Vendredi, quatre chefs d’Etat africains seront reçus à la Maison Blanche par le président américain. Il s’agit de l’ivoirien Alassane Ouattara, du nigérien Mahamadou Issoufou, du béninois Boni Yayi et du guinéen Alpha Condé. Ils sont invités par le patron de la superpuissance militaire du monde et l’un des leaders mondiaux de la démocratie. Si ces présidents de l’ouest africain francophone ont été invités à la rencontre de Barack Obama, ce n’est pas par hasard. C’est fondamentalement dans la droite ligne de sa volonté exprimée de contribuer à l’enracinement de la démocratie sur le continent de ses grands-parents.
 
Il y a quelques jours, une déclaration faite par l’une des voix les plus autorisées de la Maison Blanche semblait résumer l’objet de cette invitation adressée aux quatre présidents africains élus entre novembre 2010 et mars 2011. « Cette rencontre sera l’occasion de souligner le soutien de l’Administration américaine pour des démocraties en développement, de mettre en valeur nos partenariats avec ces pays, et de discuter de l’élaboration d’institutions démocratiques fortes, du développement économique et d’autres sujets régionaux ». Si Barack Obama n’a invité que ceux-là au niveau de la sous-région, ce n’est pas parce que la Maison Blanche ne peut pas contenir plus que quatre Africains à la fois.
 
En effet, Obama aurait pu inviter le burkinabé Blaise Compaoré et le togolais Faure Gnassingbé, à supposer qu’il n’était pour l’heure préoccupé que par l’Afrique de l’ouest. S’il ne l’a pas fait, et qu’il s’est limité à n’inviter pour ce vendredi que Ouattara, Issoufou, Boni et Condé, c’est pour dire qu’il a bien eu les échos des élections dans ces deux autres pays francophones de la sous-région entre 2010 et 2011. Sans prétendre être dans les secrets du patron de la Maison Blanche, nous estimons qu’il est conscient que la qualité de la dernière élection au Bénin est bien en deçà de ce qu’elle a été en 2006. Nous estimons également qu’Obama sait que la dernière présidentielle en Guinée n’était pas un modèle, mais ce n’est pas pour autant qu’on ne peut pas les encourager en relevant les défaillances constatées en novembre en Guinée et mars au Bénin. Ainsi peut se justifier l’invitation de Boni et Condé.
 
Tout bien pesé, on peut se satisfaire de la qualité des élections qui ont eu lieu au Niger comme en Côte d’Ivoire. Il sera question de signifier à des pays comme le Burkina Faso et le Togo, sans le dire, qu’ils sont loin, très loin du minimum d’effort attendu pour mériter l’accompagnement des Etats-Unis. Il y a quelques années, du temps du président Bill Clinton, les Américains avaient mis l’accent sur le souhait de voir la démocratie s’enraciner et se consolider en Afrique. Il avait été promis que les Etats-Unis n’apporteraient désormais leur soutien qu’aux régimes qui se seraient engagés dans la voie de la démocratie et de la bonne gouvernance. C’était dans les années 90. Finalement, nul ne sait pour quelle raison, un relâchement se fera jour dans cette promesse. Ce fut le cas pour la France sous Mitterrand. Heureusement que Barack Obama permet de rêver à nouveau.
 
Si aujourd’hui, face à la mauvaise volonté de la France d’encourager l’enracinement de la démocratie et de la bonne gouvernance en Afrique, notamment dans ses anciennes colonies, les USA, sous l’impulsion d’Obama qui se reconnaît une racine africaine, s’engage à mener les Africains vers la création d’institutions fortes en lieu et place d’hommes forts et à assurer la démocratie et la bonne gouvernance chez eux, il est de bon ton de l’y encourager en priant vivement qu’il obtienne un second mandat pour laisser des traces indélébiles grâce à sa terrible conviction qui l’a toujours animé.
 
E. Djibril.
 
source: liberté hebdo togo

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