« Je continuerai à tenir solidement le gouvernail, contre vents et marées, jusqu’aux élections (…) Si à l’issue d’une élection anticipée ou à la date normale, le peuple décide de confier le pouvoir à un autre que moi, je féliciterai le vainqueur. Mais je crains que le vainqueur, dans les deux cas, ne soit autre que moi ». C’est par ces propos que Me Abdoulaye Wade a tenté jeudi dernier d’apaiser la colère de son peuple, un peuple qui s’est bruyamment fait entendre les 23 et 27 juin dans les rues de Dakar. Mais c’est un exercice qu’il vient de rater.

 
Autant son discours était attendu par tous au Sénégal, autant Abdoulaye Wade a déçu les attentes de ses concitoyens. Hormis bien sûr des partisans qui étaient agglutinés ce jeudi soir à l’Hôtel des Almadies applaudissant à rompre les paumes, les Sénégalais dans leur grande majorité se sont dits très déçus.
 
C’est un Wade déjà en campagne qui s’est révélé à ses concitoyens en faisant un tableau plus que flatteur de sa gestion du pays. « Rappelons que le revenu moyen par tête d’habitant au Sénégal a presque triplé entre 2000 et 2011, passant de 500 $ à 1350 dollars. Dans le même esprit, par une politique volontariste, j’ai amélioré substantiellement le traitement salarial des Magistrats, ce corps d’élite, citoyens silencieux et pleins d’abnégation ; j’ai accordé aux fonctionnaires en général des hausses de salaires sans équivalent dans l’histoire du Sénégal indépendant et obtenu, en même temps, du secteur privé, le relèvement des salaires de ses employés », s’est vanté l’inénarrable Abdoulaye Wade.Mais dans ce cas, le peuple sénégalais serait-il autant aveugle et ingrat pour ne pas lui reconnaître ses prouesses et contester sa gestion des affaires ?
 
C’est en réalité un discours qui a laissé tout le monde sur sa faim, un discours truffé du pronom personnel « Je », signe de l’ego du papy. C’est à croire qu’en dehors de l’architecte du Népad, il n’y a plus âme au Sénégal à même de construire  cette grande nation. J’ai fait ci, j’ai fait ça, je suis parvenu à ceci, je suis parvenu à cela etc… C’est tout ce qu’a offert aux Sénégalais et au monde entier Abdoulaye Wade. Bref, un discours à  relent d’autocongratulation.
 
Quand le peuple sénégalais conteste vigoureusement sa gestion des affaires, Wade pense qu’il en a fait plus qu’on ne peut lui en demander. Resté seul sur son île aux milles merveilles, le président sénégalais n’a cessé de voir le bonheur sur le visage de tous les Sénégalais à tous les coins de rue. Après 11 années passées au pouvoir, Wade pense qu’il a fait du Sénégal, un eldorado plus que n’en ont fait ses prédécesseurs. Pas de  remise en cause de soi, de ses choix. En somme, une gestion exempte de tout reproche.
 
En guise de récompense pour service rendu à la nation, Wade se donne d’ores et déjà un nouveau mandat en 2012 et pense que personne ne pourrait le défier dans les urnes. Obnubilé par le pouvoir et ses délices, il est complètement sourd à tous les appels à la raison. « Si à l’issue d’une élection anticipée ou à la date normale, le peuple décide de confier le pouvoir à un autre que moi, je féliciterai le vainqueur. Mais je crains que le vainqueur, dans les deux cas, ne soit autre que moi  », dit-il fier de lui.
 
Cette sortie du président sénégalais remet au goût du jour la question du ticket gagnant. Wade a-t-il retiré son projet de gaieté de cœur ? Rien n’est moins sûr puisque si le peuple sénégalais n’avait pas bruyamment exprimé son opposition contre ce projet de dévolution monarchique, on serait actuellement en train d’attendre que Wade et son fils soient élus en février prochain sur la même liste électorale et, bienvenue à la monarchie républicaine au pays de la Téranga.
 
Cependant la vigilance doit être de mise car de l’avis de nombreux observateurs , l’homme n’a pas encore renoncé à son projet. Comme le soutient le journaliste Abdou Latif Coulibaly, directeur de publication du magasine d’enquête « La Gazette ». « Wade n’a pas encore abandonné son projet de dévolution monarchique du Pouvoir. Il  a nié avoir voulu mettre en place une succession monarchique du Pouvoir. Je pense que c’est du bluff. Il n’est pas du tout prêt à renoncer à ce projet-là. S’il y a une phrase que j’ai retenue dans son discours supposé à la nation, c’est quand il dit qu’il avait promis à la jeunesse le pouvoir et qu’il n’y a pas renoncé. Pour moi, dans le contexte actuel, cette phrase est très significative. Cela veut dire que le président est décidé à porter son fils au pouvoir en dépit de tout, sinon, quelle jeunesse il va porter au Pouvoir en 2012 ?», a-il développé.
 
Olivier A.
 
Source : liberté hebdo togo

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