Favoritisme et laisser-aller au ministère des Arts et de la Culture

Le favoritisme et le laxisme sont les violons d’Ingres de M. Yacoubou Hamadou, ministre des Arts et de la Culture. L’ancien défenseur des droits de l’Homme qui, au nom de la « podocratie » (politique du ventre), s’est mué en tribun des tortionnaires, vient de nommer Mme Bassagou K. Wéntomrma, une novice, à la tête d’un poste stratégique de son département : Direction des Etudes, de la Recherche et de la Prospective Culturelle (DERPC). Une curieuse promotion qui fait débat au ministère.
 
Selon le décret N°2012-006/PR portant organisation des départements ministériels, l’administration centrale du ministère des Arts et de la Culture est composée du Secrétariat général, de la Direction des affaires administratives et financières, de la Direction nationale de la cinématographie (DNC) et de la Direction des études, de la recherche et de la prospective culturelle (DERPC). Et l’article 27 du décret N°2011-178/PR fixant les principes généraux d’organisation des départements ministériels précise la mission des directions centrales : « La direction centrale est compétente pour traiter des attributions du département ayant leur individualité propre, ou de même nature, ou encore faisant appel à une même technique, qu’elle soit administrative ou autre. Elle assure un rôle de : conception en développant les orientations, les politiques et stratégies du secteur et en élaborant les programmes et plans d’action afin de garantir l’efficacité de la structure pour la réalisation des objectifs du département ; supervision, coordination et animation de la structure, en veillant à l’utilisation optimale des ressources humaines, financières et matérielles, en impulsant les activités, en assurant les prises de décision et leur suivi et en favorisant la circulation de l’information ; suivi et évaluation des activités et des programmes ; liaison et contact avec les usagers et les autres structures du département ».
 
Comme on le voit, les directions centrales sont des postes stratégiques dans les différents ministères et ne sauraient être dirigées par Madame ou Monsieur tout le monde. Il faut des cadres rompus à la tâche pour manager de telles structures. Mais le ministre des Arts et de la Culture, Me Yacoubou Ahmadou n’en a cure et vient de nommer Mme Bassagou K. Wéntomrma, Assistante de Direction, Directrice des Etudes, de la Recherche et de la Prospective Culturelle (DERPC) par intérim, au grand dam des cadres du ministère (voir arrêté en fac-similé).
 
En fait, Mme Bassagou K. Wéntomrma a été embauchée en 2009 avec le niveau BAC II dans le cadre du concours national de recrutement. Elle a obtenu son premier poste à la Direction du livre avant d’atterrir au cabinet ministériel. Bien qu’elle ait introduit entre-temps un BTS en Secrétariat de Direction qui ne serait pas encore validé par le ministère de la Fonction publique et des Réformes administratives, elle ne connaîtra que la promotion au contact avec le ministre des Arts et de la Culture, Me Yacoubou Hamadou. Un an à peine après son arrivée au ministère, elle a été nommée Chef Secrétariat. Ce fut en janvier dernier (confer article 2 du document en fac-similé). Trois mois plus tard, la voilà à la tête de la DERPC. Une promotion canapé ? Question pour l’ancien droitdelhommiste qui joue depuis un certain un temps au cerbère des tortionnaires de la République.
 
« D’abord, sa nomination en tant que Chef Secrétariat avait suscité des remous dans le ministère. Beaucoup se sont posés des questions. Mais le comble, c’est cet arrêté du 12 avril dernier. Cette nomination est une injure faite aux cadres dont certains sont formés à l’Université Léopold Sedar Senghor d’Alexandrie ou par le Centre régional d’action culturelle (CRAC), et qui ont accumulé 15 ou 20 ans d’expériences. Ainsi, on utilise une secrétaire pour diriger une direction centrale alors que les cadres supérieurs sont confinés dans les seconds rôles », déplore un cadre du ministère.
 
Pour un autre fonctionnaire, la DERPC est une nouvelle direction créée à l’initiative des directives de l’UNESCO et de l’UEMOA qui demandent que les Etats prennent des mesures pour étudier l’impact de la culture sur le développement. « C’est un domaine pointu et je crois que Mme Wéntomrma n’est pas compétente pour occuper de telles fonctions. Cette nomination qui est une légèreté inqualifiable, est la preuve que le ministre Hamadou ne veut rien faire pour faire avancer son ministère. Il ne cesse de créer des frustrations parmi le personnel », s’emporte-t-il.
 
Quoique nombre de ministères aient entamé des réformes, Me Yacoubou Hamadou, lui, entretient le statu quo. Par exemple, il n’a jamais pourvu la Direction du patrimoine culturel. Les réformes initiées par son prédécesseur Oulégoh Kéyéwa sont rangées au placard. A preuve, le décret qui crée le fonds d’aide à la culture – un fonds accordant des subventions aux acteurs culturels n’a pas connu un début d’exécution. Pourtant au Bénin, au moins un milliard de FCFA est alloué chaque année pour ce faire.
 
La culture est un enjeu de développement, mais le ministre Yacoubou Hamadou ne le sait pas et croit qu’elle ne se résume qu’aux galimatias qu’il prononce au cours des fêtes traditionnelles. Résultante, l’immobilisme ne peut que persister, et il revient au Premier ministre de recadrer cet avocat qui se mêle de toutes les machinations du marigot politique togolais.
 
 
R. Kédjagni
 
 
liberte-togo.com
 

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