N’est-ce pas une discordance de la pensée que d’aller jouer les grands démocrates à Benghazi, pour, une fois de retour à Dakar, vouloir se faire élire avec seulement 25 % du suffrage des Sénégalais ? Pour le reste, il faut une belle dose d’audace pour oser prétendre que ce dont a le plus besoin le Sénégal aujourd’hui est un poste de vice-président, à des fins impénétrables. Dans le contexte national de suspicion quant aux desseins que nourrit le chef de l’Etat pour son fils, ce projet pouvait apparaître comme « la provocation » de trop.
 
Sous Abdoulaye Wade, la scène politique sénégalaise est devenue un immense terrain de jeu, sur lequel le Maître, unique, peut tenter, à sa guise, tous les coups et, dès lors que cela lui réussit, aller toujours plus loin, en espérant l’épuisement d’une opposition sans cesse aux aguets.
 
Le peuple sénégalais sait désormais que Me Wade peut reculer. Et qu’il peut même prendre peur. Car les images des abords de l’Assemblée nationale, à Dakar, ce jeudi 23 juin, avaient, toutes proportions gardées, un air de place Tahir, et pas seulement à cause des pancartes intimant au président un insolent « Wade dégage ! ». Comme dit la sagesse populaire en Afrique, si quelqu’un feint de ne plus savoir où il habite, ignorez-le ! Dès les premières gouttes de pluie, il retrouvera tout seul le chemin de sa maison. « Le vieux » a donc préféré ravaler son projet, avant que ne se déclenche une tornade potentiellement dévastatrice.
 

Manifestation contre la révision constitutionnelle

 
La pratique politique qui consiste à expérimenter en permanence des astuces pour verrouiller le jeu démocratique offre de moins en moins de chance de succès. Au Sénégal comme ailleurs en Afrique.
 
Deux fois en l’espace de trois jours, un porte-parole en verve est allé devant les Sénégalais : d’abord pour leur démontrer la pertinence de cette révision constitutionnelle; puis pour développer, sans états d’âme, une argumentation justifiant le retrait de ce projet, hier essentiel et si urgent, désormais sans objet.
 
S’il n’y a eu aucun courageux pour convaincre le président de du caractère casse-cou de son projet, c’est peut-être que, comme le dit une opposante, c’est déjà le vide autour du vieil homme.
 
A présent, l’opposition demande à Wade de renoncer à se présenter à la présidentielle de 2012. Elle se sent littéralement pousser des ailes et croit arrivé son tour d’aligner des exigences. Et rira bien, qui rira le dernier.
 
source: RFI

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