La démocratie togolaise au rythme des milices pro-RPT/UNIR
 
Dans la nuit de dimanche à lundi, une tentative d’assassinat a été perpétrée au domicile de deux responsables du collectif « Sauvons les étudiants » à Kara. Non content d’avoir fait exclure ces étudiants de l’Université de Kara, le pouvoir recourt à des miliciens et à ses sicaires pour leur « faire la peau ». Retour de l’état de terreur et du règne des milices pro RPT/UNIR, au grand dam de la démocratie.
 
La démocratie, dit-on, n’est pas un état, mais un processus. Elle suppose une quête permanente, une perpétuelle remise en question, un état de veille sans faille des contre-pouvoirs. Mais au Togo, cet argument suffit à justifier tous les coups fourrés du régime en place. Le ton a été donné par Gilbert Bawara, ministre de l’Administration territoriale au « forum de haut niveau » organisé par le tandem PNUD-UE, les deux institutions qui s’accommodent de leur rôle malsain de suppôts du pouvoir et tiennent à amener les Togolais aux élections législatives prochaines, à tout prix. Le processus démocratique est fait d’avancées, de coups, de contrecoups. Comme pour passer par pertes et profits l’agression des militants et sympathisants du CST au quartier Adewui et tenter de dédramatiser. Que cet acte soit survenu dans un Etat qui se veut de droit, n’a rien d’apocalyptique ni de répréhensible, selon lui. Car la construction démocratique enregistre des coups et des contrecoups. Si dans une mesure donnée, il est possible de lui concéder cette lapalissade, la garantie de démocratie n’étant jamais absolue, il n’en demeure pas moins que la répétition des mêmes actes attentatoires au processus démocratique traduit une volonté délibérée et ferme des tenants du pouvoir d’entretenir un état de terreur.
 
Tentative d’assassinat des responsables du Collectif « Sauvons le Togo » : Un acte lâche et abominable
 
Dans la nuit du dimanche à lundi dernier, trois responsables du Collectif « Sauvons les Etudiants », un mouvement estudiantin qui se veut être un creuset de tous les exclus de l’université de Kara ont été, chacun à leur domicile, victimes de tentatives d’assassinat. Selon les témoignages recueillis par nos confrères de la Légende Fm auprès de Shérif Salami qui se trouve être le Secrétaire général de l’UNEET (Union nationale des Elèves et Etudiants du Togo), un incendie a été provoqué à leurs domiciles distincts par des individus inconnus qui cherchaient à les assassiner. Etaient visés Agnité dit Guillaume Soro et Alinké M’Clawa.
 
Selon les recoupements, ces incendies, qui, à en croire un faisceau d’indices, sont effectivement d’origine criminelle, se sont produits lundi dernier en synchro, à 02 heures du matin. Les pyromanes qui, manifestement, étaient là pour assassiner les étudiants qui sont entrés en dissidence avec les responsables de l’Université de Kara sur la question des revendications estudiantines, explique Salami Shériff, ont pris la fuite. Mais dans leur évasion, ils ont oublié sur les lieux du crime, couteau et autres armes blanches qui devaient leur servir à porter le coup fatal à leur cible. La piste criminelle est d’autant plus sûre, que 48 heures plus tôt, soit le vendredi dernier, à la même heure, c’était Bitsioudi Birenam, un autre responsable du mouvement qui était visé par ce plan d’élimination.
 
Non seulement ces jeunes qui ne revendiquaient qu’un mieux-être et un mieux-vivre pour eux et leurs camarades étudiants ont été exclus de l’université de Kara, mais ils sont constamment dans l’œil du cyclone et les miliciens, hommes de main des tenants du pouvoir et des autorités universitaires de Kara recourent tantôt à des menaces de mort au téléphone, tantôt à des tentatives d’intimidation et à présent, à l’étape ultime de leur basse besogne : l’assassinat des dérangeurs. « Nous sommes menacés. Dans la région, il n’y a pas de sécurité », s’est plaint Bitsioudi. C’est affreux ! », hurle-t-il. Pour l’instant, des démarches ont été entreprises auprès de la Police, du Procureur de la République près le Tribunal de première instance de Kara et toutes ces autorités les ont rassurés de l’ouverture très prochaine d’une enquête. La CNDH aussi a enregistré leur déposition. Difficile de dire quelle sera l’issue de cette enquête, si elle venait à être ouverte, ce qui est déjà sujet à caution.
 
Avant une hypothétique enquête, plusieurs pointent le doigt accusateur sur les milices à la solde du régime qui ont été réactivées, pour toutes fins utiles. Et à raison, dans la mesure où depuis quelque temps, elles ont trouvé du grain à moudre et tentent de réprimer toute résistance au pouvoir Faure Gnassingbé, lorsque les forces dites de sécurité n’y parviennent pas. Les souvenirs de l’agression dont ont été victimes les militants du CST de la part des milices pro RPT/UNIR au quartier Doumasséssé, au nez et à la barbe de la soldatesque, restent vivaces dans les esprits. Mais encore et surtout, ils privilégient la piste d’un officier de l’armée, un certain capitaine en poste à Kara qui n’hésite pas à opérer selon le modus operandi des miliciens. D’après de sources crédibles, il s’est déjà illustré dans l’enlèvement des mêmes responsables du mouvement estudiantin. C’est le retour de la démocratie du coupe-coupe, du couteau, des gourdins cloutés et autres.
 
La démocratie togolaise avance à reculons, au gré de la volonté de Faure Gnassingbé et affidés et surtout au rythme des miliciens, qui sèment le chaos parmi les contestataires du régime actuel. Et ceci est d’autant plus regrettable pour le pays que les étudiants visés par ce plan ignominieux d’assassinat, sont porteurs, non de revendications politiques, mais plutôt sociales.
 
 
Magnanus FREEMAN
 
 
liberte-togo
 

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