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« Dans les mêmes conditions, les mêmes causes produisent essentiellement les mêmes effets ». Alors sommes-nous partis pour réécrire la même histoire ? En tout cas, l’analyse de certains faits et gestes des acteurs politiques concourent à du déjà-vu. Cependant tout peut être encore revu et corrigé, si et seulement si…
 
Juillet 2011, la diplomate américaine Patricia Hawkins casse la baraque : « En mars 2010, le Togo a organisé l’élection présidentielle la plus réussie et la plus transparente de son histoire, laissant un exemple que ses voisins devraient suivre (…) le Président Faure mérite qu’on lui reconnaisse d’avoir présenté une vision pour l’avenir du Togo. Je l’encourage… ». Oui, elle a voulu tout simplement être éloquente dans son discours, étant peut-être à mille lieues d’imaginer que ses déclarations renverseraient l’humanité. Certains se sont révoltés, c’est une provocation un peu osée, n’est-ce pas que la victoire de Jean-Pierre Fabre a été volée ? En fait, c’est ce qui se disait dans la cité. Mais passons, l’essentiel n’est pas là, sauf que ceux qui ne peuvent se rappeler le passé sont condamnés à le répéter. C’est pourquoi nous avons voulu en parler pour ne pas être devant le fait accompli. Bien !
À quelques semaines de l’élection présidentielle de 2010, la question du mode de scrutin a occupé le paysage politique togolais. Alors que le parti au pouvoir veut aller à l’élection avec le mode de scrutin à un tour, l’opposition conditionne sa participation qu’à un scrutin uninominal majoritaire à deux tours. « Sans scrutin à deux tours, Pas d’élections » ; « Deux tours ou rien », chantait-on fièrement dans la rue. C’est tout fait normal. À l’époque, les pancartes et les discours répondaient parfaitement à la question de l’heure, seulement, la débauche d’énergie de ce côté-ci n’aurait jamais profité à l’opposition. Car tout se faisait, se disait comme si ce n’est que par l’obtention des deux tours que l’opposition passera. Ils n’ont pas obtenu les « deux tours » ; l’abstention les a pénalisés parce que les électeurs étaient désespérés, les dés sont jetés, ainsi auraient-ils cru ? (35,32% des électeurs inscrits n’ont pas voté en 2010 alors que le taux de participation pour les législatives de 2007 était de 85%). C’est tout dire.
 
Aujourd’hui, nous sommes pratiquement dans le même schéma. Même si le pouvoir semble siffler la fin, la question des reformes continuer de préoccuper l’opposition à telle enseigne qu’elle semble en faire sa priorité alors que le scrutin présidentiel est juste dans le prochain virage. Pis, surpris nous sommes d’entendre un leader de l’opposition déclarer qu’ « allez aux élections dans ces conditions-là, sans les reformes, l’opposition risque de le payer cher ». Quel est, en réalité, le sens du message qu’on envoie aux partisans de l’opposition, aux électeurs ? C’est déjà plié sans les reformes ? Le manque d’affluence dans les centres de révision des listes électorales n’est-il pas un signe précurseur du désappointement des populations et qu’il ne faudrait plus en rajouter ? Lorsque les résultats d’afro baromètre révèlent que plus de deux tiers des Togolais pensent que les « les dirigeants des partis politiques sont plus soucieux de faire avancer leurs propres ambitions politiques que l’intérêt du peuple », ne demandez pas à ceux-là s’ils iront voter en mars ou avril prochain. Ils pourront vous répondre, question bête.
 
Dans un tout autre registre, l’opposition a toujours clamé que le parti au pouvoir n’a jamais gagné une élection au Togo. Nous voudrions bien croire. Et depuis décembre 2002 que la Constitution a été « toilettée », plusieurs scrutins ont été organisés et « gagnés » par l’opposition, bien entendu sans l’effectivité des réformes constitutionnelles et institutionnelles. Nous sommes toujours dans la logique selon laquelle, bon an mal an, c’est l’opposition qui gagne. Maintenant, pourquoi c’est en 2015 que l’on veut nous faire croire que sans les reformes, l’opposition serait battue à plate couture ? En fait, c’est la déduction que nous faisons des termes « payer cher » dans ce cas. Autrement, si l’opposition a l’habitude d’aller aux élections sans que les reformes ne soient faites, mais qu’elle estime qu’elle gagne toujours, pourquoi aujourd’hui, elle doit hésiter à y aller dans les mêmes conditions ? D’aucuns diront que c’est parce qu’elle n’a jamais accédé au pouvoir qu’elle veut voir les choses en grand. D’accord ! Dans ce cas, le problème serait-il pas mieux apprécié sous un autre angle que l’obsession faite des reformes ? L’effectivité des reformes suffit-elle pour garantir l’alternance politique au Togo ? Ne nous leurrons pas. Si l’on donne aujourd’hui l’impression qu’on ratera le coche en 2015 si les reformes ne sont pas faites, pourquoi nous disait-on que les précédents scrutins ont été gagnés par l’opposition sans les reformes ? Est-ce à dire qu’avant l’on nous menait en bateau ? Autant d’interrogations qui suscitent de diverses réactions. Messieurs les opposants, est-ce que vous n’êtes pas en train de démoraliser votre électorat ?
 
Pour l’instant, nous refusons de croire Me Bertin ATCHON qui dit qu’il n’y a pas d’opposants au Togo. Mais de grâce, prouvez au peuple togolais que vous servirez encore à quelque chose. Intelligenti pauca (A l’homme intelligent, peu de mots suffisent).
 
Béni K. Sylvestre
Journaliste-Ecrivain
 

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