Les Syndicats togolais défendant les intérêts des travailleurs n’ont pas été en marge de la commémoration, le 7 octobre dernier, de la Journée internationale du travail décent. Une occasion qui leur est offerte de faire le bilan des conditions de vie et de travail des employés dans tous les secteurs.
 
A l’occasion de cette journée, le Secrétaire général du syndicat des journalistes indépendants du Togo (SYNJIT), DOMEGNI Maxime a accepté de confier à l’Agence Afreepress, les observations de son syndicat sur les conditions de travail des journalistes au Togo. Celui-ci a soulevé les problèmes auxquels sont confrontées ces personnes au quotidien et espéré qu’une amélioration leur viendra de leurs patrons.
 
Afreepress : Le 7 octobre dernier, le monde entier a célébré la Journée du travail décent. Au Togo, comment votre syndicat le SYNJIT a-t-il commémoré cette journée ?
 
Maxime DOMEGNI : Vous savez, le 7 octobre de chaque année, la communauté syndicale internationale célèbre la journée mondiale du travail décent. Cette année, c’est la 5e fois que cette journée est célébrée au Togo et c’était le dimanche dernier.
 
Au niveau du syndicat des journalistes indépendants du Togo (SYNJIT), nous avons marqué cette date par la publication d’une déclaration dans laquelle, nous sommes revenus sur les conditions de travail des journalistes employés dans le secteur privé au Togo.
 
Nous avons déploré par exemple que la grande majorité des journalistes ne soient même pas payés au SMIG (salaire minimum interprofessionnel garanti) qui est fixé à 35.000 F CFA. Nous constatons qu’il n’y a pas de protection sociale garantie aux journalistes, qu’il n’y a pas de contrat avec les organes, bref, dans les organes de presse, les journalistes évoluent dans une situation bizarre ce qui fait que le travail devient de plus en plus précaire et c’est pour cela que nous avons voulu dénoncer cette situation dans notre déclaration à l’occasion de la journée internationale du travail décent.
 
Afreepress : Quelles solutions préconisez-vous alors pour que les journalistes puissent vivre décemment de leur travail quand au même moment on sait que les organes de presse eux-mêmes ont du mal à joindre les deux bouts ?
 
Maxime DOMEGNI :C’est toujours la même plainte qu’on nous présente : « il n’y a pas de recettes, les organes de presse n’ont pas de ressources financières, ils ont du mal à faire des recettes pour payer les journalistes conséquemment donc il est très difficile de bien traiter ces journalistes ».
 
Nous trouvons que ce n’est pas une raison. La loi dit qu’il faut bien traiter les employés, qu’il ne faut pas payer un employé en deçà de 35 000 F CFA. La question qui se pose est de savoir si les patrons de presse ne peuvent pas faire des efforts pour améliorer les conditions de leurs employés ?
 
Ils peuvent le faire et c’est justement parce qu’ils ne font pas ces efforts qu’on a parfois l’impression que les patrons se contentent de la situation, qu’ils ne sont pas préoccupés par la situation.
 
Pourvu que leurs entreprises marchent, c’est tant pis de ce qui peut arriver aux journalistes. Nous pensons qu’il y a même beaucoup d’efforts à faire au niveau des patrons et en terme d’organisation pour voir comment rendre le secteur rentable. Eux aussi doivent en avoir pour leur famille et dégager une part suffisante pour prendre en compte les journalistes afin qu’on ait des conditions décentes de travail.
 
Donc face à ces insuffisances, nous sommes en train de mettre la pression pour que les patrons se préoccupent de la situation et arrivent à s’organiser pour prendre en compte la situation de leurs journalistes afin que le secteur soit viable et c’est là, un point très important.
 
De l’autre côté, nous sommes en train de travailler avec nos partenaires pour voir comment ils peuvent nous accompagner dans ce lobbying afin d’arriver à une situation où les journalistes vivent décemment.
 
Ceci pourra se faire par exemple par la reprise des négociations entreprises autour de la convention collective, négociations qui ont été suspendues il y a plus d’un an maintenant. Nous pensons que c’est cette convention collective qui peut nous mener vers la définition d’un cadre de collaboration plus acceptable entre les patrons et les journalistes. Les points essentiels de cette convention porteront sur les salaires, les congés, les primes et avantages. Voilà comment nous pensons le problème et voulons aider à l’amélioration des conditions de travail des journalistes.
 
Afreepress : Il y a des journalistes qui sont des employés de médias internationaux et qui sont bien payés. Le SYNJIT n’est-il pas en train de faire et de défaire son travail quand on sait que ces médias pourraient revoir à la baisse les salaires de ces journalistes quand ils sauront qu’au Togo, les hommes de médias sont peu ou prou payés ?
 
