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La page de l’élection présidentielle semble officiellement tournée depuis la proclamation, le 3 mai dernier, des résultats définitifs par la Cour constitutionnelle donnant Faure Gnassingbé vainqueur avec 58,77 % des suffrages. Place désormais aux choses sérieuses. Et la plus attendue, c’est sans doute la formation du gouvernement devant démarrer ce 3e mandat. En premier lieu, la nomination d’un Premier ministre. Et pour ce poste, ce sont en tout quatre (04) prétendants qui se bousculent au portillon, ou plutôt dont les noms sont annoncés par des sources comme premiers ministrables. Parmi ces aspirants, il est signalé un opposant (sic).
 
Arthème Ahoomey-Zunu out
 
Arthème Séléagodji Ahoomey-Zunu, l’actuel locataire de la Primature où il a été nommé en 2012, en remplacement de Gilbert Fossoun Houngbo qui y a démissionné au plus fort de la crise politique précédent les législatives de juillet 2013, puis reconduit après ce scrutin, ne devrait pas être conservé. Ce ne serait que logique, car c’est la routine de voir les Premiers ministres au poste remplacés au lendemain des élections présidentielles, pour être en conformité avec la nouvelle donne issue de ces scrutins.
 
D’ailleurs, le natif de Kpélé-Tsavié était sur la sellette depuis plusieurs mois. Il était dit depuis un moment en froid avec son bienfaiteur qui, à un certain moment, ne voulait même pas le voir, pour des raisons qui lui sont proches. Et puis l’homme n’a jamais fait l’unanimité au sein du sérail où les inimitiés seraient fortes contre lui, malgré le zèle dont il fait preuve. Au cours de sa maladie qui l’a tenu éloigné de la Primature, il était même envisagé son remplacement en son absence. C’est au forceps qu’il fut reconduit au lendemain des législatives du 25 juillet 2013. Et à l’époque, certaines langues avaient glosé qu’il était reconduit pour des raisons humanitaires. Même s’il est débarqué aujourd’hui, Ahoomey-Zunu ne devrait pas trop regretter, ayant réussi aussi à se taper certaines réalisations…
 
Djossou Semodji
 
C’est l’un des noms évoqués par des indiscrétions pour être nommé au premier ministère. Il s’agit de l’actuel ministre auprès du président de la République, chargé de la Planification, du Développement et de l’Aménagement du territoire. Cela peut sonner aux yeux de beaucoup de Togolais comme une surprise, d’autant plus que l’homme n’a pas grande référence à faire valoir à part la gestion de ce ministère et son passage à la Direction de cabinet du ministère de l’Economie et des Finances, Adji Otèth Ayassor. Mais la surprise étant le fort de l’homme « Faure », on n’en est pas à l’abri.
 
Les admirateurs de Djossou Mawussi Semodji, eux, ne verraient pas sa nomination à la Primature comme une surprise et lui trouvent des qualités qui feraient de lui un bon Premier ministre. On le décrit comme un homme effacé, posé et pas du tout zélé. Des qualités recommandées au Premier ministre idéal, à un moment où la victoire déclarée de Faure Gnassingbé laisse un goût amer dans la gorge de bien de Togolais ; en tout cas loin de l’égoïsme et de la condescendance ostentatoire d’Arthème Ahoomey-Zunu.
 
Victoire Tomégah-Dogbé
 
Directrice de Cabinet du président de la République, ministre du Développement à la Base, de l’Artisanat, de la Jeunesse et de l’Emploi des jeunes, actrice principale du « théâtre à la base » et de tous les produits du Fonds national de la finance inclusive (Fnfi), Victoire Tomégah-Dogbé n’est plus à présenter. Elle est citée comme potentiel Premier ministre. Et comme atout principal, on met en avant son activisme autour de Faure Gnassingbé.
 
C’est en effet elle la patronne de la propagande politicienne du Prince, étant au centre de toutes les initiatives pouvant ripoliner l’image du fils du père. Distribution de houes et coupe-coupe, don d’outils de travail aux artisans, octroi de prêts microscopiques aux bonnes femmes, elle est omniprésente, au point de susciter la jalousie dans la masse des courtisans du Prince. Pour ses admirateurs, ce ne serait qu’une juste récompense qu’elle soit nommée à la Primature. Son nom fut d’ailleurs cité parmi les potentiels remplaçants d’Ahoomey-Zunu lors de son absence pour raison de santé. Mais les observateurs évoquent la faible performance réalisée dans son Badougbé natal par son mentor au scrutin du 25 avril dernier comme son principal handicap. En effet, Faure Gnassingbé n’y a pas été plébiscité, comme on s’y attendait, au regard de tout le théâtre à la base qu’elle a entrepris. Bien plus, il a été laminé par le candidat du Combat pour l’alternance politique en 2015 (Cap 2015), Jean-Pierre Fabre. Inconcevable aux yeux des dignitaires du pouvoir parmi lesquels elle comptait déjà beaucoup d’ennemis à cause de son ascension aux cotés du Prince. Elle broierait du noir depuis cette bérézina électorale de son candidat. D’autres sources la disent même débarquée du ministère et confinée à la Direction de cabinet de la présidence.
 
