Les ambassadeurs de France, d’Allemagne, de l’Union européenne (UE), des Etats-Unis d’Amérique, et la représentante-résidente du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), communément appelés le « Groupe des cinq », n’ont que faire des gémissements du peuple togolais et viennent de choisir le camp de ceux qui ont « l’argent et les armes ». Prétextant un blocage de la situation, ce qui est une conséquence de leur hypocrisie, ils ont demandé au pouvoir d’enclencher le processus électoral, quitte aux autres, séduits plus tard par sa bonne organisation, de prendre le train en marche.
 
Depuis quelque temps, les diplomates occidentaux accrédités au Togo (France, Allemagne, Etats-Unis, UE) et la représentante-résidente du PNUD ont commencé à adopter une curieuse position dans la crise togolaise. Ils ne cessent de jeter l’anathème sur l’opposition en lui reprochant de ne pas chercher le dialogue. Surtout, ces diplomates trimbalés un peu partout par les ministres togolais, digèrent mal le retrait de l’opposition de la comédie organisée le 16 novembre dernier à la Primature. Etant donné que la situation est bloquée, estiment-ils, ils ont dit au pouvoir de préparer les élections de façon démocratique pour que tout le monde s’y présente. Pour eux, si les élections sont préparées de façon démocratique, les opposants se raviseront et y participeront. Quelle plaisanterie ! Depuis quand ce pouvoir a-t-il organisé des élections démocratiques au Togo ? Comme le dirait l’autre, ces diplomates sont perdus puisque aujourd’hui, ce sont eux qui encouragent le pouvoir à violer l’Accord politique global (APG) en organisant de façon unilatérale les élections. C’est à se demander l’intérêt qu’ils ont dans l’organisation des élections.
 
Selon les informations en notre possession, cette malheureuse position est incarnée par l’Ambassadeur de France, Nicolas Warnery. Ce diplomate semble prendre fait et cause pour le clan au pouvoir. Est-ce pour protéger les intérêts du Groupe Bolloré qui, grâce à son ami Nicolas Sarkozy, a complètement conquis le Port autonome de Lomé ? La question reste posée.
 
La même position est défendue par le chef de la délégation de l’Union européenne au Togo, Patrick Spirlet, considéré comme l’un des pions du réseau Louis Michel. Et il n’est pas exclu qu’avec le temps, l’UE décide de financer les élections.
 
Dans ces conditions, l’Ambassadeur d’Allemagne, Joseph Weiss qui souffle le chaud et le froid dans le dossier togolais – son dernier discours à l’occasion de la fête nationale de son pays en dit long-, ne peut que s’aligner. Tout comme l’Ambassadeur des Etats-Unis, Robert Whitehead et la représentante-résidente du PNUD, Mme Khardiata Lo N’Diaye qui avait initié cette réunion de haut niveau sur « les enjeux démocratiques et la consolidation de la paix » et dont les recommandations ne sont même pas prises en compte par le pouvoir lors de la mise en place de la Commission électorale nationale indépendante (CENI). Bref, le « Groupe des cinq » est complice du drame électoral qui se prépare au Togo.
 
Disons-le, la communauté internationale est une partie des problèmes du Togo. Et on se demande ce qu’a fait le peuple togolais pour mériter un tel mépris de la part de ces diplomates représentant le monde dit civilisé. Au lieu de dire la vérité à ceux qui considèrent le pouvoir comme un legs familial, qui violent allègrement les lois, qui torturent des citoyens pour un rien, qui accaparent toutes les richesses du pays, ils s’escriment à les ménager. Ils vont jusqu’à les supplier, les réconforter ainsi dans le mal. Pendant ce temps, les opposants sont marqués à la culotte pour qu’ils se jettent dans les bras des ogres. Quand ils résistent, ils sont traités de tous les noms d’oiseau, d’extrémistes, d’anti-dialogues… Mais quand l’opposition décide enfin de franchir le pas et de participer aux compétitions électorales, elle en ressort groggy. Le pouvoir savoure sa vraie fausse victoire. Les diplomates et leurs observateurs relèvent de graves anomalies dans leur rapport mais « ces irrégularités ne sont pas de nature à mettre en cause la crédibilité du scrutin ». Une kyrielle de recommandations est faite et puis, la parenthèse est fermée en attendant un autre « vote des bêtes sauvages ». La toile de Pénélope…
 
C’est pour mettre fin à cette situation de perpétuel recommencement que le Collectif « Sauvons le Togo » a proposé dans sa « plateforme citoyenne pour un Togo démocratique » remise à Faure Gnassingbé, une série de reformes à faire en vue d’assainir le marigot politique togolais. Et il nous plaît de citer ici quelques-unes : favoriser la mise en place de mesures garantissant de meilleures conditions pour l’alternance démocratique ; procéder au découpage électoral en prenant en compte les recommandations de la mission d’observation de l’UE ; réviser le code électoral afin d’harmoniser les différents articles contradictoires ; réformer la Cour constitutionnelle, la HAAC , la Cour des comptes, la CENI ; retourner à la constitution de 1992 qui consacre la limitation du mandat présidentiel ; rendre effectif le retour des neuf députés de l’ANC à l’Assemblée nationale, conformément aux décisions de l’UIP et de la Cour de Justice de la CEDEAO ; lutter contre l’impunité et les violations des droits de l’Homme, mettre fin à la corruption et au gaspillage des deniers publics …
 
Dites aux Togolais, messieurs et madame les diplomates si ces propositions du CST empêchent le pays d’avancer ! En tout cas, les valeurs que défendent le Collectif « Sauvons le Togo » et la Coalition Arc-en-ciel participent à l’ancrage de la démocratie et de l’Etat de droit au Togo. Et il est temps de faire une halte pour régler en profondeur cette crise qui n’a que trop duré.
 
Pour rappel, si nous étions dans un pays normal où toutes les institutions sont réellement indépendantes, il y a bien longtemps que Loïk Le Floch-Prigent aurait bénéficié d’une mise en liberté provisoire pour aller se faire soigner en France. Comme quoi, cette dictature rampante soutenue par ces diplomates occidentaux bouffe tout le monde, même des citoyens français.
 
R. Kédjagni
 
liberte-togo
 

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