C’est ATT qui le 26 mars 1991, en renversant Moussa Traoré, avait apporté la démocratie aux Maliens. Ironie du sort, c’est le même ATT que les putschistes du 22 mars, toutes proportions gardées, souhaiteraient voir emporter avec lui ce qui semble devenu une denrée rare sur le continent.
 
Non, les quatorze autres pays membres de la CEDEAO ne l’entendent pas de cette oreille. « Pour nous, Ahmadou Toumani Touré demeure le président du Mali », c’est ce qu’à déclaré lundi après-midi le président Yayi Boni, président en exercice de l’UA à son arrivée à Abidjan. Le sommet extraordinaire d’Abidjan s’est investi de deux missions et pas des moindres. Il lui faudra examiner dans un premier temps, les possibilités et les moyens d’un retour à l’ordre constitutionnel. La deuxième mission devrait consister à trouver les voies et moyens pour parvenir à une paix durable dans le nord malien.
 
Hier, plusieurs chefs d’Etat ouest-africains ou représentants se sont retrouvés dans la capitale économique de Côte d’Ivoire pour plancher sur la double crise sécuritaire et politique dans laquelle depuis le 22 mars 2012 ceux qui pensaient que la gestion d’un pays, des hommes et des crises est une sinécure, ont, pour de bon, plongé le Mali. En le faisant, ils ont malheureusement porté un coup dur à la démocratie en construction dans ce pays francophone, alors que le président légitime est en fin de mandat et s’apprêtait à quitter le pouvoir dans moins de deux semaines, sans toucher à une virgule de la constitution.
 
L’unanime condamnation de ce qui apparaît comme une pagaille inutile a conduit la junte putschiste à l’isolement tant au plan interne qu’externe et à rechercher une espèce de bouée de sauvetage à laquelle elle pourrait s’agripper. Les principaux partis politiques ainsi que l’ensemble des parlementaires maliens ont refusé de jouer ce rôle et condamnent l’inopportunité de ce coup d’Etat. Les députés ont lancé hier depuis Bamako un appel aux chefs d’Etat de la CEDEAO au moment où ils étaient en conclave à Abidjan, pour prendre des mesures en vue d’un rapide retour à la légalité constitutionnelle. Quant aux partis politiques, ils se sont constitués depuis quelques jours en un front du refus de ce qui vient de se passer au Mali. Les ministres arrêtés et qui ignorent ce qui leur est reproché, il y a quelques jours, se sont mis en grève de la faim. Autant de réactions qui prouvent le manque d’adhésion à cette forfaiture de trop.
 
Face à cet isolement et au moment où les rebelles du MNLA mettent la pression sur la junte, tout en se déclarant prêts à mener des discussions avec des autorités crédibles, « les nouvelles autorités maliennes » auraient dépêché à Abidjan une délégation de deux membres pour prendre, sans doute part aux discussions. Mais on ignore s’ils ont pu obtenir l’autorisation de prendre part à ce sommet. La Mauritanie et l’Algérie, deux Etats non membres de la CEDEAO ont envoyé des délégations en Côte d’Ivoire en tant qu’Etats concernés par la crise qui sévit dans le nord du Mali. Il faut noter la participation du représentant des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest.
 
La réunion d’Abidjan aura été très laborieuse. A preuve, le huis clos qui a démarré à la mi-journée n’aura pris fin que dans la soirée. Cela montre que le consensus n’aura pas été facile à obtenir. Au moment où nous bouclions, nous apprenions qu’il a été décidé de dépêcher demain ou après demain une délégation de cinq chefs d’Etat à Bamako pour rencontrer la junte. Sûrement que la délégation profitera de ce déplacement pour rendre visite au président ATT et lui remonter le moral après cette épreuve qui ressemble à une humiliation.
 
Alain SIMOUBA
 
liberte-togo.com
 

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