Enquête en eaux profondes
 
Le régime de Faure Gnassingbé exploite-t-il clandestinement le pétrole aux larges de nos côtes ? La question n’est pas superflue lorsqu’on se réfère à certains indices et à des informations de plus en plus insistantes. Tout comme l’exploitation clandestine du diamant mise à nu par le dernier rapport de l’Initiative pour la Transparence dans les Industries Extractives (ITIE) alors que le Togo était membre du processus de Kimberley depuis 2007, les informations sur l’exploitation clandestine du pétrole aux larges de nos côtes par Faure Gnassingbé et certains de ses amis au détriment des caisses de l’Etat, ont franchi l’étape des rumeurs. Au journal « L’Alternative », nous avons tenté de faire une plongée en eau profonde aux larges de nos côtes pour savoir réellement ce qui s’y passe.
 
Du Norvegien Petroleum Geo-Services au groupe américain Hunt Oil Petroleum
 
De sources bien informées, la découverte du pétrole aux larges de nos côtes remonte à 1997 grâce à l’exploit d’un groupe norvégien, Petroleum Geo Service (PGS) avec à sa tête un certain Ramussen, ancien Directeur Général de CIMTOGO. C’est suite à un voyage de feu Eyadema en Norvège en 1996 que ce dernier a demandé à la société norvégienne de venir explorer l’off-shore togolais. De 1997 à 1999, PetroleumGeo-Services réalise des études géophysiques de l’off-shore togolais. La présence d’hydrocarbures est détectée en 1998 aux larges de nos côtes, et l’on se rappelle bien cette sortie médiatique de feu Koffi Panou, ministre de la communication d’alors qui annonçait le bonheur pour tous les Togolais.
 
Le 9 décembre 1999, PGS présente officiellement les résultats à feu Gnassingbé Eyadema. La même année, le Togo se dote d’un code des hydrocarbures, important document juridique et règlementaire du secteur.
 
En mai 2001, le gouvernement togolais conclut un contrat d’exploration avec la société texane Hunt Oil Company, laquelle réalise en suivant des forages dans les eaux territoriales la quantité et la qualité des ressources. Le 24 avril 2002, est signé un accord de partenariat entre Togo Hunt Oil Company et Petronas Carigali, société malaisienne basée à Kualalumpur. Cet accord a été paraphé en octobre 2002 en présence du général Gnassingbé Eyadema, de Christopher Stone, Directeur Général de Togo Hunt Oil Company, de Monsieur Andjo Tchamdja, ministre de l’Equipement et des Mines d’alors et de l’Ambassadeur des USA au Togo de l’époque. Cet accord fixe les droits et obligations des parties à propos des opérations relatives au contrat pétrolier en avril 2002, sur le partage de la production. Il concerne exclusivement l’exploitation, l’évaluation, le développement et la production en commun des réserves d’hydrocarbures.
 
Le 12 novembre 2002, pour permettre une communication efficace avec les plates-formes off-shore, la Hunt Oil Company Togo obtient une licence sur le territoire togolais pour installation d’un service VSAT, un service de communication par satellite. Les choses se déroulaient normalement lorsqu’à un moment, les Américains se retirèrent sans grand bruits.
 
Il faut signaler que début 2003, Andjo Tchamdja a été éjecté du ministère stratégique de l’Equipement, des Mines, des Postes et Télécommunications au profit d’un certain Faure Gnassingbé, jusque-là conseiller de son père. Selon certaines sources, le groupe américain aurait retardé l’exploitation du pétrole afin qu’elle ne soit effective tant qu’Eyadema sera au pouvoir, ceci pour éviter de rééditer la gestion catastrophique des phosphates. Pour d’autres, le pétrole togolais est à peu près à 1900 m de profondeur, ce qui naturellement devrait induire des coûts d’exploitation trop élevés. Hunt Oil Company jeta finalement l’éponge et à l’époque, Gilchrist Olympio avait accusé Faure Gnassingbé d’avoir touché des commissions sur le pétrole togolais. Mais, faut-il le préciser, jusqu’en fin 2005, le site officiel de la Hunt Oil Company mettait à disposition la carte de ses implantations spécifiant ses activités d’exploration au Togo. Ce que confirme Africa Energy Intelligence qui mentionnait en juillet 2005 que « malgré le retrait de Hunt Oil au Togo, le pays resta néanmoins pendant de longs mois mentionné sur la carte de ses activités d’exploration ».
 
