L’évidence d’un hold-up électoral au cours des prochaines élections législatives et locales, est plus que d’actualité. Les préparatifs vont bon train pour justifier une victoire “frauduleusement propre” d’Unir de Faure Gnassingbé.
 
Déjà le 11 avril 2012, le Conseil des ministres a rendu public un communiqué par lequel, il a annoncé l’examen en première lecture d’un avant-projet de loi portant modification du code électoral. Ce texte est rédigé sur : « La base des différentes recommandations des missions d’observation électorales des élections législatives de 2007 et de la présidentielle de 2010, particulièrement les recommandations de la mission d’observation de l’Union européenne, des discussions et consensus de la classe politique et des recommandations de l’Accord Politique Global (APG) », a indiqué sur le plateau de la télévision nationale, le ministre du commerce Séléagodji Ahoomey-Zunu qui, a aussi précisé : « Ce texte vise à corriger les insuffisances, lacunes et incohérences qui subsistent dans le code électoral du 5 avril 2000, issu de l’Accord Cadre de Lomé ». Ce faisant, le gouvernement maintient le cap pour les élections en octobre prochain. Alors, pour nombre de Togolais, c’est un peu dans le souci d’ouvrir la foire aux fraudes.
 
Très vite, les Organisations de défense des droits de l’homme à travers le collectif “Sauvons le Togo”, sont montées au créneau pour dénoncer cette manœuvre du gouvernement visant une modification unilatérale de la loi électorale. « Pour faire des élections transparentes, comme ce fut le cas au Sénégal, les autorités doivent repousser la date et les organiser entre décembre et janvier de l’année prochaine. Si on organise les élections législatives avant la fin de l’année, c’est encore un passage de force. Ces élections seront contestées », a laissé entendre le coordinateur du collectif, Me Zeus Ata Ajavon au cours d’une conférence de presse.
 
Or, en analysant mieux la situation, l’on se rend compte que cette manière peu orthodoxe de procéder du gouvernement togolais a été planifiée depuis belles lurettes. On se rappelle lorsque la question de la modification de la loi électorale a été soulevée au Cpdc, il n’y avait donc pas un large consensus autour. Il sera alors reversé dans le nouveau dialogue ouvert par le gouvernement pour les partis parlementaires. Là, la ruse du parti au pouvoir a encore marché, car pour un problème d’hiérarchisation des sujets à débattre, le dialogue a pris du plomb dans l’aile, le Rpt accusé par ses interlocuteurs d’être le principal saboteur des pourparlers. Avec cette impasse le gouvernement va opérer un passage en force sous prétexte de respecter le délai constitutionnel.
 
Aussi est-on beaucoup plus fixé sur la mascarade électorale qui se prépare avec la dissolution du Rassemblement du peuple togolais (Rpt) et la création de l’Union pour la République (Unir) de Faure Gnassingbé. Aujourd’hui, tous les micros partis, qui étaient en réalité des partis satellites de l’ex-Rpt, convoquent en cascade des congrès extraordinaires et dissolvent leurs formations politiques pour se fondre dans Unir. C’est le cas de la Ndpd de Justin Yidi et de l’Upr de Nayone (tous deux transfuges du Car). Dans les prochains jours, nul ne sera surpris de voir aussi disparaître le Nid Gabriel Dosseh-Anyron, Mosep de Mawutoe d’Almeida et autres micros partis au profit de l’Unir.
 
La stratégie inavouée consistera pour Unir de se lancer dans la bataille des images lors des campagnes électorales. Tous les soi-disant militants, des oisifs, en fait des jeunes clochardisés réunis au sein des associations et autres groupements occuperont du terrain pour Unir donnant l’impression que Faure Gnassingbé a une grande popularité, une assise nationale, bref que tous les Togolais ou presque sont acquis à sa cause. Alors, on pourra intelligemment frauder les élections en tronquant comme d’habitude les résultats après avoir échangé en amont les procès verbaux des bureaux de vote à la faveur du parti. Ainsi, on nous dira comme en 2010 : « On les a laminés totalement, on les a mis en déroute… ».
 
Vu de l’extérieur ou de l’avis de cette fameuse communauté internationale, on croira à cette vérité de La Palice en déclarant sans scrupules que c’est le bien le peuple qui a voté massivement pour le parti de Faure Gnassingbé.
 
La pilule sera certes amère pour les Togolais, mais ils n’auront plus d’autres alternatives que de reconduire à contrecœur le sempiternel sigle ECDE : Election-Contestation-Dialogue-Election.
 
 
Sylvestre Beni
 
Actu Express N° 192 du 30 avril 2012
 

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