La « Semaine de la constitution » lancée par le Mouvement 150 (M150) a démarré depuis le 14 octobre et doit s’achever samedi prochain. Cette initiative vise à amener les populations à cerner les dispositions de la constitution togolaise.
 
Lundi dernier, des responsables du M150 étaient descendus sur le terrain où ils ont distribué des exemplaires de la constitution aux élèves des collèges et lycées.
 
Ce mercredi, le programme s’est poursuivi avec une conférence-débat à l’Agora Senghor à Lomé sur le thème : « l’An 20 de la constitution togolais », a constaté une journaliste de l’Agence Savoir News.
 
Selon des responsables du M150, cette date a été choisie pour fêter les 20 ans de la promulgation de la IV constitution du 14 octobre 1992.
 
Les intervenants présents à cette conférence-débat étaient de taille pour couvrir l’évènement. On pouvait noter la présence de l’ancien Premier ministre Jospeh Kokou Koffigoh, Max Kokouvi, docteur en droit public et assistant à la faculté de droit à l’Université de Lomé et Jean Yaovi Adolehoume, consultant international et porte-parole du groupe de réflexion « les proposants ».
 
« En ce moment, tout le monde parle de la constitution, mais chacun l’interprète à sa manière. Le problème est bien dans la compréhension, argumente fermement Basile Agboh, coordinateur du M150.
 
Une erreur que le Mouvement veut enrayer avec le programme dense et intéressant de la semaine de la constitution. Celle-ci regroupe débats, conférences, distributions de constitution et l’audacieux projet de traduire cette loi fondamentale en langue éwé et Kabyè.
 
Cette conférence-débat a notamment permis aux différents intervenants de replacer dans le contexte historique, la naissance de la loi fondamentale. La constitution togolaise reste trop inaccessible pour les togolais.
 
« C’est vainement que vous arrivez à en trouver dans une librairie », a déploré Me Joseph Kokou Koffigoh. L’ancien premier ministre a su faire profiter de son savoir et expérience en rappelant toutes les fondements de cette constitution de 1992.
 
L’assistance a pu littéralement assister à un cours d’histoire retraçant son avènement dans la IVème république. Une constitution qui a vu le jour dans la douleur avec toute la série d’attentats, de chasse à l’homme et de sabotages qui ont rythmé les années 90.
 
Mieux connaître l’histoire de la constitution, c’est aussi comprendre les nœuds qu’elle engendre aujourd’hui.
 
« Elle est le reflet des rapports de force des politiques », a souligné Me Joseph Kokou Koffogoh.
 
Après cette mise en bouche nécessaire, Max Kokouvi a pris le relais par la revue des principales dispositions constitutionnelles. L’éminent docteur en droit public est revenu sur la chronologie de toutes les « républiques togolaises ». Il a surtout insisté sur l’actuel statut de la IVème république qui reste hésitant.
 
« Après la révision de 2002, on reste dans le système du régime parlementaire car le premier ministre détient toujours plus de pouvoir alors que nous avons basculé dans un régime présidentiel. Là encore, le président détient le pouvoir de dissolution alors qu’il ne devrait pas », a relevé Max Kuakouvi.
 
Il existe une difficulté à définir réellement le régime politique togolais. Max Kuakouvi a surtout mis l’accent sur les prérogatives nobles que doit accomplir toute constitution en citant l’article 16 des droits de l’homme et du citoyen qui stipule : « La constitution doit conserver les droits et les protéger ». Une incision de l’article bien réfléchie mettant en valeur tous les manquements des devoirs que doit remplir la constitution.
 
Jean Adoléoum a de son côté, clôturé la conférence par les outils et mécanismes de la constitution de 1992. L’attrait a été porté sur l’outil de poids que possède le citoyen : le référendum.
 
« Instrument de démocratie direct » comme l’a appuyé le consultant international, son histoire en partant de la constitution française jusqu’à sa définition, ont été pédagogiquement citées.
 
Pour la constitution togolaise, il faudra se référer aux articles 4 et 144. On peut y lire que l’application du référendum appartient au peuple comme au président de la République. Rappelons que toute constitution qui se respecte peut être soumise à une modification.
 
Mais pour connaître tous les droits que détient le citoyen, il n’y a pas de secret, la connaissance de la constitution reste incontournable.
 
« Le débat est trop dans les rues, c’est pourquoi nous avons décidé de faire intervenir les intellectuels, les experts pour qu’ils se prononcent », a expliqué Basile Agboh.
 
Une autre conférence-débat est prévue vendredi prochain à 16H GMT, toujours à l’Agora Senghor. FIN
 
Johana Caruso (stagiaire)
 
savoirnews
 

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