Détenant plus de 400 personnes condamnées à une peine privative de liberté ou en instance de jugement, l’établissement pénitentiaire de la ville d’Aného constitue un endroit où il ne fait pas bon vivre.
 
Cet établissement contenant un nombre total de 16 pièces dont la plupart ne sont spacieuses que de 4m2, abrite plus de 400 détenus. A l’intérieur de ces pièces, la souffrance devient le pain quotidien de ces détenus. Ils dorment dans des cellules infectes ; une situation due à l’odeur dégagée par leurs besoins (urine et toilette) entassés dans leur chambre à coucher. Des bidons vides de 25 litres, en particulier deux, font office de Water Closet (WC), l’un pour emmagasiner leur urine, et l’autre pour leurs matières fécales. Parmi tous ces détenus mis ensemble, certains sont atteints de maladies contagieuses. Ce qui amène aussi les autres à contracter ces différentes maladies. A partir de 20 heures et chaque 1 h, un détenu choisi par le chef-grille doit éventer les autres et la salle pour évacuer l’odeur nauséabonde et la chaleur excessive qui y règnent. Et ils le font à tour de rôle jusqu’au petit matin.
 
Concernant la nourriture, elle est d’une mauvaise qualité. A en croire certains détenus, les pâtes à base de farine ne sont pas cuites. On peut les comparer à une bouillie de « gougoumbè » ; les sauces dans lesquelles nagent quelques rares poissons ou viandes présentent souvent un aspect exécrable. Les détenus eux-mêmes les appellent « les sauces miroir » à cause de leur surface permettant ainsi un reflet de soi. L’eau dont ils s’abreuvent prend parfois une couleur rouge. Parfois surviennent des coupures d’eau allant de trois à quatre jours privant ainsi les détenus de l’eau pour la boisson, les bains, etc.
Toutes ces conditons sont à l’orgine de maladies digestives et épidermiques pour les détenus.
 
La prison dispose d’un centre sanitaire équipé de médicaments génériques (paracétamol) et de vitamines, mais la nourriture est servie une seule fois par jour, et ce, à 14 heures.
 
Si par hasard, un détenu est obligé de faire ses besoins dans la pièce, il est amendé à donner du savon, des enveloppes, des insecticides en forme de spirale et une somme de 100 francs. En plus, une somme de 25 francs par semaine est la contribution fixée à chaque détenu pour l’entretien de la grille. En cas de refus ou par manque de moyen pour le paiement de ces amendes, une torture psychologique est infligée au fautif. Le concerné peut être amené à faire des travaux immondes et être privé de nourriture pendant toute une semaine jusqu’à ce qu’il honore ses engagements.
 
Parfois les détenus assistent à la mort de leurs camarades . Pour s’éviter cet enfer, on paie 200.000 F et on est libéré, même si on est coupable jusqu’à la moelle. A la prison civile d’Aného, la justice est du côté des riches.
 
AKUE Ange, Correspondant Maritime Est
 
liberte-togo
 

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