Robert Dussey
 
C’est sans doute la surprise de la liste. L’homme n’est que depuis peu ministre des Affaires étrangères et de la Coopération, même s’il travaillait depuis longtemps dans l’ombre de Faure Gnassingbé. Mais il est aussi cité par les indiscrétions parmi les pressentis à la Primature.
 
Intellectuellement, Robert Dussey a sans doute des compétences à revendre. Et pour les observateurs, l’heureux proclamé du 25 avril dernier a beaucoup à tirer de lui. On parle d’un homme qui a des références appréciables et un carnet d’adresse pas mal fourni au sein de la communauté internationale conférés par sa fonction de diplomate, d’un homme posé, respectueux de l’autre et surtout de consensus, qui ferait donc idéalement le pont entre le pouvoir impopulaire de Faure et l’opinion nationale qui ne lui est pas favorable, mais aussi avec Lomé et la communauté internationale. A un moment où Faure Gnassingbé a besoin de convaincre ses détracteurs et redorer son image, Robert Dussey ne serait pas un mauvais choix.
 
Agbéyomé Kodjo
 
C’est le dernier larron, et peut-être la surprise du chef aux yeux de certains, d’autant plus qu’il s’agit là d’un opposant (sic). C’est le patron de l’Organisation pour bâtir dans l’union un Togo solidaire (Obuts), une formation politique identifiée et la loi sur le statut de l’opposition comme de l’opposition. Mais elle n’en est vraiment pas une pour ceux qui connaissent la nouvelle orientation politique de l’homme et son parti.
 
Agbéyomé Kodjo que certains observateurs qualifient à tort ou à raison d’opposant « hybride » ou « recto verso », a effectué sa transhumance depuis « faure » longtemps, notamment les législatives de juillet 2013 ; et c’est un secret de Polichinelle. L’opposant le plus virulent dans ses propos à l’endroit de Faure était curieusement devenu l’un de ses plus grands admirateurs et ne s’en cachait plus. Celui qui jouissait presque en abordant la gouvernance du Prince, relevant son incompétence notoire et utilisant les termes les plus péjoratifs possibles, lui trouve désormais des qualités. Son bilan n’est plus catastrophique. Parallèlement, ce sont ses anciens camarades de lutte, notamment Jean-Pierre Fabre et ses associés, Zeus Ajavon et autres qui en prenaient pour leur grade. « L’enfant prodigue est revenu à la maison », glose un ponte du pouvoir.
 
Pour les observateurs, Gabriel Messan Agbéyomé Kodjo a faussé compagnie à ses anciens camarades de lutte depuis l’affaire des incendies, notamment la signature du rapport rendu public en novembre 2013 par le Collectif « Sauvons le Togo » dont l’homme s’est dissocié au dernier moment. Aujourd’hui, c’est la lune de miel entre lui, le souffre-douleur du pouvoir et Faure Gnassingbé, après qu’il a été rétabli dans tous ses droits d’ancien Premier ministre dont il était privé de la jouissance et pour lesquels il pleurnichait. L’homme ne s’est-il pas investi dans son Tokpli natal, à faire élire son nouvel ami à coup de fraudes ? Mais cette réconciliation a-t-elle ramené la confiance au point que Faure le nomme de nouveau à la Primature ?
 
C’est en tout cas le wait and see. Mais il urge de relever que le nom de l’homme de Tokpli avait beaucoup circulé comme probable remplaçant d’Ahoomey-Zunu lors de sa maladie et l’homme même ne s’en cachait pas. Des indiscrétions l’avaient même dit mener des consultations pour la formation de son gouvernement. Selon des sources, il avait même déjà soumis une proposition de gouvernement à qui de droit. Difficile, au demeurant, de présager le nom du prochain locataire de la Primature, Faure Gnassingbé étant imprévisible. Avec sa promotion par l’absurde qui le voit souvent promouvoir des gens au moment où ils sont décriés, la surprise comme mode fonctionnement, bien malin qui pourra donc pronostiquer le nom de l’heureux élu, sans risque d’être démenti à la fin. Les jours à venir nous situeront.
 
Tino Kossi
 
Source : Liberté du lundi 18 mai 2015
 

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