Après le retrait des Américains, toute la stratégie du pouvoir togolais avec Faure Gnassingbé au ministère des Mines était de brouiller les pistes sur la réalité de l’exploitation du pétrole aux larges des côtes togolaises. Pour ce faire, de curieux appels d’offres ont été lancés par ce ministère. A la mi-novembre 2005, le ministère des Mines et de l’Energie togolais informait qu’une zone en eaux profondes aux larges des côtes togolaises couvrant une superficie de plus de 4 km2, ferait bientôt l’objet d’une exploration pétrolière. Mais aussi bizarre que cela puisse paraître, l’appel d’offres qui expirait le 1er mai 2006, proposait un modèle de partage de la production sur le champ qui fut déjà l’objet de partenariat entre Togo Hunt Oil Company et Petronas. D’autres groupes pétroliers à l’instar de Maurel et Prom, un groupe français, se sont déclarés intéressés. Mais finalement c’est à Orantopetroleum, un mystérieux groupe nigérian spécialisé dans l’exploration et l’exploitation du pétrole off-shore qu’un contrat de 2 ans renouvelable une fois a été concédé. Ce groupe avait promis le premier forage pour janvier 2009 ; mais depuis, c’est le silence radio.
 
En octobre 2010, c’est le groupe italien ENI qui débarque au Togo et se voit offrir deux contrats de production du pétrole off-shore togolais. Dans une interview sur Koaci.com avant son arrestation, Loik Le Floch-Prigent a laissé entendre qu’il a effectué de nombreuses missions dans le domaine du pétrole pour Faure Gnassingbé. Il a précisé que la présence du groupe ENI au Togo était le résultat de son travail dans ce domaine.
 
Raphy EDERY dans le pétrole togolais comme dans les phosphates
 
Lors de la signature du contrat entre le gouvernement togolais et le groupe ENI, il a été clairement dit que le groupe italien allait faire des recherches aux larges de nos côtes alors qu’en réalité, le groupe américain Hunt Oil Company avait déjà trouvé le pétrole sur la base des études géotechniques de la société norvégienne. Alors que fait exactement le groupe ENI au Togo ? A quelle adresse sont logés ses bureaux dans notre capitale ? Tout cela relève du mystère.
 
L’autre mystère dans ce dossier est le rôle exact que joue Raph Edery, l’ancien député israélien, ancien agent du MOSSAD qui se trouve être le vrai patron des phosphates togolais. C’est d’ailleurs lui qui s’occupe de la sécurité personnelle de Faure Gnassingbé et de l’équipement de l’ANR en matériels d’écoutes sophistiqués et performants. Déjà, il lui avait été attribué sur le pétrole togolais des royalties. Selon certaines sources proches de la Présidence de la République, le 28 juillet 2008 lorsqu’il a été reçu en audience par Faure Gnassingbé et a manifesté son désir d’investir dans le pétrole, il a été dit à Abbas Al Youssef qu’il y avait déjà dans le pétrole un Israélien et qu’il était souhaitable qu’il se joigne à lui. Mais l’Emirati a refusé l’offre de cheminer ensemble avec Raphy Edery.
 
Selon plusieurs sources, le pétrole togolais existe bel et bien et est déjà exploité sur nos côtes. Par qui, et pour qui ? Pour l’heure, aucune trace de cette exploitation dans le budget national. Cette exploitation qui concerne les blocs Mono et OTI, Faure Gnassingbé entend l’officialiser en 2013 pour s’en servir comme arme de campagne électorale, avec des promesses démagogiques aux populations. Il y a de cela quelques semaines, de nouvelles machines d’exploitation de l’or noir ont été débarquées au Port autonome de Lomé, et ce sont des Bérets rouges qui sont allés les escorter pour une destination inconnue.
 
Il est important de le souligner, un important projet de construction d’une raffinerie est actuellement en cours dans les parages de Togoville où le processus d’indemnisation des propriétaires terriens a déjà démarré. Ce projet soutenu par des bailleurs de fonds, est piloté par un petit frère de l’ancien Premier ministre Gilbert Fossoun Houngbo.
 
Il est donc temps que Faure Gnassingbé et ses amis qui pillent le Togo en silence dans les phosphates, dans le marbre, dans les télécommunications, dans le clinker, dans le diamant et les autres pierres précieuses, au PAL, situent les Togolais sur la réalité de ce qui se passe aux larges de nos côtes et qui permet à certains de garnir d’avance leurs comptes bancaires. A suivre.
 
Ferdi-Nando
 
lalternative-togo
 

1 commentaire

  1. c’ est domage que les fils du pays souffre dans leurs refuges ( pays voisins )
    alors que la richesse du Togo est pillee par ce groupe de voleur qui s’en rejouir.

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