Maxime DOMEGNI : Non pas du tout, un média qui se dit international a un traitement standard qu’il applique à ses correspondants. Ils ne peuvent pas revoir à la baisse le traitement de leurs correspondants à Lomé.
 
Nous travaillons plutôt pour harmoniser ce que nous faisons ici avec ce qui se fait ailleurs, et c’est ça notre combat. Nous n’avons donc aucune crainte que cela va influencer négativement le traitement de nos confrères qui sont des correspondants auprès de médiats internationaux.
 
Afreepress : La presse togolaise a recensé beaucoup de mauvaises nouvelles au cours de la semaine écoulée. Outre le décès de la femme du Directeur de publication du journal le Changement, nous avons appris le décès du Directeur de publication du journal Agni l’Abeille, un journaliste est également hospitalisé actuellement et n’a pas les moyens pour ses soins. Que suscitent en vous tous ces évènements malheureux ?
 
Maxime DOMEGNI : C’est une pile de mauvaises nouvelles que nous avons apprises. Tout cela montre à quel point ça ne va pas dans notre secteur de métier.
 
Pour le cas du directeur du journal Agni l’Abeille, Dieu seul sait combien de fois il a eu besoin de moyens depuis 2006 pour ses soins, mais il n’en a pas eu. Vous parlez également du confrère Samuel ASSAN qui est hospitalisé et limité financièrement, mais qui doit être opéré d’urgence.
 
Tout cela n’est que la résultante du manque d’organisation et de la précarité dans laquelle nous vivons. Et pourtant si nous nous organisons mieux, il y a des moyens quelque part au Togo ou dans le monde pour nous aider. Nous devons nous mobiliser pour créer des fonds de solidarité, des mutuels de santé, d’assurance maladie…. Pour éviter ces genres de problèmes.
 
J’ai l’impression aussi qu’on se plait dans cette situation de précarité et de manque d’organisation or nul n’est à l’abri du danger, nous côtoyons quotidiennement des risques.
 
La preuve, nous couvrons des manifestations à motos ou à pied. Nous sommes tabassés, on nous crée des ennuis. Nous devons donc être plus préoccupés par cette situation et nous prendre rapidement en charge en nous dotant de structures qui puissent nous venir en aide lorsque ces situations de maladies, d’accidents ou de décès viennent à se présenter.
 
C’est notre rôle de mener le leadership pour drainer les autres vers nous et pour avoir des mécanismes qui puissent se déclencher automatiquement dès que nous avons de ces cas de figure.
 
Afreepress : Un journaliste a été agressé le 5 octobre dernier sur un lieu de reportage. Le SYNJIT, votre syndicat a réagi à travers un communiqué condamnant l’agression. Combien de journalistes ont-ils été victimes d’agressions au cours de cette année et qu’est ce que le SYNJIT fait pour sensibiliser les forces de l’ordre, les organisateurs de manifestations sur la nécessité de protéger les journalistes sur des terrains de reportage ?
 
Maxime DOMEGNI : Malheureusement nous n’avons pas encore de statistiques sous la main concernant les agressions des journalistes. Mais ce que nous savons c’est que les agressions sur les journalistes deviennent répétitives dans notre pays.
 
C’est-à-dire qu’on trouve banal de donner un coup de poing, un coup de matraque à un journaliste. N’importe quel individu se lève aujourd’hui pour agresser des journalistes. Le cas d’ATAYI Ayi, de Noel TADEGNON sont des exemples tous frais dans les mémoires, bref c’est une situation qui se banalise et se généralise.
 
Auparavant nous dénoncions la situation et alertions nos partenaires locaux ou internationaux sur la situation. Mais nous ne voulons plus rester à l’étape de dénonciation, nous voulons prendre des initiatives pour prévenir en sensibilisant les gens pas seulement les forces de l’ordre, mais tout le monde sur la nécessité de protéger le journaliste sur le lieu de reportage que de chercher à l’abattre ou le molester. En agressant un journaliste, on oublie qu’on porte un coup dur à la liberté de presse.
 
Lorsque nous ouvrons nos radios ou télévisions à 20 h, ce sont les journalistes qui font le travail malgré tous les risques, pour nous informer. Donc nous devons sensibiliser les gens sur la nécessité de protéger les journalistes.
 
Nous avons une toute batterie de mesures que nous prendrons dans les jours à venir pour accentuer cette sensibilisation.
 
afreepress
 

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