«J’ai décidé de proposer ma candidature à l’élection présidentiel- le»:Martine Aubry s’est lancée hier dans la course à l’investiture socialiste depuis son fief de Lille.

 
11h30, hier, centre culturel de la gare Saint-Sauveur. Martine Aubry est à l’heure. La maire de Lille arrive seule sous les crépitements des flashs. Tailleur-pantalon noir, elle monte sur une estrade dépouillée. Derrière elle, un décor bleu ciel, sobrement siglé martineaubry.fr, et orné des drapeaux français et européen. Visiblement émue, bafouillant à l’occasion, Martine Aubry ne fait pas durer le suspense et clame: «J’ai décidé de proposer ma candidature à l’élection présidentielle». Une déclaration aussitôt saluée par un «ouiii» et des applaudissements nourris de la salle. La désormais candidate esquisse un sourire timide. Face à elle, des centaines de journalistes mais aussi ses proches : son mari, l’avocat Jean-Louis Brochen, ses fidèles lieutenants MaryliseLebranchu, François Lamy et Jean-Marc Germain et Pierre Mauroy. «Elle a pris son temps. Elle s’est mise dans la tête de l’être (candidate) et elle l’est pleinement. Aujourd’hui, elle le démontre… C’était fort, ramassé», commente l’ancien Premier ministre, répondant à ceux qui évoquent une «candidature de substitution».
 
La primaire oubliée
 

 
Dans un discours de 13 minutes, Martine Aubry multiplie les «je veux» et se projette d’ores et déjà dans la course à la présidentielle, évoquant à peine la primaire et promettant la victoire: «Je prends aujourd’hui devant vous l’engagement de la victoire en 2012». Et la maire de Lille de parler de justice, de progrès social, d’afficher ses «valeurs transmises par sa famille: morale, sens de la justice, goût des autres». Critiquant Nicolas Sarkozy, sans le nommer, elle évoque un pays qui «subit de grands désordres». Martine Aubry est déjà en campagne. Elle qui aime la bagarre, avoir un adversaire. Parfois cassante, mais attentionnée, la patronne du PS est une femme complexe et ambivalente. «Dr Martine et Mrs Aubry?», s’interrogent Rosalie Lucas et Marion Mourgue dans leur récente biographie. Avec ses blessures, la mort d’un frère ou sa défaite aux législatives de 2002 et ses larmes publiques.
 
Lille en exemple
 
Selon un proche, Gilles Pargneaux, «elle a toujours voulu mettre du lien» entre les gens. Lille parle pour elle. Ses fiertés? «Avoir gardé les classes populaires et réussi la mixité». Cette énarque de 60 ans, ex-numéro deux du gouvernement Jospin, «dame des 35heures», a le social chevillé au corps. Sa mise est simple et son mode de vie peu «bling bling». C’est donc tout naturellement qu’elle s’est engagée hier à rassembler «les hommes et les femmes de gauche, les écologistes et les humanistes». Un rassemblement déjà opéré au sein du PS. Pourtant la tâche était loin d’être gagnée d’avance. Arrivée à la tête du parti après le calamiteux congrès de Reims, cette bosseuse acharnée remet le parti au travail, engrange de belles victoires, pacifie les rapports avec Ségolène Royal et fait valider à l’unanimité son projet 2012.
 
À Rennes demain
 
«Enthousiaste à l’idée d’aller à (la) rencontre» des Français, celle qui va se mettre en retrait de ses fonctions de Première secrétaire effectuera son premier déplacement de candidate demain, à Rennes. Enfin, Martine Aubry n’a pas oublié, hier, d’évoquer l’Europe, chère à son père, à qui elle est souvent comparée. À un détail près désormais. On ne pourra plus entendre ce commentaire – «Elle est comme son père» – lui qui, en décembre1994, annonçait son renoncement à l’élection suprême.
 
source: telegramme

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