Voyage du président au Vatican et situation difficile des Togolais
 

 
Dimanche, a eu lieu au Vatican, petit Etat très riche d’Europe, la cérémonie de béatification du Pape Jean-Paul II. Ont pris part à  cette cérémonie, des  délégations venues de tous les coins du monde dont celle du Togo conduite par le premier responsable du pays. Et oui ! Faure Gnassingbé figurait au rang de ceux qui ont honoré de leur présence, la cérémonie de béatification  du plus grand Pape de ces dernières décennies. Mais voilà, pendant qu’il se payait un voyage tous frais compris au dos du contribuable, les travailleurs togolais  célébraient le 1er mai le ventre vide. Comme quoi, Faure ne gouverne que pour faire plaisir à Faure, et aucune dépense n’est de trop lorsqu’il s’agit de satisfaire les caprices de l’homme.

 
Le « fils de la nation » changera-t-il un jour dans sa façon de gouverner le pays ? Difficile de le dire. Dimanche était jour de fête pour les nombreux travailleurs togolais. Et comme à l’accoutumée, ils étaient dans les rues pour célébrer à leur manière l’événement et profiter de l’occasion pour soumettre aux autorités togolaises, leurs doléances, qui sont à n’en point douter, très nombreuses. A côté de ceux-ci, la situation du reste du peuple togolais est alarmante. Ils sont des centaines de milliers de citoyens togolais à ne plus pouvoir satisfaire à l’exigence des trois repas journaliers. Selon les chiffres officiels –à prendre avec des pincettes- plus de 80% de Togolais vivraient en-dessous du seuil de pauvreté. Ils doivent en réalité dépasser largement ce chiffre annoncé, à ne pas pouvoir satisfaire à leurs besoins primaires, surtout celui d’une alimentation digne.
 
Pendant que le peuple togolais faisait  face à ces énormes difficultés, le « prince de la nation» s’offre lui, des pérégrinations à travers le monde en prenant part à des cérémonies, qui de l’avis des observateurs, n’apportent rien aux caisses de l’Etat, mais au contraire les vident , du peu de ressources que les caciques du pouvoir ont, dans leur grande amabilité (sic), bien voulu laisser pour le fonctionnement de la République.
 
Il faut très vite lever l’équivoque, nul ne reproche au « fils de la nation » sa décision de prendre part à la cérémonie de béatification du Pape Jean-Paul II, une cérémonie présentée comme l’un des plus grands événements de notre siècle. En plus, personne ne saurait interdire au président national du Rassemblement du peuple togolais (Rpt) de jouer au globe-trotter comme il se plaît si bien à le faire. Faure Gnassingbé peut donc s’adonner à tous ses hobbies  pourvu que cela n’ait aucune incidence sur les caisses de l’Etat togolais. Et en la matière, il n’est pas du tout évident que ce soit le cas.
 
L’idée n’est pas en soi de jeter l’anathème sur  la participation de l’homme à la cérémonie de béatification du prédécesseur de Benoît XVI, un Pape qui aura marqué l’histoire de ce siècle de par son charisme et ses actions en faveur des pauvres et des déshérités. Cependant, la situation économique et les difficultés du Togo n’autorisent pas les gouvernants à certaines dépenses. Ce voyage valait-il la peine ? Voilà l’interrogation essentielle. Si Jean-Paul II avait été encore en vie, aurait-il conseillé au chef de l’Etat togolais d’effectuer ce périple en  mettant de côté le bien-être de son peuple ? C’est là où se situe la dénonciation des implications que ces genres de décisions ont sur les caisses de l’Etat togolais déjà très exsangues. L’essentiel avant l’agréable, dit-on.
 
Mais encore une interrogation, Faure Gnassingbé est-il réellement allé en terres italiennes pour seulement prendre part à la cérémonie de béatification de Jean-Paul II ? Pas si sûr. Quel Togolais ignore le goût immodéré de leur président pour le pays de Sylvio Berlusconi ?  Ne s’y rend-il pas souvent en catimini afin de déjouer la vigilance du vaillant peuple togolais qui avait entre-temps, dénoncé avec véhémence le gaspillage des fonds publics par le locataire du palais de la Marina pour ces voyages de prestige ?
 
Aujourd’hui, le Togo a encore assez d’effort à fournir pour satisfaire aux besoins primaires de sa population. Et dans cette entreprise qui s’annonce d’autant plus difficile, aucun centime n’est à négliger, y compris ces fonds gaspillés pour les voyages de prestige du « prince ». Ç’aurait été Nicolas Sarkozy, Barack  Obama et les chefs d’Etat de certains pays développés qui s’étaient payé ces voyages de prestige, qu’on n’aurait pas crié au scandale. Pour la simple raison que ces nations sont résolument engagées sur la voie du développement et du progrès. Mais cela devient intolérable lorsqu’il s’agit d’une nation qui régresse constamment en matière de lutte contre la pauvreté et peine à réaliser les Objectifs du millénaire pour le développement (Omd) en faveur de son peuple.
 
Peut-être qu’il  est allé au Vatican confesser ses… et profiter de la cérémonie de béatification pour se sanctifier. Sinon rien ne peut expliquer ces énormes gâchis alors que les travailleurs crient leurs ras-le-bol face à l’autisme des autorités devant leurs revendications.
 
De toutes les façons, les Togolais ne sauront jamais combien coûtent au trésor ces tournées et les nombreuses autres. Lorsqu’un fonctionnaire du ministère des Finances avait tenté de le faire, il a été très sévèrement puni. Comme quoi, aucun sacrifice n’est grand lorsqu’il s’agit de faire plaisir au « prince ».
 
Olivier A.
 
source: liberté hebdo

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