Les percepteurs de taxes de l’Inspection d’Assiette et de Contrôle (IDAC) située à Tokoin Gbadago n’oublieront pas de si tôt la journée d’hier. Car partis pour arraisonner les conducteurs de taxi-motos qui n’ont pas encore honoré le payement de l’impôt trimestriel qui leur est imposé par l’Etat, ils ont été chassés à coups de pierres par des jeunes qui disent en avoir assez d’une taxe qui, selon eux, n’a pas sa raison d’être. Pour eux, le gouvernement n’a pas tenu les promesses à eux faites.
 
« Nous ne voulons plus payer les impôts car l’Etat n’a pas tenu ses promesses ; il nous avait été promis une revue à la baisse du prix de l’essence suite à la dernière hausse, raison pour laquelle pendant près de dix mois, les percepteurs ne venaient plus nous pourrir la vie. Mais on ne sait ce qui est passé par la tête des gouvernants qui, sans avoir honoré la promesse faite, nous envoient encore les percepteurs. Le travail de conducteur de taxi-moto est déjà assez ingrat pour que les autorités en rajoutent », fulminait un conducteur rencontré parmi les frondeurs.
 
Ainsi, du carrefour de Gbadado jusqu’à la clôture de Tokoin Séminaire, la voie était interdite par les forces de l’ordre qui, à l’accoutumée, ont accouru pour charger les manifestants. Plus de dix fourgonnettes remplies des forces de l’ordre étaient stationnées dans la zone, fusil en bandoulière et grenades lacrymogènes au poing.
 
Un autre manifestant a accepté déballer son trop-plein d’amertume : « En plus d’avoir rétabli la perception des taxes alors que le prix de l’essence n’a pas été revu à la baisse, les hommes en treillis interdisent les vendeurs d’essence à la sauvette, ce qui ne fait que nous compliquer la tâche. Le gouvernement spolie la population et nous disons ça suffit ». Lorsque nous avons essayé de faire comprendre à certains frondeurs que l’argent des taxes sert à refaire les routes, ce manifestant s’est emporté : « Combien de routes ont été goudronnées dans cette ville et les gens crient partout que Lomé est goudronnée, dites-moi? Que le gouvernement aille jeter la poudre aux yeux des aveugles mais ce système ne marche pas avec nous. Visitez le pays et voyez tout l’argent dépensé dans la construction des directions régionales des impôts ; on ne dirait pas que c’est dans un pays où les gens mangent difficilement deux fois par jour. Quand nous verrons que l’argent des impôts sert à soulager la misère des gens, à promouvoir la bonne gouvernance et non à financer des campagnes d’un seul homme, alors nous payerons les taxes sans bruit ».
 
Un autre manifestant a relevé la cherté du prix des plaques d’immatriculation. Dans le temps, cela se faisait à 55.000FCFA mais tout d’un coup, il a été porté à 70.000 FCFA sans concertation préalable avec les premiers concernés, les conducteurs de taxi-motos. Une augmentation de 28% pour une population dont le Smig est de 35.000 FCFA, s’est-il plaint. « Mais si la direction des impôts continue à nous narguer, il y a un risque fort que le feu soit mis aux poudres. Ils ont intérêt à sortir toujours accompagnés des hommes en treillis sinon, comprenne qui pourra », a averti un autre.
 
A la direction de l’IDAC, M. Samuel Mouzou, Inspecteur des impôts à l’IDAC et dont la vitre arrière de son véhicule a été cassée, a bien voulu donner sa version des faits en expliquant leur plan de sortie et de travail. « Dans notre calendrier du mois de mai, nous avons fait en sorte que de mardi à vendredi nous sortions pour les véhicules de transport en commun et de marchandises et que le lundi, nous nous occupions des taxi-motos. Mais aujourd’hui, c’est mardi et comme hier était férié, nous sommes sortis aujourd’hui. Alors nos agents sont partis sur le terrain avec le gros véhicule qui sert à ramasser les engins dont les propriétaires n’ont pas encore payé et c’est là où ils ont commencé à recevoir des jets de pierres. Je crois qu’ils s’étaient préparés à chasser les agents. Malgré les dix agents des forces de l’ordre qui accompagnent nos agents, tout le monde a dû fuir devant la foule qui lançait les pierres. Certains ont pu regagner la direction et d’autres ont trouvé refuge dans le commissariat qui est au carrefour de Ramco. Certains de nos agents sont blessés et conduits à l’hôpital. Et à cet instant, je ne puis vous dire si nos agents ont pu ramener ou non des motos ». Prié de dire les raisons qui ont motivé la direction générale ou l’Etat à rétablir la perception des taxes chez les taxi-motos alors que pendant dix mois, cette taxe avait été suspendue suite à la hausse du prix du carburant, M. Mouzou a répondu qu’il était arrivé dans la boîte il y a moins de deux mois et qu’à ce titre, il se trouvait dans l’impossibilité de donner suite à cette question.
 
Un tour devant la direction, se passe de commentaires car les trois enseignes ont été prises pour cibles de même que d’autres vitres à la devanture. Il est à noter qu’un manifestant et au moins une moto ont été embarqués dans une fourgonnette de la Gendarmerie et dans laquelle avait pris place le Capitaine Agbenda. Quel sort serait réservé à ce pauvre qui a eu le malheur de se faire choper ? Il est constant qu’au Togo, pendant que le gouvernement semble préoccupé de se donner une image policée devant la face du monde, aucun dialogue franc n’est jamais entamé avec les différents couches sociales pour prévenir des grognes qui, chaque jour, prennent des proportions qui risquent d’échapper à tout contrôle.
 
Godson K.
 
liberte-togo.com
 

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