Le président bissau-guinéen, Malam Bacai Sanhá, est décédé lundi à Paris, à l’âge de 64 ans. Ancien combattant anticolonialiste, pilier du puissant Parti africain pour l’indépendance de la Guinée et du Cap-Vert (PAIGC, au pouvoir), cet ex-chef d’Etat intérimaire était un vieux routier de la vie politique de son pays.
Elu président en juillet 2009, il avait pris la tête d’un pays politiquement très instable, instabilité renforcée par la poussée ces dernières années du narcotrafic : la Guinée-Bissau est devenue une zone de transit de drogue entre l’Amérique du Sud et l’Europe.
Depuis dix-sept ans, aucun des trois présidents élus dans cette ex-colonie portugaise pauvre n’a terminé son mandat de cinq ans, ceux ayant précédé Malam Bacai Sanhá ont été renversés par l’armée ou assassinés par des militaires.
Propulsé au pouvoir par une guerre civile
Ancien président intérimaire de juin 1999 à mai 2000, Malam Bacai Sanhá avait été propulsé au pouvoir après la guerre civile déclenchée en 1998, qui avait abouti au départ du pouvoir du président João Bernardo Vieira, chassé par l’armée à la suite d’une mutinerie et assassiné depuis. Malam Bacai Sanhá a été plusieurs fois ministre – de la province de l’Est, des Télécommunications et de la Fonction publique – et a dirigé l’Assemblée nationale de 1994 à 1998.
En 2009, il s’était présenté pour la troisième fois à une élection présidentielle, après 2000 et 2005, sous la bannière du PAIGC, le seul parti qu’il ait connu, majoritaire à l’Assemblée nationale avec 67 députés sur 100.
Sa priorité a été la réforme du secteur de la défense et de la sécurité en vue de réduire les effectifs pléthoriques – au moins 12 000 hommes pour une population de 1,5 million d’habitants – d’une armée régulièrement impliquée dans des violences, les dernières datant du 26 décembre, lors d’un coup d’Etat raté.
Souffrant d’un mal inconnu
Pendant cette tentative, le chef de l’Etat se trouvait déjà à l’hôpital militaire du Val de Grâce, à Paris, où il est mort et où il avait déjà effectué de nombreux séjours depuis son élection pour tenter de guérir une maladie inconnue. Il s’était également régulièrement fait soigner à Dakar.
Six mois après son élection de juillet 2009, à l’occasion d’une de ses hospitalisations à Paris, Malam Bacai Sanhá avait simplement déclaré : «On parle de chute d’hémoglobine dans le sang. […] Il est vrai que je souffre aussi de diabète, mais ce n’est pas si grave qu’on veut le faire croire.» Il avait aussi indiqué avoir été «longuement sous perfusion».
Ancien compagnon d’Amilcar Cabral, fondateur du PAIGC, figure des luttes de libération en Afrique et «père de l’indépendance» de la Guinée-Bissau, Malam Bacai Sanhá était un beafada, une ethnie minoritaire représentant 7% de la population bissau-guinéenne.
Originaire de la région de Quinara (sud), cet ancien combattant a lutté contre le Portugal lors de la guerre de libération ayant mené son pays, ex-colonie portugaise, vers l’indépendance en 1974. Cet homme de grande taille, à la forte corpulence, diplômé en sciences politiques de l’université de Berlin-Est, était musulman, marié et père d’un enfant.
(AFP)

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