La soldatesque sera-t-elle envoyée pour réprimer la manifestation pacifique et légitime ?
Réclamation du retour des députés à l’Assemblée nationale
« Si le RPT refuse, nous allons nous organiser pour y retourner, et une fois à l’Assemblée nationale, nous obtiendrons immanquablement la dissolution de cette Cour constitutionnelle dirigée par Abdou Assouma ». C’est la menace que lançait Jean-Pierre Fabre le samedi 30 octobre lors du traditionnel meeting du Front républicain pour l’alternance et le changement (Frac). Tout porte à croire qu’on est à la phase de matérialisation puisque le Frac appelle à une manifestation dans les rues de Lomé demain pour exiger le retour à l’Assemblée Nationale des neuf (09) députés abusivement exclus par le grand juriste Aboudou Assouma, mais que la Cour de justice de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (Cédéao) a réhabilités.
« En soutien à l’ANC et en vue d’exiger et d’obtenir le retour effectif des députés ANC à l’Assemblée nationale, l’Alliance des Démocrates pour le Développement Intégral (ADDI), le Pacte Socialiste pour le Renouveau (PSR), Sursaut–Togo, constitués en Front Républicain pour l’Alternance et le Changement (FRAC) et le Parti des Travailleurs, appellent les populations togolaises et particulièrement celles de Lomé et de ses environs à prendre part massivement, à la marche pacifique qu’ils organisent à travers les rues de Lomé, le mercredi 09 novembre 2011, à partir de 08h00, suivant l’itinéraire ci-après : Bè-Kondjindji, pavés NDA, marché de Bè, Bd Félix Houphouët Boigny, immeuble Fiata, Bd circulaire côté ouest, Deckon, Eglise St Augustin d’Amoutivé, cinéma Rex, Av du 24 janvier, Place Anani Santos, RAMCO, Monument aux morts, CASEF, siège de l’Assemblée nationale », disait un communiqué daté de jeudi dernier signé du président de l’Anc Jean-Pierre Fabre, suite au conseil des ministres tenu la veille qui fait état des dispositions prises par le gouvernement pour le paiement à chacun des députés exclus, des trois (03) millions FCFA à titre de dommages et intérêts, mais occulte savamment la réparation principale qui est leur réintégration à l’Assemblée nationale.
Les responsables du Front y sont longuement revenus samedi dernier. « Même si la maison de Fabre est encerclée ce mercredi, vous, soyez au lieu de rassemblement. Ça suffit ! », a lancé à la foule Alphonse Kpogo de l’Alliance des démocrates pour le développement intégral pour sonner leur mobilisation, et d’ajouter : « Si quelqu’un brise notre pouce, il faut que notre sang se répande sur son orteil. Nos députés, quels que soient les cas reprendront leur siège ». « Les députés Anc regagneront bel et bien leurs fauteuils à l’Assemblée nationale… Nous ne laisserons pas ce qui est à nous dans leurs mains, nous l’arracherons», a une fois de plus réitéré Jean-Pierre Fabre. Cette manifestation est même brandie comme le début de l’Harmaguédon pour le pouvoir en place. « Si ton adversaire commet des gaffes, ce n’est pas le moment pour toi de t’inquiéter, mais il faut lui porter l’estocade. Et les semaines à venir seront très décisives pour nous», lance-t-il ensuite.
C’est manifeste, la détermination est forte dans les rangs de l’Anc et du Frac. Mais la seule inconnue est la réaction de Faure Gnassingbé et les siens. Le pouvoir va-t-il envoyer, après avoir violé les droits des neuf députés, comme à son habitude, la soldatesque pour réprimer les militants et sympathisants qui manifesteront pour exiger le respect du verdict de la Cour de justice de la Cédéao et le retour de leurs leaders à l’Assemblée nationale ?
La question reste posée, d’autant plus que la manifestation est organisée un jour ouvrable, ce qui est prohibé par la fameuse Loi Bodjona. Même si l’Anc, le Frac et nombreuses autres organisations militant pour l’alternance, le respect des droits de l’Homme et la liberté de manifestation ont toujours exprimé leur désapprobation à cette loi inique, estimant qu’elle est restrictive de la liberté de manifestation conférée par la Constitution togolaise et reconnue par les instruments internationaux, elle est, de fait, respectée depuis quelques mois. En tout cas hormis quelques tentatives souvent étouffées par la séquestration de Jean-Pierre Fabre les jeudis à son domicile, les rues de Lomé n’ont plus connu de manifestations publiques les jours ouvrables depuis un bout de temps. Ce qui collait aussi la paix aux gouvernants en place qui ont la phobie des manifestations les jours ouvrés. Mais demain mercredi risque de déroger à la règle. Et c’est Faure Gnassingbé même qui l’aura voulu, en adoubant le coup d’Etat juridique d’Aboudou Assouma et en laissant le dossier parvenir sur la table des juges de la Cédéao. Cette manifestation sort du cadre politique togolais et devrait avoir une portée internationale. Toute répression serait la matérialisation du refus de l’Etat togolais de réintégrer ces députés abusivement exclus le 22 novembre 2010. Et la Cour de justice de la Cédéao et l’instance politique de la communauté devront aviser. Puisque le verdict rendu est assez clair : l’Etat togolais a été condamné à réparer la violation des droits des requérants et à payer à chacun la somme de 3 millions FCFA à titre de dommages et intérêts. Ce serait un défi à eux lancés par Faure Gnassingbé et les siens. En tout cas il faut avouer qu’il y a de l’électricité dans l’air.
Au demeurant, c’est triste pour le Togo, le tout nouveau membre du Conseil de sécurité de l’Organisation des Nations Unies censé défendre les idéaux incarnés par l’institution mondiale, dont les droits de l’Homme, et pour Faure Gnassingbé l’« Esprit nouveau », que Jean-Pierre Fabre et les siens soient obligés de descendre dans les rues pour réclamer le respect d’une décision de justice, pourtant claire comme l’eau de source. Et c’est dans ces conditions qu’on crie à la réconciliation des Togolais !
Tino Kossi
source : groupe liberté hebdo togo

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