Les forces de sécurité de la République démocratique du Congo ont tué 24 personnes depuis que le président Joseph Kabila a été réélu lors d’un scrutin contesté par l’opposition, a annoncé jeudi 22 décembre l’ONG Human Rights Watch. Toutes les victimes à l’exception de quatre ont été tuées à Kinshasa, où l’opposant Etienne Tshisekedi, candidat malheureux à la présidentielle, est populaire, précise l’ONG, selon laquelle des éléments prouvent que les forces de sécurité ont tenté de dissimuler les morts.
« UN PROCESSUS ÉLECTORAL DISCRÉDITÉ »
Parmi les victimes figurent une femme de 21 ans et sa nièce de huit ans, toutes deux tuées par balle le jour de l’annonce des résultats électoraux, alors que la police tirait sur une foule de partisans de l’opposition dans la capitale, précise HRW. L’ONG dit tirer ses informations d’enquêtes sur le terrain, de rapports de militants locaux des droits de l’homme et de témoins. Selon le rapport, les forces de sécurité semblent avoir voulu cacher la mort des victimes en retirant rapidement les corps. Plusieurs éléments de l’armée, dont la garde présidentielle, sont en outre accusés d’avoir placé des personnes en détention dans des camps militaires de Kinshasa.
« Ces pratiques sanglantes décrédibilisent encore plus le processus électoral et laissent l’impression que le gouvernement fera n’importe quoi pour rester au pouvoir », commente Anneke Van Woudenberge, spécialiste de l’Afrique pour HRW. L’opposition congolaise rejette la victoire de Joseph Kabila à l’élection présidentielle du 28 novembre. Les résultats, publiés le 9 décembre, créditent le président sortant de 49 % des votes contre 32 % pour Tshisekedi. Ce dernier, qui considère avoir remporté le scrutin, prévoit de prêter serment vendredi en tant que président, ce qui alimente la crainte de nouvelles violences.
DES LÉGISLATIVES SOUS PRESSION
Mercredi soir, la Commission électorale (Céni) a annoncé la suspension de la compilation de certains résultats des législatives, en attendant la mise en place d’une aide technique internationale. Et ce, « en vue de garantir le transparence et la crédibilité » des législatives, a indiqué la Céni dans un communiqué.
La Céni a pris cette mesure après avoir été saisie « de réclamations » de partis politiques sur le processus de compilation. La Céni a commencé à publier sur son site internet les résultats provisoires d’une trentaine de circonscriptions mais la publication pour les 140 circonscriptions restantes est « subordonnée, le cas échéant, par l’examen des contestations » dont elle est « saisie et a délibéré », ajoute le communiqué.
L’Union européenne avait menacé mardi de « réévaluer » son « soutien » au pays si des progrès ne sont pas réalisés dans le dépouillement des votes des législatives. La chef de la diplomatie américaine Hilary Clinton avait dénoncé un scrutin présidentiel mal géré et « manquant de transparence », en suggérant aussi « une révision du processus électoral ».

Des supporters du président Joseph Kabila célèbre son investiture mardi 20 décembre dans les rues de Kinshasa

« Il fallait prendre des mesures d’urgence. Il faut rendre le processus beaucoup plus transparent pour éviter les désagréments de la présidentielle », a expliqué à l’AFP Jacques Djoli, vice-président de la Céni. Il a notamment évoqué la « pression énorme » exercée sur les CLCR, alors que 19 000 candidats se sont présentés pour seulement 500 sièges à pourvoir à l’Assemblée nationale.
La Mission de l’ONU en RDC (Monusco) devrait désormais travailler en « partenariat » avec les équipes de la Céni pour la compilation des résultats, et la Grande-Bretagne et les Etats-Unis pourraient fournir une aide. Les résultats complets provisoires des législatives doivent être annoncés le 13 janvier.
source : lemonde.fr

LAISSER UNE RÉPONSE

Please enter your comment!
Please enter your name here