« Nous avons posé un certain nombre de préalables et le refus de régler ces préalables témoigne de l’absence de volonté politique d’organiser des élections libres et honnête et par voie de conséquence, de régler la crise togolaise », a affirmé mardi sur RFI, Jean Pierre Fabre, le président de l’Alliance Nationale pour le Changement (ANC, opposition).
 
La réaction de M.Fabre intervient, après la déclaration lundi sur la même radio du Premier ministre togolais Kwesi Séléagodji Ahoomey-Zunu. Ce dernier avait abordé plusieurs sujets notamment l’affaire d’escroquerie internationale dans laquelle est impliqué l’ex-Pdg d’ELF, Loïk Le Floch-Prigent, les manifestations du Collectif « Sauvons le Togo » (CST), le dialogue politique, les réformes politiques et les prochaines législatives.
 
S’agissant des manifestations du CST, M.Ahoomey-Zunu a indiqué que « le dialogue doit être la règle ».
 
« Pour nous, il n’y a pas d’autres solutions : continuer à rechercher le consensus par tous les moyens en ayant à l’esprit que nous avons intérêt à ce que notre pays s’apaise définitivement. Nous avons invité à plusieurs reprises cette opposition qui manifeste. Toutes les fois, ils ont refusé de répondre, mais nous avons bon espoir que la raison prévaudra, parce qu’il n’y a pas d’autres solutions. Il faudra qu’un jour, qu’on parle des sujets qu’ils ont à cœur », avait-il précisé.
 
« Nous avons déjà commencé à répondre à certaines de leurs préoccupations, notamment le découpage électoral, la limitation du mandat présidentiel, la transformation de la loi qui organique la Cour constitutionnelle… autant de réponses que nous avons apportées pour montrer notre bonne volonté, mais nous ne l’avons pas fait sous la contrainte. Nous l’avons fait avec d’autres partis politiques qui sont aussi de l’opposition (…) Nous avons anticipé pour montrer notre bonne foi et notre bonne volonté », avait souligné le chef du gouvernement.
 
Les « poids lourds » de l’opposition dont l’ANC ont boycotté les dernières discussions, estimant que les conditions ne sont pas réunies pour un dialogue « sincère et franc ».
 
« Nous avons posé un certain nombre de préalables et le refus de régler ces préalables témoigne de l’absence de volonté politique d’organiser des élections libres et honnête et par voie de conséquence, de régler la crise togolaise », a indiqué M.Fabre.
 
Comme préalables, le président de l’ANC a cité pêle-mêle : « la mise en œuvre des recommandations de la Commission Nationale des Droits de l’Homme (CNDH) dans l’affaire de torture de co-accusés de Kpatcha Gnassingbé, l’exécution rigoureuse des décisions de l’Union Interparlementaire et de la Cour de justice de la CEDEAO au sujet des neuf députés de l’ANC révoqués de l’Assemblée nationale ».
 
Selon M.Fabre, « le régime ne semble pas mesurer l’ampleur de la crise (…) « .  » C’est pourquoi, je veux à dire à M.Ahoomey-Zunu que les prochaines élections, si elles ne sont pas programmées pour être organisées après un accord politique issu d’un dialogue réel, elles n’auront pas lieu. Je veux le mettre en garde contre toute velléité de chercher à passer en force ».
 
S’agissant de la limitation du mandat présidentiel, M.Fabre a affirmé : « La non rétroactivité de la loi, cela prête à rire, parce que la loi peut disposer pour le passé, le présent ou l’avenir, si tel est la volonté du législateur. Et nous disons aujourd’hui, qu’en aucun cas, nous n’accepterons plus que Monsieur Faure Gnassingbé se représente aux élections ».
 
Lundi, M.Ahoomey-Zunu avait précisé que « le mandat est limité ». « C’est clair et nous n’étions même pas opposés à cela, puisque c’était déjà un consensus au sein du Cadre Permanent de Dialogue et de Concertation (CPDC). Mais je précise que toute loi joue pour l’avenir », a mentionné le Premier ministre togolais.
 
Est-ce que le président Faure Gnassingbé pourra se représenter ? Le chef du gouvernement avait répondu : « Sur le plan du droit et de la loi, le président est un citoyen comme tout togolais (…) », avant d’ajouter qu’une loi ne doit pas être dirigée contre quelqu’un.
 
Répondant ce mardi à la question de savoir si l’opposition ne court pas le risque de rater l’occasion de faire passer dès aujourd’hui, des réformes concrètes pour gagner les prochaines élections, en posant la barre trop haute, M.Fabre a dit : « de toutes les façons, les réformes auront lieu. Mais nous ne voulons pas nous laisser empâter par des dialogues qui permettent au régime en place de se maintenir indéfiniment ».
 
Concernant les manifestations du CST, le président de l’ANC a gardé le même ton : « Je vous demande un peu de patience et vous verrez que le peuple togolais est déterminé à barrer la route à la fraude électorale. Nous sommes un pays atypique où les lois de la république et les droits de l’Homme sont violés dans l’indifférence de la communauté internationale. Alors, le peuple togolais a pris en main son destin ».
 
L’affaire « d’escroquerie internationale » a été aussi abordée. Pour M.Fabre, il s’agit d’un dossier « politique », à « partir du moment où tout le monde constate que les droits d’un prévenu comme Pascal Bodjona ne sont pas respectés ».
 
« Je pense qu’il (M.Bodjona) est en prison pour des motifs politiques. Il a toujours été pour nous, un adversaire politique redoutable. Mais, nous sommes des hommes de principe. L’Etat de droit doit s’appliquer à tout le monde », a-t-il martelé. FIN
 
Junior AUREL
 
savoirnews
 

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