Que s’est-il passé le mardi 30 octobre devant les locaux du ministère de la Justice en marge du sit-in que tentait d’organiser sur place, l’Association des victimes de la torture au Togo (ASSVITO) pour « réclamer l’évacuation médicale » du capitaine d’aviation, Adjinon Lambert et exiger des autorités togolaises que soient appliquées, les recommandations du rapport d’enquête de la Commission nationale des droits de l’Homme (CNDH) ?
 
Pour le savoir, l’Agence Afreepress s’est approché du premier responsable de l’ASSVITO, l’ancien commandant de gendarmerie et ancien patron des Services de recherche et d’investigation (SRI) du Togo, le Commandant Olivier Poko Amah. Selon celui-ci, des instructions auraient été données aux gendarmes de le « bombarder » de gaz lacrymogènes pour pouvoir l’arrêter. L’homme est abondammentrevenu sur les circonstances de la « répression » de la manifestation organisée par l’ASSVITO et a expliqué les raisons d’une telle manifestation.
 
Afreepress : Vous avez voulu faire un sit-in ce matin et les agents de sécurité vous ont dispersé, quelles sont vos premières réactions ?
 
M. Olivier Amah : Vous savez que depuis quelque temps la question de la torture est devenue un problème crucial dans le pays, nous sommes des victimes et nous avons déposé une plateforme que le gouvernement avait lui-même réclamée pour le compte du ministère des droits de l’Homme depuis le 18 septembre 2012. Mais rien n’est fait jusqu’à présent et c’est pour protester contre cette situation que nous avons appelée à un sit-in ce matin (mardi) pour demander au ministère de la Justice d’agir. Le ministre de la Justice nous avait fait des promesses lorsque nous avions appelé à notre premier sit-in devant le ministère des droits de l’Homme le 13 septembre dernier.
 
Ils nous avaient appelés et nous nous sommes convenus sur plusieurs points, dont l’évacuation médicale du capitaine Adjinon Lambert. Nous avions eu une deuxième rencontre et avions discuté des questions d’indemnisation des victimes de la torture.
 
Mais nous sommes surpris que depuis le 13 septembre 2012, il n’y ait pas eu d’évolution significative. Nous avons déposé une plateforme revendicative auprès du gouvernement pour exiger l’application de nos termes d’entente.
 
Pour la tenue de ce sit-in par exemple, nous avons déposé les documents requis auprès de la mairie de Lomé. D’abord Mme Suzane Aho nous a renvoyés au niveau du ministère de l’Intérieur où nous avons déposé une lettre de notification d’une manifestation il y a une semaine.
 
Jusqu’à 72 heures avant le début de notre manifestation, personne ne nous a appelés. C’est le Secrétaire général du ministère de la Sécurité qui m’a appelé lundi pour me dire de la part du ministre de la Sécurité qu’il n’est pas au courant d’une telle manifestation et de considérer qu’elle n’aura pas lieu.
 
Je lui ai répondu de dire au ministre qu’il ne nous revient pas de l’aviser, que c’est au ministère de l’Intérieur ou à la mairie de Lomé de le faire.
 
Mais à notre grande surprise lorsque nous sommes arrivés ce matin, la devanture du ministère de la Justice était complètement investie par les forces de Sécurité. J’ai discuté avec le commandant Fiwofia qui est un collègue et je lui ai notifié tous les documents que nous avons envoyés au ministère de l’Intérieur. Il a semblé comprendre et a commencé par appeler. Je ne sais pas ce qui s’est passé ensuite. Je pense qu’ils avaient l’intention de nous disperser.
 
Afreepress : Avez-vous pu échanger avec la ministre des droits de l’Homme avant votre manifestation ?
 
Olivier Amah : La ministre des droits de l’Homme m’a appelé, elle a regretté le fait que je ne sois pas allé la voir ; je lui ai dit que nous sommes une association qui revendique, c’est notre droit de revendiquer et il leur revient de faire leur travail dans les règles de l’art.
 
Seulement, elle m’a demandé de sursoir à la manifestation et je lui ai répondu que c’était trop tard. Elle m’a alors demandé de faire la manifestation dans le calme et je l’ai rassuré du caractère pacifique de notre manifestation.
 
Afreepress : Serez-vous menacé d’une probable arrestation comme le véhiculent les gens ?
 
Olivier Amah : Oui je le confirme. Des instructions ont été données aux gendarmes de me bombarder de gaz lacrymogènes pour pouvoir m’arrêter, j’ai eu la confirmation qu’ils avaient l’intention de m’interpeler.
 
Afreepress : Qu’entendez-vous faire maintenant pour avoir gain de cause ?
 
Olivier Amah : Nous allons porter plainte là où nous pouvons pour que justice soit faite.
 
Afreepress : Avez-vous réellement confiance en la justice togolaise maintenant plus qu’hier ?
 
Olivier Amah : Nous allons quand même faire ce qu’il y a lieu de faire à l’intérieur du pays avant de rechercher des solutions à l’extérieur.
 
Afreepress : Et vos perspectives d’avenir ?
 
Olivier Amah : Nous allons reprendre nos manifestations tant que les personnes torturées resteront en prison et que la torture continuera au Togo. Nous allons accentuer nos manifestations et ce ne sera pas peut être plus le sit-in, vous pouvez deviner vous-mêmes.
 
Afreepress : Ne craignez-vous pas de retourner là où vous étiez il y a un an ?
 
Amah : Non, je n’ai pas peur pour ça. Vous savez, j’ai été torturé, j’ai connu des situations très dures donc je n’ai pas peur d’aller en prison puisqu’elle est faite pour les hommes.
 
Photo : Cdt Olivier Amah, Président ASSVITO.
 
Propos receuillis par Bernad Alognon.
 
afreepress
 

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