ABUJA — La Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao) a élu à sa tête le président ivoirien Alassane Ouattara et exprimé sa préoccupation face à la détérioration de la sécurité au Sahel, lors d’un sommet de deux jours qui s’est achevé vendredi à Abuja.
« Nous avons élu à l’unanimité le président de Côte d’Ivoire », a déclaré le président sortant, le chef de l’Etat nigérian Goodluck Jonathan.
L’élection de M. Ouattara à la tête de la Cédéao, qui regroupe quinze pays, marque le retour sur la scène régionale de la Côte d’Ivoire, en crise politique depuis la fin 2002 et secouée en 2010-2011 par de violents troubles.
M. Ouattara est arrivé au pouvoir en avril 2011 après une crise post-électorale ayant fait quelque 3.000 morts.
Il était le favori pour ce poste d’une durée d’un an renouvelable.
« A travers cette élection, vous venez de manifester une fois de plus le soutien et les encouragements des pays de notre organisation à la Côte d’Ivoire, dans ses efforts de réconciliation et de reconstruction », a déclaré M. Ouattara.
« Au plan sécuritaire, notre sous-région fait face à de nouvelles menaces qui entraînent la résurgence de conflits anciens, fragilisent des pans entiers de nos sociétés et menacent nos capacités de défense », a ajouté le nouveau président de la Cédéao.
« C’est le lieu d’appeler à la définition d’une politique de défense commune, à la mutualisation de nos moyens, afin de juguler la poussée du terrorisme, de reprendre le contrôle de nos côtes livrées à la piraterie maritime et de contenir les flux d’armes qui aggravent la criminalité et le grand banditisme », a-t-il ajouté.
Les chefs d’Etat et de gouvernement de la Cédéao ont de leur côté « exprimé leurs profondes préoccupations face à la détérioration de la sécurité et de la situation humanitaire dans la région du Sahel, notamment au Mali et au Niger », selon le communiqué final.
Le sommet, qui a réuni une dizaine de chefs d’Etat et de gouvernement, « a fermement condamné la rébellion du MNLA (Mouvement national de libération de l’Azawad, ndlr) au Mali », en soulignant « son appui sans réserve aux efforts déployés par le Mali pour défendre son intégrité territoriale ».
Le sommet de la Cédéao « a exprimé sa préoccupation face au flux de réfugiés et de déplacés internes, ainsi qu’à l’aggravation de l’insécurité alimentaire dans la région du Sahel ».
Les conditions sécuritaires se dégradent rapidement dans la zone sahélienne en raison d’une nouvelle rébellion touareg au Mali et des attaques de la branche maghrébine d’Al-Qaïda (Aqmi).
Les violences ont provoqué un exode intérieur mais aussi vers d’autres pays. Quelque 44.000 personnes ont ainsi fui vers la Mauritanie, le Niger et le Burkina Faso, alors qu’elles étaient 22.000 le 7 février, selon le Haut commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR) qui entend renforcer son aide.
Une situation d’autant plus préoccupante que 12 millions de personnes dans les pays sahéliens sont menacées par la famine.
Le conseil de sécurité et de médiation de la Cédéao a approuvé une aide financière de 3 millions de dollars pour les victimes de la crise alimentaire et des attaques rebelles dans les pays du Sahel.
Concernant la piraterie, en hausse dans le golfe de Guinée, le sommet a souligné l’importance « du rôle de la coordination de la Cédéao pour combattre ce fléau ».
Les participants ont par ailleurs élu l’ancien ministre des Finances burkinabè Kadré Ouédraogo président de la commission de la Cédéao, un poste de quatre ans jusqu’alors occupé par le Ghanéen James Victor Gbeho.
M. Ouédraogo est actuellement ambassadeur extraordinaire plénipotentiaire du Burkina Faso en Belgique, aux Pays-Bas et au Royaume-Uni.
AFP

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