La Francophonie clôt dimanche son premier sommet en République démocratique du Congo (RDC) en s’engageant résolument à soutenir l’Afrique dans tous les domaines et en adoptant une série de résolutions sur les crises en RDC, au Mali, à Madagascar et en Guinée-Bissau.
 
Le sommet devait s’achever à la mi-journée par une conférence de presse du président congolais Joseph Kabila, du secrétaire général de la Francophonie Abdou Diouf, de la ministre française de la Francophonie Yamina Benguigui et du représentant du pays organisateur du prochain sommet, dont le nom devait être annoncé peu auparavant.
 
« Le véritable enjeu de ce sommet, c’était qu’il se tienne, ici, en République démocratique du Congo », en dépit de toutes les difficultés d’un des pays les plus pauvres du monde et du conflit à sa frontière de l’Est, commente une source politique au sein de l’OIF.
 
« Il s’agissait aussi de voir jusqu’où on pouvait aller, face au régime de Joseph Kabila, pour que ce sommet serve de levier à des réformes et à la promotion des droits de l’homme », ajoute cette source.
 
Le président français François Hollande a eu samedi à Kinshasa qualifié de « franc et direct » avec Joseph Kabila. Il avait multiplié les déclarations sur l’insuffisance de démocratie dans le pays, après les nombreuses fraudes constatées aux élections de 2011. Et s’était aussi affiché avec des représentants de la société civile et du principal opposant, Etienne Tshisekedi, en répétant à tous que « la France est aux côtés des défenseurs des droits de l’Homme ».
 
Dimanche, la Francophonie devait adopter en fin de matinée sa « déclaration de Kinshasa » résumant, en une multitude de points, les engagements des 56 pays membres et 20 observateurs.
 
La Francophonie devait insister sur la nécessité de poursuivre la réforme de la gouvernance mondiale, pour « une représentation permanente et équitable de l’Afrique » au sein des organes de décision, Abdou Diouf ayant plaidé samedi pour que l’Afrique obtienne « la place qui lui revient de droit » au Conseil de sécurité des Nations unies.
 
Le texte final devait aussi affirmer la détermination de l’organisation à accompagner le Mali et la RDC « dans leurs efforts pour faire respecter leur souveraineté et leur intégrité territoriale », selon une source politique au sein de l’OIF.
 
Chaque mot de la résolution consacrée au conflit au Nord-Kivu aura été pesé, alors qu’un groupe d’experts de l’ONU a récemment mis en cause le soutien accordé aux rebelles dans l’Est de la RDC par des responsables militaires rwandais. En marge du sommet, les délégués de la RDC et du Rwanda ont multiplié les rencontres bilatérales pour en négocier la teneur, sans parvenir à un accord.
 
Selon une source française proche des négociations, la résolution devant être présentée fait l’objet de deux « réserves » de la part du Rwanda. Kigali refuserait un appel à « des sanctions ciblées » contre les responsables des exactions commises dans l’Est. Le Rwanda rejetterait également l’appel de la Francophonie à « poursuivre en justice » les auteurs de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité dans le pays, tel le chef rebelle Bosco Ntaganda, recherché depuis 2006 par la Cour pénale internationale.
 
Prochain sommet au Vietnam ou au Sénégal
 
Quant à la situation au Nord du Mali, contrôlé depuis six mois par les islamistes d’Al-Qaïda au Maghreb islamique et d’autres groupes armés, elle avait été exposée samedi à huis clos par le président burkinabè Blaise Compaoré.
 
La Francophonie a salué l’adoption par l’ONU d’une résolution préparant le déploiement d’une force internationale au Mali, donnant 45 jours aux pays ouest-africains pour préciser leurs plans. De son côté, elle comptait appeler à la négociation avec toutes les parties maliennes « à l’exclusion des mouvements terroristes » tout en demandant à l’Union africaine et à l’ONU de répondre favorablement à la demande du Mali pour une intervention.
 
Trois autres résolutions – non contraignantes – devaient être adoptées, sur les crises à Madagascar et en Guinée-Bissau, la bonne gouvernance dans les industries extractives et forestières ainsi que le renforcement de la lutte contre la piraterie maritime dans le golfe de Guinée.
 
Enfin, le choix du pays d’accueil du sommet de 2014 sera dévoilé. La Moldavie et Haïti s’étaient proposés d’accueillir la rencontre mais sans en avoir réellement les moyens. C’est finalement le Vietnam et le Sénégal, « au coude à coude », qui se disputaient cet honneur, selon des délégués.
 
Le Vietnam est « très très motivé et l’a fait savoir » mais la candidature du Sénégal, pays natal du secrétaire général Abdou Diouf, est « très appréciée » par de nombreux pays membres et appuyée notamment par la France, a relevé une source politique au sein de l’OIF.
 
AFP / lepoint
 

LAISSER UNE RÉPONSE

Please enter your comment!
Please enter your name here