Le jeudi 28 et le vendredi 29 juillet prochains ne devraient pas ressembler aux autres. Et pour cause, c’est sur ces jours que la Fédération syndicale des travailleurs des transports du Togo (Fesytrat) et la Fédération des travailleurs du bois et de la construction (Ftbc) ont appelé leurs membres et toute la population togolaise à observer une grève d’avertissement, suite à la hausse scélérate des prix des produits pétroliers par le gouvernement.

 
En effet le 14 juillet dernier, le gouvernement Gilbert Fossoun Houngbo assenait le énième coup de massue sur la tête des Togolais en augmentant encore les prix des produits pétroliers, la seconde hausse en l’espace de six (06) semaines. En tout une augmentation de près de 10 %, sans mesure d’accompagnement cette fois-ci. Et, comme à chaque fois, le prétexte brandi est l’augmentation du coût du baril de pétrole sur le marché international. Argument que les organisations syndicales ont balayé du revers de la main. Le baril était à 95, 52 dollars US le 14 juillet au moment de l’augmentation contre 101 dollars US en juin dernier, et le dollar n’a pas cessé de chuter, chantent en cœur les syndicats.
 
Deux fédérations syndicales ont pris leurs responsabilités, devant la démission manifeste des syndicats traditionnels, Cgtt, Istt, Cstt, Cntt. Il s’agit de la Fesytrat, comprenant quatorze (14) syndicats de base issus tant du transport terrestre, maritime qu’aérien et des activités connexes, et de la Ftbc. Les deux organisations étaient en assemblée générale extraordinaire mercredi dernier pour plancher sur la situation indue par cette hausse inique. Du côté des transporteurs, la colère était beaucoup plus palpable du fait qu’il leur est demandé de ne pas faire répercuter cette augmentation sur les tarifs des transports alors que les deux cumulées avoisinent les 10 %. Les deux organisations qui appelaient toutes deux dans leurs déclarations le gouvernement à revenir sur sa décision, à revoir la structure des prix en élaguant certaines taxes, entre autres, avaient donné jusqu’à demain mercredi au gouvernement pour donner suite à ces exigences et réitéré qu’au cas échéant, elles se réservent le droit d’observer une grève d’avertissement de quarante-huit (48) heures. C’est pour une unicité et l’efficacité de leurs actions que ces deux structures ont lancé le mouvement sur le même jour. Et à l’allure où vont les choses, le débrayage est inévitable, puisque le gouvernement, comme d’habitude autiste face aux revendications des populations, n’a pas donné suite à ces doléances.
 
Ces appels ont eu échos favorables au sein de la classe politique, même si ses composantes ne se bousculent pas comme cela se doit pour soutenir l’initiative. Le Front républicain pour l’alternance et le changement (Frac) lors de son traditionnel meeting samedi dernier à la plage a clairement apporté son aval et appelé ses militants, sympathisants et toute la population à observer le mouvement. « Soyons nombreux et déterminés du côté des syndicalistes pour faire entendre raison à ces voleurs», lançait le patron du Parti des Travailleurs Claude Ameganvi à la foule. Et à Jean-Pierre Fabre de renchérir : « Ces syndicalistes ont besoin de notre soutien pour réussir leur manifestation, tout comme nous également aurons besoin d’eux dans l’accomplissement de nos stratégies à venir ». Le parti des Travailleurs a lancé individuellement hier un appel à ralier le mouvement. C’est aussi le cas de l’association pour le bien-être juvénile (Abej) de Guillaume Coco.
 
Certains partis politiques de l’opposition ont-ils l’indignation sélective ? C’est bien l’impression qu’on a. Peut-être que des leaders en mal de popularité ont juste voulu se saisir de l’occasion pour se redorer le blason, mais c’est à l’unanimité que la classe politique a répondu à l’appel des étudiants tout dernièrement ; et on aurait bien voulu que le même entrain soit au rendez-vous, pour une cause beaucoup plus inclusive et générale que cette affaire d’augmentation des prix des produits pétroliers qui concerne toute la population, des étudiants aux corps habillés en passant par les militants de partis politiques, les paysans etc. Ce n’est malheureusement pas le cas. Mais n’empêche, à défaut de manifester bruyamment pour dénoncer cette arnaque officielle, comme en juin 2010 à la suite d’une augmentation, c’est une aubaine pour les populations pour se faire entendre. Et Dieu sait combien ils sont nombreux, ces Togolais à ruminer leur colère et à maudire Faure Gnassingbé et les siens, suite à l’augmentation du 14 juillet dernier. Respecteraient-ils le mot d’ordre jeudi et vendredi ?
 
La question reste posée quand on se rappelle l’indifférence affichée il y a quelques mois lorsque l’Association togolaise des consommateurs (Atc) et certaines organisations de la société civile appelaient les populations à observer 24 heures de débrayage et à rester chez soi. L’appel a été simplement boycotté alors qu’il visait à lutter contre la vie chère subie par tous sans exception. En tout cas cet appel est le énième test de responsabilité pour les Togolais. Un éventuel boycott sonnerait comme une acceptation des misères qui leur sont faites. Ils illustreraient fort bien l’attitude de ce malade qui hurlait de douleur, mais qui dit au docteur appelé à son chevet, qu’il ne souffre de rien. Et le moral des gouvernants ne s’en trouverait que dopé à continuer à prendre de ces mesures antisociales.
 
Tino Kossi
 
source : liberté hebdo togo

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