Les togolais doivent renouveler les semaines à venir, les députés à l’Assemblée nationale. Mais aucune date n’a encore été fixée pour la tenue des ces élections législatives, alors que le climat politique est morose depuis quelques mois.
 
Les lundi et mercredi derniers, l’Assemble nationale a procédé a l’élection et à la nomination de 15 des 17 membres de la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI) dans un fond de contestation de certains partis de l’opposition. Cette CENI est chargée d’organiser ces élections. Est-ce que ces élections pourront se tenir dans ce climat ? Le pays est-il vraiment au bord de l’explosion comme le disent certains ? Quelle solution pour une sortie de crise en vue des législatives apaisées ? Autant de questions posées à Ourna Gnanta, membre du Comité politique de l’Alliance (opposition).
 
Savoir News : L’Assemblée nationale a élu et désigné lundi et mercredi, 15 des 17 membres de la CENI. Certains partis politiques de l’opposition sont montés au créneau pour dénoncer un « coup de force » et une « forfaiture ». A l’Alliance, quelle analyse faites-vous de l’élection des membres de la CENI ?
 
Ourna Gnanta : L’Alliance conteste vigoureusement la composition de cette nouvelle CENI Nous considérons que la désignation de certains membres de cette CENI n’a pas respecté des critères objectifs. Il transparaît clairement que le principe de parité des membres entre opposition et pouvoir, évoqué par l’Accord Politique Global (APG) est violé. D’abord au titre de la société civile, les personnalités désignées sont des responsables et militants connus des partis politiques auxquels leurs organisations sont affiliées. Par exemple Mme Aguigah Dola du REFAMP-TOGO, est une militante convaincue du parti au pouvoir. Elle anime d’ailleurs des meetings publiques sous les couleurs du parti UNIR. L’AEP de Tabiou Issifou Taffa est une organisation qui n’est connue par quelque action que ce soit dans la société civile. Nous ne savons même pas où se trouvent les bureaux de cette organisation et où consulter ses rapports d’activités. Aussi, il ne faut pas ignorer que le COPED est une organisation proche du CAR. Nous pensons qu’au Togo, il y a des organisations de la société civile avec des personnalités suffisamment neutres pour incarner la société civile dans une institution aussi importante qu’est la CENI. En ce qui concerne les partis extra-parlementaires, nous sommes très surpris de remarquer la présence des formations absentes de la scène politique nationale. Le parti Initiative et Développement (ID) n’a jamais participé à une compétition électorale. Nous ne savons pas, par quel argument on peut nous justifier la nomination de Mr Akpotsui comme membre de la CENI.
 
Savoir News : Les partis politiques membres du CST et de la Coalition « Arc-en-ciel » réclament un dialogue « franc » et « sincère », pouvant déboucher sur un « accord » pour des élections « crédibles », « transparentes » et « apaisées ». Est-ce que l’Alliance s’inscrit également dans cette logique ?
 
Ourna Gnanta : Nous pensons que les deux coalitions nous rejoignent. L’Alliance a toujours exprimé son attachement au dialogue comme meilleur moyens de règlement des problèmes politiques auxquels notre pays est confronté. Il n’est jamais trop tard pour bien faire. Nous invitons donc le gouvernement à prendre des mesures urgentes pour rendre ce dialogue effectif. Nous avons tous intérêt à ramener l’apaisement et la confiance avant les élections législatives et locales.
 
Savoir News : Dans des interviews accordées à certaines radios privées, le ministre Gilbert Bawara déclarait : « Les gens sont libres de se déterminer, mais les élections auront lieu, puisque le gouvernement a une responsabilité régalienne ». Quelle appréciation faites-vous de la déclaration du ministre ?
 
Ourna Gnanta : Mr Bawara est un employé. Il ne dit que ce qu’on lui demande de dire. Je ne crois pas qu’il soit réellement convaincu de ses propos. Nous pensons que le rôle du gouvernement c’est aussi de préserver la paix sociale et l’unité nationale. Nous sommes contre tout extrémisme venant de tout bord. Dans cette situation délicate, les membres du gouvernement doivent tenir des propos qui apaisent et qui garantissent le respect mutuel. Dans tous les cas, nous devons procéder à des réformes essentielles avant les élections. Les consensus obtenus lors des précédents dialogues doivent être traduits en acte. Je veux parler surtout de la réforme de la cour constitutionnel, de la limitation du mandat présidentiel, du mode de scrutin à l’élection présidentielle etc…
 
Savoir News : Pour certains responsables de l’opposition, le Togo est « au bord de l’explosion ». Avez-vous le même sentiment ?
 
Ourna Gnanta : Il faut être politiquement myope pour ne pas le percevoir. Tous les ingrédients sont réunis pour une dégradation totale de la situation. Mais par la grâce de Dieu, nous allons nous en sortir. Même la CEDEAO a senti le danger qui plane sur le Togo. C’est ce qui justifie la dernière mission de la commission de la CEDEAO à Lomé. Cette organisation s’active actuellement à la recherche d’un médiateur pour le Togo. J’invite tous les togolais à prier et à cultiver la tolérance.
 
Savoir News : La situation est morose depuis un certain temps. Pensez-vous que les élections pourront avoir lieu dans cette ambiance ?
 
Ourna Gnanta : Aller aux élections dans les conditions actuelles, c’est foncer tout droit dans le mur. Je reste persuadé que par la volonté politique du pouvoir et l’esprit citoyen de nous tous, des solutions seront trouvées à tous les problèmes avant les élections. Que Dieu nous accompagne. FIN
 
Propos recueillis par Junior AUREL
 
savoirnews
 

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