partie de la presse togolaise, le Franco-Béninois relève que son système, déployé lors des législatives de 2013, avait alors permis de réattribuer un siège – initialement accordé au parti au pouvoir – à l’Alliance nationale pour le changement (ANC) de Jean-Pierre Fabre. Le même qui, cinq jours avant le prochain scrutin, a adressé un courrier au chef de l’État pour rejeter l’utilisation de Succes (voir le document ci-dessous).
 

>> Lire aussi Togo : l’OIF veille sur la présidentielle, Lomé se méfie de l’UE…

 
Risques de « réactions violentes et d’affrontements »
 
Le 20 avril, peu avant de publier cette missive, le principal challenger de Faure Gnassingbé a tenu également à dénoncer de vive voix l’utilisation de Succes à l’envoyé spécial de la Cedeao, le président ghanéen John Dramani Mahama.
 
« Nous ne voulons pas de ce système de proclamation des résultats », a-t-il fulminé au sortir de sa rencontre avec l’émissaire ouest-africain. Deux autres candidats de l’opposition, Aimé Gogué et Mouhamed Tchassona-Traoré, réclament aussi que la Ceni se limite à la collecte physique des résultats, « conformément à la loi ». De fait, l’utilisation de Succes n’a pas été inscrite dans le code électoral, qui date de 2012.
 
Le président de la Ceni, dans une interview accordée à Republicoftogo, a quant à lui expliqué que le système unifié de collecte ne venait qu’en appui de la collecte physique, qui reste le principal instrument utilisé. Lors des élections législatives de juillet 2013, Succes avait notamment permis aux Togolais de découvrir l’ensemble des résultats quelques heures après la fermeture des bureaux de vote, une première dans le pays.
 
Mais Jean-Pierre Fabre a lancé un avertissement solennel. En cas de désaccord persistant sur le sujet, le risque de « réactions violentes et d’affrontements » postélectoraux sera à craindre…
 
Lettre de Jean-Pierre Fabre à Faure Gnassingbé

 
source : Jeune Afrique

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